Comme disent les anglais; "There aint no such thing as a free lunch". Aujourd'hui encore, nos mendiants-pleurnicheurs de l'Union des Artistes (UDA) réclament des dizaines de millions en subventions du gouvernement pour aider la culture québécoise qui, disent-ils, se meure.
Étonnament, les nombreuses coupures effectuées dans le secteur ces dernières années et dont l'UDA se plaint constamment n'ont pas empêché le cinéma québécois de connaître ce qui est de loin la période la plus faste de son histoire, couronnée par l'Oscar de Denys Arcand et les nombreux succès récents au box-office d'innombrables productions locales.
Les chanteurs québécois connaissent du succès un peu partout à travers la francophonie et les différents palmarès des émissions de télévision les plus regardées au Québec dénombrent une majorité écrasante de productions d'ici au point où plusieurs concepts tout québécois ont été vendus à fort prix à l'étranger et même traduits dans certains cas pour un auditoire anglophone.
Si la culture québécoise se meure, on a rarement vu une aussi belle mort...
Pourtant, alors même que les créateurs d'ici font des pieds et des mains pour exporter leurs produits à l'extérieur des frontières québécoises, ils sont paradoxalement de plus en plus nombreux à exiger des mesures protectionnistes en matière culturelle, des dizaines de millions de dollars supplémentaires sous forme de subventions, le tout accompagné d'une panoplie de surtaxes supposément destinées à se compenser eux-mêmes pour le piratage de leurs créations qui, selon eux, est de plus en plus répandu. Un autre signe de succès...
Malheureusement pour eux, bien que l'idée de pouvoir vendre ailleurs tout en étant exempté de compétition chez soi semble bien attrayante, ça ne marche pas comme ça.
Le privé pourrait infiniment plus pour la culture que l'État. Tous ces musées de premier ordre qui poussent un peu partout en Alberta depuis le début du boom pétrolier en sont le meilleur exemple. Calgary est égalament en voie de ravir à Toronto le titre de capitale canadienne du théâtre. Tout ça sans aucune intervention étatique. Et on ne parlera même pas des États-Unis, qui n'ont jamais même jonglé avec l'idée de créer un ministère de la culture...
La réalité, c'est que tant et aussi longtemps que l'État se mêlera de culture et que la coterie artistique se complaira à vivre à ses crochets, le privé ne s'y intéressera pas. Tout le monde est donc perdant, sans oublier bien sûr, les très nombreux citoyens n'ayant rien à faire de cette culture subventionnée et donc aucun intérêt à la voir subsister à même leur argent.
Qu'en est-il du facteur "marché"?
La culture, quoiqu'en disent nos artisses, est une marchandise comme les autres. Sad but true. Et comme elle est largement subventionnée dans le cas du Québec, les politiciens ont le devoir de s'assurer que l'argent des contribuables ne soit pas investi dans des projets pseudo-culturels qui n'intéresseront personne d'autre que leurs auteurs. En d'autres termes, il faut que ça rapporte. Sinon, c'est une perte pour le contribuable alors que l'artiste n'est d'aucune façon tenu pour responsable de l'échec essuyé par sa création et du gouffre financier qui s'ensuit.
Voilà pourquoi, au grand dam de certains, les réalisateurs, chanteurs, producteurs et concepteurs ayant déjà quelques succès à leur résumé sont généralement favorisés "au détriment" de ceux qui n'en ont pas quand vient le temps de distribuer l'argent du public. Il serait irresponsable d'agir autrement et l'injection de fonds supplémentaires ne changerait rien à cette réalité. Parce que plus d'argent ne signifierait pas plus d'argent pour ceux qui n'en reçoivent pas mais bien pour ceux qui en reçoivent déjà.
C'est également la preuve que malgré le mirage que laisse présager cette omniprésence de l'État dans le domaine culturel, le marché, comme dans toute chose, joue un rôle central. Le marché, qui semble faire si peur à la colonie artistique, n'est rien de plus que la réaction et l'expression de la population dans son ensemble aux produits qu'elle nous présente. Si elle a confiance en ses talents et en ses moyens, le marché ne devrait pas lui faire peur.
Ceux qui se sentent lesés par cette réalité peuvent faire l'une de deux choses: la première est qu'ils nous foutent la paix et qu'ils aillent jouer ailleurs et la seconde, qu'ils fassent comme les créateurs des Têtes-à-claques, qui se sont fait foutre à la porte de tous les bureaux par où ils sont passés alors qu'ils tentaient de présenter et de vendre leur concept génial avant de le porter eux-mêmes devant le public et de connaître un succès phénoménal sur internet, qui ne tardera pas à faire d'eux des millionaires. And best of all, le tout sans aucune subvention.
La morale de cette histoire: culture et marché vont et iront toujours de pair, quoiqu'en dise l'UNESCO, Pierre Curzi et les éternels quêteux de l'Union des Artistes.
Laissons-nous, pour terminer, sur ses belles paroles de Jean-François Revel:
Actuellement, les cinéastes français réclament une sorte de protectionnisme audiovisuel qui donne lieu à une grande querelle dans notre pays. Il y a des José Bové du cinéma français qui voudraient surtout interdire le cinéma américain. Comme l'a fort bien montré Marc Fumaroli, l'art n'a jamais relevé intégralement ni du marché ni de la politique d'Etat qui, à l'état pur, donne le réalisme socialiste ou l'art aryen. Je suis désolé, mais je ne reconnais ni à M. Jack Lang, si fin soit-il, ni même à André Malraux l'infaillibilité en matière esthétique. Distribuer l'argent du contribuable à trois ou quatre personnes représente une responsabilité considérable. Il faut être sûr de ne pas se tromper, or cette certitude n'est jamais acquise. Il faut donc que la réaction du public, c'est-à-dire le marché, joue son rôle. Après tout, Matisse et Picasso n'ont jamais reçu de subventions. Leurs débuts ont été difficiles, jusqu'à ce qu'un certain nombre d'amateurs, qui n'étaient pas tous en France, du reste, loin de là, se rendent compte qu'ils avaient du génie. Mais ça a toujours fonctionné de cette manière.
[...] n'oublions pas que lorsque l'Etat intervient, c'est d'abord avec l'argent des contribuables, dont certains se fichent éperdument de la peinture, du cinéma ou de l'art lyrique. Doit-on les forcer à casquer alors qu'ils ne vont jamais à l'opéra, au prétexte qu'une minorité de gens s'intéresse à cet art ?
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