Déclaration de Point de bascule à propos de la plainte rejetée par la Commission canadienne des droits de la personne - un édito signé Jean-Jacques Tremblay
Le pourquoi de notre plainte
Si Marc Lebuis et Point de bascule ont porté plainte contre l’imam Al-Hayiti à la Commission canadienne des droits de la personne (CCDP), c’était avant tout pour démontrer que les membres de cette même commission ont beaucoup plus à voir avec l’activisme politique qu’avec l’impartialité du juge. Comme le refus d’enquêter la plainte le prouve, la CCDP, comme la plupart des commissions provinciales des droits de la personne, est pilotée par des individus en état d’ébriété idéologique avancé. Les membres de la CCDP, des anti-Occidentaux doctrinaires, témoignent en effet d’une faillite morale absolue. Jour après jour, ils mettent en pratique une vision du monde absolument grotesque, une vision qui a été façonnée ces dernières décennies dans les cénacles « académiques » les plus radicaux, là où des privilégiés, dégagés de toute responsabilité face au réel et portés par une incompréhensible haine de soi, ont progressivement donné une forme systématique à des aspirations en dernière instance irrationnelles, autoritaires, arbitraires, anti-libérales et hystériques.
La triste réalité des choses, c’est que la Commission canadienne des droits de la personne ne s’active tout simplement pas à faire appliquer les droits de la personne. Au contraire, elle détourne activement et constamment ces mêmes droits, et ce, de manière à s’acharner sur ce qu’elle a déclaré être ses ennemis. La CCDP, détraquée, n’est aujourd’hui rien de moins qu’un projet politique surréaliste visant à imposer une notion du « Bien » qui s’oppose résolument au sens commun, aux traditions libérales ainsi qu’à la définition même de la sagesse. La CCDP, au final, gère les plaintes qu’elle reçoit selon qu’elles sont utiles ou non à la réalisation de ses ambitions politiques radicales. La Commission n’est pas un organisme impartial, c’est un bureau d’ingénierie ethnique, religieuse et sociale aux comportements absolutistes, sélectifs et illogiques.
La vérité, c’est que s’il y a un lieu où la CCDP devrait enquêter, eh bien ça serait avant tout dans ses propres bureaux. La CCDP pratique en effet la discrimination à une échelle rarement vue, persécutant le moindre plouc surpris à faire l’éloge de son chapelet en sirotant un thé à la menthe, et s’attaquant au moindre quidam ayant oublié de mentionner que le Coran n’est rien de moins qu’un véritable tapis de roses. Définitivement, la Commission est atteinte de relativisme culturel radical, d’ethno-différencialisme forcené et de racialisme éhonté. Ayant transcendé les fondements mêmes du libéralisme politique et juridique, elle agit tout simplement comme si les individus n’étaient pas, au Canada, égaux en droit. Les plaintes qui lui sont adressées sont ainsi jugées selon le style vestimentaire et l’orientation politique et religieuse des acteurs concernés, et non pas selon la teneur de leur contenu. Alors que tout ce qui est occidental peut être bafoué, persécuté et discriminé, tout ce qui est moindrement exotique, et surtout islamique, obtient les coudées franches pour proférer des insanités haineuses envers la majorité et les autres minorités, de même que pour poursuivre et harceler gratuitement quiconque a commis le crime de ne pas avoir un poster de Yasser Arafat dans son salon ou encore de ne pas avoir nommé un imam « modéré » sur le conseil d’administration de sa PME familiale.
L’imam Al-Hayiti
Pur produit d’idéologies politico-religieuses étrangères, l’imam salafiste montréalais Al-Hayiti est un islamiste radical homegrown, qui aspire à suivre à la lettre les commandements divins du Coran. Il fait ainsi la promotion d’un islam rigide, pur, orthodoxe, littéral et rigoriste. Tous les propos haineux énoncés par Al-Hayiti et dénoncés par Point de bascule se retrouvent aussi texto dans les livres saints de l’islam. Au final, Al-Hayiti ne s’est retrouvé dans l’eau chaude que parce qu’il a pris le risque d’enregistrer et d’écrire en français des assertions que plusieurs imams d’ici se contentent sagement de prononcer à la mosquée. L’imam Al-Hayiti se démarque ainsi parce que, contrairement à de nombreux collègues, il a pris la décision de se médiatiser dans une langue que l’on peut comprendre. Et contrairement à d’autres qui, à travers de sinueuses arabesques, soutiennent à peu près les mêmes positions, Al-Hayiti est particulièrement franc et direct, ce qui pour Point de bascule en faisait le moyen parfait pour révéler au grand public les méthodes on ne peut plus douteuses de la CCDP.
Il est à noter que Point de bascule ne souhaite pas, en dernière instance, que la CCDP fasse dorénavant mieux son travail de censeur. Nous ne souhaitons pas ré-éduquer la CCDP. Tout simplement, nous souhaitons qu’on enlève à cette institution les pouvoirs de censure qui lui sont accordés (article 13). Ces pouvoirs, en eux-mêmes beaucoup trop flous et étendus, deviennent en effet absolument aberrants et inacceptables quand ils se retrouvent dans la boîte à outils d’activistes en mission. Au final, le rejet de la plainte de Point de bascule témoigne d’une seule chose : de la nécessité de réduire radicalement le champ d’action de la CCDP, un organisme désaxé à tous les niveaux.
CCDP : le fond de la patente
Si les membres de la CCDP ont accepté de faire le boulot qu’ils font, c’est probablement un peu pour le caviar, mais c’est assurément beaucoup pour le plaisir d’œuvrer à l’avancement d’un agenda politique, le leur, qui est celui de ré-éduquer les majoritaires à coups de bâton, et ce, en faisant fi de leurs droits et libertés les plus fondamentaux. Si les membres de la CCDP ont refusé d’enquêter la plainte de Marc Lebuis, ce n’est pas, malgré leur rhétorique, parce qu’ils ne croyaient pas que les propos de l’imam Al-Hayiti étaient bel et bien haineux. Tout simplement, les membres de la CCDP ne percevaient pas la plainte de Marc Lebuis comme étant compatible avec leurs propres intérêts politiques. En réalité, la CCDP ne travaille pas vraiment à protéger les droits de la personne. Ses membres ne souhaitent qu’une chose : s’acharner sur les majorités. C’est leur projet, c’est leur idéal politique. Voilà tout. La CCDP, des tonnes d’exemples le prouvent, ne fait que travailler à exaucer les vœux politiques radicaux de ses membres et partisans, des vœux qui par ailleurs semblent entièrement compatibles avec ceux de la mouvance islamiste/islamique. Un vrai petit club privé.
Islamisme et liberté d’expression
Et soulignons qu’au bout du compte, les problèmes sociaux et politiques causés par l’islam, une tradition religieuse qui secrète naturellement et organiquement ce qu’on appelle l’islamisme, ne se régleront pas à travers la multiplication de comités de censure même impartiaux, ou encore grâce à un État qui assumerait enfin son rôle de directeur de conscience. Au contraire, l’idéologie islamiste se déplaçant bien évidemment à dos d’homme, la solution à cette problématique concerne étroitement l’orientation de nos politiques d’immigration, et repose en dernière instance sur la volonté et la capacité des principaux acteurs de notre société d’assumer ouvertement et fièrement les valeurs et les traditions occidentales qui ont permis de faire de ce bout de continent un des endroits les plus vivables et les plus authentiquement tolérants au monde.
La liberté d’expression est une valeur fondamentale de l’Occident libéral, et le fait même qu’elle puisse être niée à des islamistes radicaux serait, en quelque sorte, une victoire pour tous ceux qui souhaitent saper les fondements de la démocratie et du libéralisme politique. De même, la censure et la répression institutionnelle tendent à donner une légitimité plus ou moins grande à ceux qui en sont victimes, même s’ils le méritent. Tant qu’à être plongés dans la situation débile qui est malheureusement la nôtre, mieux vaut, en dernière instance, des imams qui disent des folies en public que des imams qui disent les mêmes choses à l’ombre de leurs mosquées, cette fois à l’abri du regard public. Les propos de l’imam Al-Hayiti ne sont que le symptôme d’un problème beaucoup plus profond, un problème qui commence avec le fait même qu’il ait ici des fidèles, et qui s’étend jusqu’à notre incapacité chronique à affirmer nos propres valeurs, et ce, même devant la bestialité la plus virulente.
En conclusion
Les dires de l’imam Al-Hayiti étaient, hors de tout doute, les propos les plus haineux et méprisants qu’un individu puisse tenir. Ils incitaient de plus, d’une manière pratiquement directe, à la violence. Mais au fond des choses, le problème, ce n’est pas qu’Al-Hayiti puisse ou non dire ce qu’il a dit. Le véritable problème, c’est qu’Al-Hayiti puisse le dire alors que d’autres se sont déjà fait condamner ou harceler par la CCDP pour des propos beaucoup plus anodins. En refusant de même enquêter la plainte de Point de bascule, la CCDP s’est définitivement enlevée d’elle-même le droit moral de censurer et d’enquêter, à l’avenir, à peu près tout ce qu’elle a déjà censuré et enquêté par le passé. Car côté « discours haineux », la CCDP agit définitivement avec la logique du deux poids deux mesures, taxant de haineux les discours les plus bénins tout en exonérant les discours les plus haineux, et ce, selon les intérêts de sa vision du monde absolument tordue. Et si une chose est certaine, c’est qu’à la Commission canadienne des droits de la personne, tous les moyens semblent être bons pour arriver à ses fins.
Soulignons en passant, pour conclure, la proposition d’Ezra Levant : « Fire. Them. All. ». Eh oui ! Pourquoi pas… Ils n’auront qu’à aller enseigner la sociologie. La CCDP est une nuisance. C’est un organe d’épuration, aux critères étranges, qui mène, au frais du contribuable, sa propre guerre idéologique.
20081219
Deux poids, deux mesures
20070704
La tête dans l'c...

La tête dans le sable
Richard Martineau
03/07/2007
Vous avez vu ce qui s'est passé à Londres...
Et pendant ce temps-là, il y a encore des gens qui affirment que la guerre contre le terrorisme n'a aucun fondement...
Bien tiens.
Selon ces pacifistes angéliques, on devrait "négocier" avec les Islamistes.
Négocier quoi? Ils ne veulent rien savoir de la négociation, ce qu'ils veulent, c'est détruire les valeurs occidentales, et imposer une théocratie à l'échelle mondiale.
Méchante base de négociation!!! On négocie quoi, avec des illuminés pareils? Et avec qui?
Vous pensez vraiment que "solutionner" le conflit palestinien va tout régler? Si oui, donnez-moi le numéro de téléphone de votre pusher, il vend du maudit bon stock...
Les islamistes se foutent de la Palestine et d'Israël, leur combat n'a rien à voir avec la géopolitique internationale, c'est un combat religieux.
Vous pensez que le Canada est à l'abri d'un attentat terroriste? Si oui, vous rêvez.
Cela dit, je suis sûr que si demain, une bombe explosait à la Place Ville-Marie et faisait des centaines de morts, la majorité de Québécois blâmeraient... Stephen Harper!
"C'est sa faute, il n'avait qu'à retirer les troupes canadiennes d'Afghanistan..."
De toute façon, quoi qu'il arrive, c'est la faute des Américains et de Stephen Harper...
Comme l'écrivait la "bachelière de l'UQAM" qui a publié une lettre ouverte au Devoir, la semaine dernière: "Les talibans sont l'ennemi des États-Unis, ils ne sont pas l'ennemi du peuple afghan..."
Bien tiens!!!!!
Et lâchez-moi le pétrole, bordel! Chaque fois qu'on parle de la guerre au Moyen-Orient, il y a toujours quelqu'un pour nous dire: "Les Américains font la guerre seulement pour le pétrole..."
Et Ben Laden, il ne s'intéresse pas au pétrole, lui? Il s'en fout, de l'argent du pétrole? Ça ne l'intéresse pas?
Le pétrole n'intéresse que les "méchants" Américains?
Vous pensez vraiment que les islamistes ne pigent pas également dans le "pot" de l'or noir? Qu'ils ne financent pas leurs opérations avec le fric provenant du pétrole? Qu'il n'y a que nous qui nous intéressons à l'énergie fossile?
Que les terroristes musulmans sont au-dessus de tout ça?
Eh oui, les Américains protègent leurs intérêts!!!! Et alors? C'est le propre de TOUTES les nations. TOUTES les nations protègent leurs intérêts et les intérêts de leurs citoyens!
Dieu que les gens sont naîfs, parfois...
Ils voudraient que le monde ressemble à un livre pour enfants, un épisode de Passe-Partout, "il suffit de dialoguer pour tout régler, la violence c'est pas beau, tout le monde veut le bien de tout le monde", etc.
Réveillez-vous!!! Des gens veulent VOTRE mort. Votre mort et la mort de vos proches. Pas pour vos idées. Pour ce que vous êtes, pour ce que vous représentez, parce que pour eux, vous êtes de la vermine, de la merde, vous incarnez le péché...
Ce sont des fascistes!!!! Le fait qu'ils brandissent le Coran plutôt que Mein Kempf ne les rend pas plus humains...
20070626
Euuuh...
La révolution Marois est-elle possible? Le PQ deviendra-t-il un peu plus réaliste, à l'image des Démocrates américains, des Socialistes français et des Travaillistes britanniques?
"Réalistes", les socialistes français, hein...
Quelqu'un devrait lui dire que le Parti socialiste français est non seulement toujours foncièrement marxiste mais qu'il a dirigé la France en coalition avec le Parti communiste (gauche totalitaire) de 1997 à 2002...
Le PS a non seulement refusé obstinément toute évolution vers le blairisme ou toute autre forme de troisième voie jusqu'à ce jour mais il est probablement le seul parti de gauche "mainstream" en Occident à être plus sclérosé et passé date que le PQ...
Sérieusement... Les socialistes français ont le même programme électoral depuis mai '68.
Pour ce qui est des démocrates américains, ils sont plus à droite que l'UMP...
Même Dennis Kucinich ferait passer Sarkozy pour un gauchiste...
20070625
Multiculturalisme à sens unique
La récente acquisition, par des investisseurs de la communauté musulmane, d'un complexe immobilier touristique à Saint-Adolphe-d'Howard, dans les Laurentides, inquiète les autorités de la municipalité.
En effet, les responsables de la petite ville craignent que l'achat de l'hôtel Miramont, au coût de 3,5 millions de dollars, n'entraîne la ghettoïsation des lieux. L'hôtel pourrait être transformé en centre de séjour pour la communauté musulmane.
« Honnêtement, nous croyons qu'il y aurait cette inquiétude de voir arriver cette communauté qui pourrait ne pas s'intégrer à la communauté de Saint-Adolphe et faire en sorte qu'on ghettoïserait ce complexe, » dit Michel Binette, directeur général de la municipalité de Saint-Adolphe-d'Howard.
Source: Radio-Canada
Maaaaaaaaaais non! Voici la vraie dépêche:
Quelle menace à l'identité québécoise des braves gens de Saint-Adolphe-d'Howard que de voir ces effroyables membres de la juiverie hassidique investir des millions dans leur misérable patelin paumé où la moitié de la population doit vivre des chèques d'aide sociale!La récente acquisition, par des investisseurs de la communauté juive hassidique, d'un complexe immobilier touristique à Saint-Adolphe-d'Howard, dans les Laurentides, inquiète les autorités de la municipalité.
En effet, les responsables de la petite ville craignent que l'achat de l'hôtel Miramont, au coût de 3,5 millions de dollars, n'entraîne la ghettoïsation des lieux. L'hôtel pourrait être transformé en centre de séjour pour la communauté juive hassidique.
« Honnêtement, nous croyons qu'il y aurait cette inquiétude de voir arriver cette communauté qui pourrait ne pas s'intégrer à la communauté de Saint-Adolphe et faire en sorte qu'on ghettoïserait ce complexe, » dit Michel Binette, directeur général de la municipalité de Saint-Adolphe-d'Howard.
Source: Radio-Canada
Imaginez si le directeur-général de Saint-Adolphe-d'Howard avait tenu des propos semblables vis-à-vis la communauté musulmane. Il aurait probablement déjà une demi-douzaine de poursuites sur le dos... L'Assemblée nationale aurait sans doute convoqué une session d'urgence pour condamner les propos hérétiques.
Parce que voyez-vous, le mutliculturalisme, cette dérive post-moderne putréfiée, vous permet de faire n'importe quoi n'importe où et sous n'importe quel prétexte à condition de n'être ni blanc, ni chrétien, ni juif.
Entre vous et moi, quand avez-vous vu un juif se plaindre ou quémander quoi que ce soit..?
La réalité, c'est que le Québec n'aime pas les juifs. Le Québec est antisémite.
La rhétorique si chère à nos gauchistes amis-de-tous-les-peuples, si prompts à dénoncer l'amalgame musulman=terroriste, ne s'applique pas aux juifs. Avec les juifs, les généralisations sont permises. En fait, rien ne passe. Avec les juifs, TOUT est No Pasaran!
Qu'une minorité croissante de musulmans occidentaux appuient le terrorisme, who cares? Que 2 ou 3 juifs hassidiques demandent au YMCA de givrer ses vitres, No Pasaran!
Que des terroristes palestiniens tuent impunément au Liban, who cares? Que Tsahal bombarde les repaires islamistes et l'arsenal de mort du Hezbollah, No Pasaran!
Que des islamistes radicaux donnent des conférences dans nos universités, who cares? Qu'un ancien premier ministre israélien fasse la même chose, No Pasaran!
Que le gouvernement subventionne les écoles privées grecques, who cares? Qu'on accorde le même traîtement aux écoles privées juives, No Pasaran!
Que le gouvernement laisse Greenpeace lui dicter ses projets de loi, who cares? Que le chef de l'opposition partage un repas apolitique avec des membres de la communauté juive, No Pasaran!
Que Saïd Jaziri, l'islamiste-chouchou des médias montréalais demande un terrain gratuit et 25 millions en fonds publics pour l'érection d'une mosquée en plein centre-ville en PPP avec des suppôts du wahhabisme saoudien, who cares? Que des juifs désirent INVESTIR 3,5 millions de LEUR ARGENT pour s'offrir un domaine privé, No Pasaran!
Le Québec, terre autoproclamée de la Tolérance et du Respect de l'Autre empeste l'antisémitisme. Il schlingue le racisme anti-juif à plein nez. Cette face de moins en moins cachée du Québec, exprimée sous le couvert d'un simulacre de fierté nationale et de défense d'une culture à l'agonie, est franchement à vomir.
NO BLOOD FOR [insérez excuse ici]!
Achale-moé pas, sti...
L'isolationnisme québécois
André Pratte
La Presse 23/06/2007
ISOLEMENT - Absence d'engagement avec les autres nations.
Selon un sondage publié cette semaine par le Journal de Montréal, 70% des Québécois s'opposent à la participation des soldats de Valcartier à la mission canadienne en Afghanistan. En 1942, 71% des Québécois votaient contre la conscription visant à combattre Hitler en Europe. Des pourcentages identiques, le même refus massif de la guerre, refus maintes fois répété au cours de notre histoire. Plusieurs y voient la preuve d'un pacifisme profondément enraciné. En réalité, il s'agit d'une attitude bien moins glorieuse: l'isolationnisme. La plupart des Québécois ne veulent pas être mêlés à ce qui se passe hors de leur patelin, du moins du point de vue militaire, et trouveront une foule de prétextes - le journaliste Jean-Charles Harvey parlait de «paravents» - pour couvrir cette indifférence d'un vernis de vertu.
Il y a 65 ans, alors que l'Allemagne occupe plusieurs pays d'Europe, dont notre mère patrie, que de Gaulle appelle le monde à l'aide, l'économiste François-Albert Angers écrit: les Canadiens français «ne sont nullement intéressés à se mêler aux querelles des grandes puissances». C'est clair.
Les Québécois ont la guerre en horreur, comme tous peuples sains d'esprit. Nous nous opposons aux guerres injustes ou aux motifs purement géopolitiques, ce en quoi nous avons mille fois raison. Nous imposons donc nos conditions. En particulier celle-ci: toute mission armée canadienne devrait se faire dans un cadre multilatéral, avec l'aval de l'ONU. Bravo!
Justement, la mission de l'OTAN en Afghanistan a été approuvée par le Conseil de sécurité des Nations unies. Oups... Il nous faut justifier notre opposition par d'autres arguments. Dans Le Devoir, un pacifiste déplore «le changement du rôle international des Forces canadiennes vers des opérations guerrières en partenariat avec l'armée états-unienne». Pourtant, il est évident que la mission en Afghanistan n'est pas la chose des États-Unis. Trente-sept pays ont envoyé des troupes dans ce pays: dont la France (suppôt de Washington, comme on le sait...), l'Italie, l'Espagne, les Pays-Bas, la Suède, l'Allemagne, le Danemark, la Turquie... Tous ces pays enverraient tuer leurs jeunes juste pour faire plaisir à W.?
Les Québécois bien-pensants souhaitent que les pays riches envoient des troupes au Darfour pour mettre fin aux tueries là-bas. Mais que diraient-ils le jour où cette mission, tout aussi complexe que celle d'Afghanistan, s'embourberait? Le jour où nos soldats s'y feraient tuer? Ils dresseraient un nouveau paravent.
La même élite déplorait qu'on fasse la sourde oreille aux appels désespérés du général Roméo Dallaire, au Rwanda. Or, c'est elle aujourd'hui qui tourne le dos au même Dallaire lorsqu'il rappelle: «La responsabilité internationale, ce n'est pas seulement donner de l'argent pour le développement international. C'est aussi des sueurs, des grincements de dents et, parfois, le sang de nos jeunes.»
Pacifistes, les Québécois? En effet: peu importe la gravité de ce qui se passe sur la planète, ils veulent qu'on leur fiche la paix.
20070617
Economic Retard
Le retard économique du Québec
Claude Séguin
Le Devoir
samedi 16 juin 2007
Le Québec se situe parmi les sociétés les plus prospères du monde. Cependant, par rapport à ses voisins, canadiens ou américains, le Québec affiche les résultats parmi les plus bas quant à sa prospérité évaluée par son produit intérieur brut (PIB) par habitant.
En comparaison avec ses voisins canadiens, le Québec continuait en 2004 d’afficher un écart de prospérité de 16 %, ou 6300 $ par habitant. Cet écart existe depuis longtemps. Il était de 2000 $ (12 %) en 1961 et de 5500 $ (18 %) en 1985. Il n’est donc pas lié à une conjoncture exceptionnelle mais plutôt à des facteurs qui sont à l’oeuvre de façon systématique depuis des décennies.
L’enjeu est de taille. Si le Québec affichait une prospérité par habitant équivalente à celle de ses voisins canadiens, les ménages québécois pourraient compter sur une augmentation de leur revenu disponible (après impôts) de 8500 $, soit un gain de plus de 15 %. Les divers ordres de gouvernement au Québec verraient leurs recettes augmenter de plus de 18 milliards de dollars, ce qui va bien au-delà de toutes les estimations du fameux déséquilibre fiscal.
Il est donc opportun de se demander comment on pourrait refermer cet écart de prospérité. Une bonne façon de déblayer le terrain est de tenter d’expliquer quelles sont les composantes de cet écart pour ensuite s’interroger sur des mesures qui pourraient infléchir leur tendance.
Nous utiliserons une méthodologie que l’Institut de compétitivité et de prospérité de Toronto a développée pour analyser l’économie ontarienne et, par la suite, l’économie canadienne. Elle décline les composantes du PIB pour attribuer l’écart total remarqué entre les divers facteurs qui entrent dans sa composition.
Ainsi, notre mesure de prospérité (le PIB par habitant) se compose d’un volet productivité et d’un volet main-d’oeuvre. La combinaison du travail de la main-d’oeuvre présente sur le territoire donné et des outils de production à sa disposition va se matérialiser en production de biens et de services.
Lorsqu’on applique cette méthodologie à la comparaison du Québec avec ses voisins canadiens, on arrive aux conclusions suivantes.
L’écart de prospérité de 6300 $, remarqué en 2004, s’expliquait par des facteurs de productivité équivalents à 2400 $, soit 38 % de l’écart, et par des facteurs de main-d’oeuvre correspondant au solde de 3900 $, soit 62 %.
En analysant les facteurs de productivité, on constate d’abord que le manque à gagner du Québec ne vient pas de sa structure industrielle. La composition de l’activité économique au Québec est moderne et tournée vers l’exportation. On pourrait cependant accroître son efficacité, ce qui ajouterait 1000 $ par habitant, si le Québec affichait le même degré d’efficacité que ses voisins.
On constate aussi que, depuis longtemps, le Québec investit systématiquement moins que ses voisins en capital destiné à accroître la productivité (machinerie, équipement et logiciels). Cela explique 500 $ de l’écart par habitant.
Le degré d’éducation moindre des Québécois explique quant à lui 900 $ de l’écart total. En effet, si la main-d’oeuvre québécoise avait le même degré de scolarité que ses voisins canadiens, les revenus des Québécois auraient été supérieurs de 900 $ par habitant, soit près de sept milliards de dollars de plus. L’essentiel de l’écart vient d’une moins grande scolarisation universitaire et d’un taux de décrochage supérieur au secondaire.
Si les écarts au chapitre de la productivité sont considérables, ceux reliés à la main-d’oeuvre le sont encore plus.
La main-d’oeuvre québécoise
Un avantage de 400 $ par habitant lié au profil de la population disparaît lorsque nous examinons les autres facteurs reliés à la main-d’oeuvre. La participation de la population en âge de travailler au marché du travail a de tout temps été inférieure au Québec qu’ailleurs au Canada. Cet écart s’est rétréci au cours des dix dernières années, notamment à cause d’une plus grande participation féminine, mais en 2004, il expliquait toujours 1100 $ par habitant sur les 3900 $ provenant des facteurs de main-d’oeuvre. On continue de constater un écart croissant dans la participation au marché du travail des hommes de 50 ans et plus, défavorable au Québec.
Parmi ceux qui font partie du marché du travail, seulement une partie a un emploi. Comme le taux de chômage au Québec a été systématiquement au-dessus de ceux prévalant ailleurs au Canada, cette déficience expliquait 700 $ par habitant de manque à gagner sur notre mesure de prospérité en 2004.
Le dernier élément relié à la main-d’oeuvre concerne l’intensité de la main-d’oeuvre en emploi, soit le nombre d’heures travaillées. L’écart du Québec y est significatif et s’est détérioré systématiquement depuis les années 70. Encore ici, ce n’est pas une question de conjoncture. On explique ainsi 2500 $ de l’écart de prospérité, soit 40 %.
Heures travaillées
Cette dernière question soulève toujours de nombreux débats. Les études récentes, dont certaines menées par l’Institut de compétitivité et de prospérité, ont évalué que les Ontariens travaillaient en moyenne, entre 1997 et 2004, un peu plus de trois semaines de moins que leurs vis-à-vis américains et que les Québécois, au cours de la même période, travaillaient deux semaines de moins que les Ontariens.
Les comportements des Québécois ne diffèrent pas totalement de ceux de leurs voisins ontariens. On remarque les mêmes tendances à prendre plus de semaines entières de congé ou de vacances, à plus travailler à temps partiel et à passer moins d’heures par semaine au travail. Toutefois, l’écart de près de deux semaines de travail avec l’Ontario s’explique presque en totalité par le fait qu’un moins grand nombre de Québécois travaillent de « longues semaines » (50 heures et plus) et par une plus grande propension à s’absenter du travail pour des raisons de maladie.
On note de plus qu’une partie plus considérable des travailleurs à temps partiel au Québec le sont de façon involontaire, et ce, quel que soit leur degré d’éducation. Manifestement, plusieurs des travailleurs québécois souhaiteraient travailler davantage.
Ces différences entre les heures travaillées au Québec et en Ontario peuvent aussi être décomposées selon l’appartenance du travailleur au secteur public ou au secteur privé et s’il est syndiqué ou non. Sur la période visée par l’étude québécoise (1997-2004), un employé du secteur public au Québec travaillait l’équivalent de sept semaines de moins que son vis-à-vis du secteur privé. Comme la proportion d’emplois du secteur public (23,1 %) au Québec est plus grande qu’en Ontario (19,5 %), ce facteur représente près de 12,5 % du différentiel Québec-Ontario.
On remarque aussi le même phénomène entre les travailleurs syndiqués et non syndiqués. Les premiers représentent 34,1 % des travailleurs au Québec alors que la proportion ontarienne de travailleurs syndiqués n’est que de 25,3 %. On estime à près de cinq semaines par année le différentiel d’heures travaillées au Québec entre un syndiqué et un non-syndiqué. On explique ainsi près du quart de l’écart Québec-Ontario à ce titre.
Les différentiels privé-public et syndiqué-non-syndiqué ne s’additionnent pas puisque la proportion des emplois syndiqués est très élevée dans le secteur public. On doit cependant retenir qu’une partie plus considérable de la main-d’oeuvre québécoise est active dans un environnement moins « fluide » qu’en Ontario.
Comment agir
Ainsi, plus de 60 % du différentiel entre Québec et le restant du Canada s’explique par des questions reliées à la main-d’oeuvre. On peut supposer qu’une partie des comportements des Québécois sur le marché du travail correspond à des choix qui leur sont personnels. Mais l’ampleur des écarts remarqués laisse penser que d’autres facteurs sont à l’oeuvre et peuvent les expliquer.
Lorsqu’on constate une moins grande participation au marché du travail, on peut penser que les qualifications professionnelles sont souvent en cause. La baisse substantielle au cours des dernières années de la participation des hommes âgés de plus de 50 ans pourrait s’expliquer par l’inadéquation de leurs qualifications et des demandes du marché du travail d’aujourd’hui, notamment à la suite des bouleversements remarqués dans le secteur manufacturier.
Quand 33 % des travailleurs à temps partiel souhaitent travailler à temps plein, il est possible qu’une activité économique accrue les aide à atteindre leur objectif, mais il est aussi possible qu’ils n’aient pas les qualifications requises. C’est donc un vaste programme de requalification professionnelle dont nous avons besoin ici pour corriger la situation actuelle.
Par ailleurs, lorsque des différences considérables d’heures travaillées sont remarquées dans des secteurs économiques précis, on peut supposer qu’il y a des rigidités dans le fonctionnement du marché du travail que nos voisins ne semblent pas avoir. Le secteur de la construction en est probablement un bon exemple.
Le retard au chapitre des investissements ne fait pas de doute. Il remet en question nos politiques de taxation, qui imposent le capital investi trop durement.
L’effort à consacrer à l’éducation est crucial pour accroître la prospérité des Québécois. Il devient critique de mieux financer le secteur universitaire afin d’augmenter la proportion des Québécois ayant un diplôme universitaire et de s’attaquer pour de bon au décrochage scolaire au secondaire. Le secteur professionnel est un pivot essentiel à la requalification des nombreux travailleurs affectés par les bouleversements de l’industrie manufacturière.
Finalement, il faut permettre à la main-d’oeuvre d’être plus souple et plus mobile. Le faible nombre d’heures travaillées cache des rigidités dans plusieurs secteurs de l’économie. Il nous alerte aussi en ce qui a trait aux problèmes de requalification de la main-d’oeuvre. Il est aussi possible que le régime fiscal actuel décourage de travailler un plus grand nombre d’heures en rendant les heures additionnelles « pas assez payantes ».
Bref, voilà des orientations tangibles qui pourraient améliorer la situation sans déclencher de révolution. Encore faut-il en être convaincu !
Il n’est pas essentiel d’être plus prospère. Toutefois, l’ensemble des ménages québécois n’auraient aucune difficulté à s’accommoder de revenus supplémentaires. Le secteur public du Québec non plus !
***
Claude Séguin, Vice-président principal de CGI et ancien sous-ministre des Finances du Québec
20070616
Bilan provisoire de l'ADQ
- S'opposer aux baisses d'impôts pour les classes moyennes.
- Prôner le protectionnisme culturel.
- Blâmer le gouvernement pour un sous-financement des "groupes communautaires".
- Refuser connement d'admettre que les taxes à la consommation sont préférables à un impôt élevé sur le revenu.
- Appuyer le contrôle gouvernemental des prix de l'essence.
- Entériner un énième projet de loi inutile sur le contrôle des armes à feu.
- Qualifier d'"irresponsable" et d'"électoraliste" un budget calqué sur son propre programme électoral.
SPECTRUM POLITIQUE QUÉBÉCOIS 2007

GOGAUCHE BOLCHO-LIBÉRALO-FÉDÉRALO-COMPLEXÉE

GOGAUCHE DÉMAGO-POPULISTE

GOGAUCHE NATIONALO-SOCIALO-SYNDICALO-PROGRESSISTE

GOGAUCHE ÉCOLO-MARXISTE

GOGAUCHE ISLAMO-TROTSKO-TOTALITAIRE
20070614
Cent fôtes! [4]

Le savoir-faire
Pierre Foglia
La Presse
Le jeudi 14 juin 2007
Fini les fautes de français au cégep? C'était la manchette du Devoir il y a une semaine. Le ramdam que ça a fait! Et puis plus rien. C'est comme ça que ça marche depuis le début. Il n'y a jamais eu de débat public sur la réforme. Que des orages. Un gros nuage noir apparaît soudain, ça tonne de partout, les éclairs, la foudre fait une victime plus ou moins innocente et puis c'est fini. Un beau ciel bleu. La réforme, imperturbable, continue.
Le PQ a toujours été pour la réforme. S'il ne l'a pas complètement inspirée, il l'a soutenue, défendue, imposée quand il était au pouvoir. Je crois même qu'il la revendique comme un fleuron de la social-démocratie.
Les libéraux étaient très en faveur aussi jusqu'à tout récemment, précisément jusqu'à ce que Mario Dumont soit contre, sauf que M. Dumont n'est pas vraiment contre, il putasse comme pour le reste, il flatte le peuple dans le sens du poil. Le peuple veut des bulletins chiffrés? Mario aussi. En se contre-crissant bien entendu de ce que l'on chiffre.
Les journalistes? Ils sont plutôt contre, encore que les gourous des sciences de l'éducation (particulièrement ceux de l'UQAM) ne perdent jamais une occasion de leur poser la question qui leur cloue le bec: que savez-vous du socio-constructivisme, monsieur le chroniqueur? Et je ne dirai rien de Radio-Canada où, l'automne dernier, tel que rapporté par ma consoeur Michèle Ouimet, un rédacteur en chef dont l'épouse travaille au ministère de l'Éducation a invité ses journalistes à des séances d'information pro-réforme.
Bref, à partir de la rentrée, le SAVOIR-FAIRE de votre enfant sera chiffré, 75% au lieu de B. Êtes-vous content? Tant mieux. Mais Dieu qu'on est loin des questions fondamentales qu'on aurait dû poser à l'ensemble des citoyens avant d'imposer cette réforme. Êtes-vous d'accord pour que vos enfants aillent à l'école pour faire l'acquisition d'un savoir-faire (les fameuses compétences) plutôt que des savoirs tout courts? C'est une des questions fondamentales qu'on ne vous a jamais posées. On a décidé pour vous. On a décidé que ce serait trop long de vous expliquer les dernières avancées de la pédagogie. En réalité, les gens des sciences de l'éducation avaient très peur que vous disiez non, fait qu'on a fait comme d'habitude: on vous a raconté n'importe quoi pour emporter votre adhésion.
Un exemple de salade qu'on vous a vendue? Le projet d'apprentissage. Au lieu d'acquérir des savoirs dans l'abstraction du «par coeur», mettons la table des neuf, 9X4, 9X9, l'acquisition de ce savoir s'insère désormais, oh! merveille, dans un projet d'apprentissage. Projet abordé en équipe. On leur donne un truc à faire, pour faire ce truc les enfants doivent mesurer un machin, à un m'ment donné il va falloir diviser ce machin en sept, sauf qu'ils ne savent pas diviser par sept. Madame, comment on fait pour diviser par sept? Ah! ah! c'est là que la réforme les attendait au tournant, et c'est là aussi que les anti-réforme comme moi sont pleins de marde! Mais oui les enfants acquièrent des savoirs, mais dans l'allégresse de la pratique plutôt que dans l'obligation du par coeur... Sans doute le plus grand classique de la bullshit «constructiviste».
Dans la réalité? Dans la réalité, le niveau baisse dans des classes de plus en plus pleines et de plus en plus dérangées par des «cas». Ça aussi, c'est la réforme: l'intégration des cas.
Dans la réalité, le niveau baisse plus dramatiquement encore chez les profs que chez les élèves. Cela se comprend, les nouveaux maîtres sortent du creuset même de la réforme, premiers bénéficiaires de cette approche holistique qu'ils vont avoir à appliquer: fermer les yeux sur les faiblesses, mettre en valeur les forces. Ah! ça, pour fermer les yeux sur la faiblesse des nouveaux maîtres...
Mais le scandale, le seul en fait, c'est que cette réforme nous est présentée comme une vérité scientifique, comme la voie obligée, comme LE modèle. Quand un modèle s'établit comme une vérité incontournable, ce n'est plus un modèle, c'est un dogme. J'ai déjà posé la question, j'attends encore qu'on me réponde: pourquoi les parents ne pourraient pas avoir le choix entre une école publique traditionnelle et une école publique réformée, ou alternative?
Vous dites que cela n'a aucun sens? Pourtant, c'était comme ça avant la réforme! Il y avait des écoles publiques «normales» et des écoles publiques alternatives. La réforme a fait qu'il n'y a plus, au Québec, que des écoles alternatives.
De quoi j'me mêle?
Permettez que je vous pose une question qui n'a rien à voir, mais peut-être que si, un peu quand même.
Savez-vous comment on joue aux billes?
Quand on joue au billes, ce qui est en jeu, ce sont les billes elles-mêmes. Quand on joue aux billes, on perd des billes ou on en gagne. Ça n'a aucun sens de jouer aux billes autrement. Les enfants du monde entier jouent aux billes dans la cour des écoles pour gagner des billes qu'ils vont reperdre le lendemain.
Dans une école primaire de ma connaissance (à Saint-Lambert), les enfants ont le droit de jouer aux billes, mais à condition qu'ils récupèrent leur mise. Pas le droit de perdre. Pas le droit de gagner. Pourquoi? Parce que, a expliqué la direction à une mère éberluée: parce que quand certains enfants perdent, ils pleurent.
Tout l'esprit de la réforme est là: empêcher les enfants de perdre.
Alors que, pour moi, un des grands objectifs de l'éducation, sans doute le plus difficile, est justement d'apprendre aux enfants à perdre.
=> Sur le même sujet ici, ici et ici.
Welcome au Québec!
A nation afraid of itself
French is no longer threatened in Quebec, if it ever really was.
Beryl Wajsman
The Suburban
mercredi 13 juin 2007
The decision by Édouard-Montpetit junior college in Longueuil, a francophone institution, to teach an English course in aircraft maintenance has Quebec nationalists, teachers’ unions and student groups demanding the course’s cancellation for fear that creeping English instruction will change the French character of the school.
Jean-Paul Perreault, president of Imperatif français, Monday said, “The working language of Quebec is French and teaching institutions have a responsibility to bring up a new generation able to work in French.”
He boasted that two other francophone junior colleges, including one near Ottawa, had tried to introduce courses in English but backed off.
Edouard-Montpetit’s director-general, Serge Brasset, reminded critics that the aircraft maintenance course is for anglophone students who won’t be able to get the training elsewhere. Edouard-Montpetit has taken anglophone students into the third year of the program for the past 37 years but it was taught in French. The first two years of the program at the École nationale d’aerotechnique had previously been offered at John Abbott College. But today, only Édouard-Montpetit teaches aircraft maintenance in Quebec and provides Transport Canada accreditation. There’s nowhere else to go !
For those who wonder why Quebec has among the highest poverty rates in North America and one of the lowest growth rates, they need look no further than this incident. It contains the answers to that question and indeed reflects the seeds of this province’s continuing self-destruction.
Perreault is wrong about language in Quebec and institutional responsibility to French. Quebec is still part of Canada and both English and French are official languages. The only responsibility educational institutions should have is to the students — to prepare them to compete effectively in an increasingly competitive globalized world where bilingual language skills would be an asset. Students need knowledge, not dogma.
For Perreault to gloat that intimidation by language thugs, whether in their state or societal manifestations, succeeded in two other cases is as stomach-turning as watching old newsreels of rednecks in the American south. Quebecers can compete ! Only the profiteers of prejudice like Perreault want to keep the old wars raging. If there was ever a time for the Quebec government to step in once and for all and put an end to this nonsense, it is now.
The provincial government should seize this moment and implement a quality, bilingual, non-denominational school system through the CEGEP level for all Quebecers. But the province will probably fail all of us, of whatever linguistic stripe, again. As the New 940 Montreal’s Caroline Phaneuf said so well, “Government is afraid of its own people.”
French is no longer threatened in Quebec, if it ever really was. The language issue was nothing more than a vote magnet to begin with, always pandering to the lowest common parochial denominator. Quebecers have the skills to pursue excellence despite the constraints of low limitations imposed by politicians. Two years ago Montreal surpassed Boston as the North American city with the highest per-capita number of students in post-secondary education. But they have nowhere to go after graduation ! Just last month 62 medical school graduates from Université de Montreal and McGill announced they were leaving the province.
Many of the best and the brightest have already left. Our constrictive language laws, bureaucratic fiats, uncontrollable public sector unions and suffocating taxation have conspired to ensure a double-whammy of emigration of people and elimination of investment. Four hundred thousand francophones left for Toronto over the past several decades. An equal number have gone to Florida. Even in sectors like aviation, where Quebec is strong, incidents like this CEGEP debate, give industry serious concern.
Director general Brasset argued that the aerospace industry has warned of a shortage of qualified manpower in a couple of years. Aviation worldwide uses English as its lingua franca. That’s not an anglo conspiracy. These rules are imposed by IATA and ICAO and affect airports in every world capital. Boeing’s manuals are in English. Eh, bonjour Quebec !
Last December, soon after the “nation” motion passed in the House of Commons, the Montreal Economic Institute’s Nathalie Elgrably wrote, “Ce n’est past la motion qui fait la nation.” It’s not a motion that makes a “nation”. It’s not words that matter. It’s actions. It’s about walking the talk. That means having confidence in our own abilities. Having the courage to say to the world that we are here and ready to be important players. Until Quebecers are ready to do that, they will continue to be isolated in their little “village of Quebec” as Jean Dorion called it, growing ever less relevant and worrying their pathetic insecurities like precious gems in their palms.
Serge Brasset has said, “I think that culturally, francophone Quebecers are strong enough that they would welcome 35 students from anglophone schools into a college of 7,000.”
We better hope he’s right. Because if he isn’t, then we not only live under a government that is afraid of its people, but we live in a “nation” that is afraid of itself.
20070613
Cent fôtes! [3]
Lettre ouverte à la ministre de l'Éducation - Il faut plus que des bulletins chiffrés
Nestor Turcotte, Philosophe
Le Devoir
13 juin 2007
La ministre de l'Éducation vient d'apporter un correctif à la réforme scolaire. Dès septembre, à la rentrée, toutes les écoles québécoises devront avoir un bulletin uniforme et chiffré. La modification apportée par la ministre Michelle Courchesne peut plaire à la très grande majorité des parents, mais elle laisse sans doute les enseignants sur leur appétit. Le retour aux bulletins chiffrés est une excellente chose, mais il ne peut pas se faire sans un retour à l'acquisition des connaissances pour tous. Chiffrer une compétence n'a aucun sens.
L'école québécoise traverse une crise très profonde. Une très grande majorité de jeunes sont dégoûtés de leur maison d'enseignement. Ils ont l'impression que les cours qu'ils doivent subir sont une immense machine à faire le vide. Au milieu de la confusion des idées, la multiplication des réformes, l'encombrement d'expressions souvent incompréhensibles, le jeune se trouve en porte-à-faux, l'enseignant déboussolé, la direction incapable.
L'école a comme mission de former l'être humain dans toutes ses dimensions; elle forme présentement des désoeuvrés, des mécontents, parfois des révoltés. Plus de 40 % des élèves ne finissent pas leur cours secondaire. Ils en ont marre d'être hachés par un système qui les déstructure, les déconstruit, leur donne le goût d'arrêter. C'est une véritable catastrophe nationale.
L'instauration d'une nouvelle réforme devait arrêter l'hémorragie en cours: elle n'a fait que l'accentuer. On ne peut pas en rester là et réparer périodiquement les brèches qui apparaissent dans les murs de l'édifice scolaire. De toute évidence, les fondations sont défectueuses. En d'autres termes, il faut repenser toute notre philosophie de l'éducation.
Délabrement intellectuel
Il m'arrive souvent de retourner sur les lieux de mon ancien collège pour discuter avec cette jeunesse que j'ai quittée il y a une dizaine d'années. Il m'arrive, occasionnellement et sur demande, de rencontrer bénévolement les jeunes fréquentant les écoles secondaires de ma région et d'ailleurs.
Ces polyvalentes anonymes et inhumaines me font souvent penser à un aquarium où s'entrecroisent une multitude de poissons. Quotidiennement, ils reçoivent une nourriture toute fraîche. Mais l'eau de l'aquarium est souillée et malsaine. Comme elle pénètre dans le corps des poissons, ceux-ci, malgré la bonne nourriture qu'on leur donne régulièrement, se trouvent peu à peu empoisonnés et meurent.
Quelque chose de semblable se passe dans les milieux scolaires. Bien qu'on y rencontre des maîtres dévoués, des étudiants assoiffés de connaître, il y a dans l'atmosphère des substances qui se révèlent toxiques pour la santé et le jugement des élèves. La réforme devait assainir l'atmosphère. Le contraire s'est produit. La réforme confirme chaque jour le délabrement intellectuel de nos jeunes; elle permet même de constater que l'ignorance fait quotidiennement des progrès. Elle permet de voir que, malgré les millions ajoutés dans un système éducatif atomisé, les diplômés non instruits courent en pleine liberté.
La pédagogie par projets -- c'est ça, la réforme --, importée d'Europe et rejetée dernièrement par les cantons helvétiques d'où elle est issue, est apparue, il y a une dizaine d'années, comme la bouée de sauvetage du ministère de l'Éducation. La réforme scolaire, inspirée du pragmatisme américain et anglais, est non seulement une erreur pédagogique monumentale, elle mène aussi nos jeunes à rejeter toute notion de vérité, à relativiser toute connaissance, à n'admettre pour vrai que ce que chacun expérimente.
Catastrophe appréhendée
Connaître, c'est agir. Cette notion purement empiriste de la connaissance conduit l'élève à évacuer du champ de ses préoccupations intellectuelles tout questionnement qui se rattache à des notions métaphysiques, particulièrement celles qui touchent le sens de l'existence. Voilà la catastrophe. À quoi cela sert-il de trouver sa vérité dans l'action si l'action de chacun n'a aucun sens pour la bonne conduite de la vie? Ultimement, à quoi cela sert-il d'étudier si ce n'est que pour faire mécaniquement des gestes qui déshumanisent et qui finissent par envoyer tout le monde six pieds sous terre, sans explication satisfaisante?
Pour élever un être humain à sa stature définitive, il faut savoir ce qu'on veut faire et ce qu'on doit faire. Il faut se mettre d'accord au sujet de la fonction même de l'éducateur. Il existe une hiérarchie naturelle entre celui qui sait et celui qui ne sait pas. Pour l'avoir oubliée, l'école est devenue un lieu de babillage, un fourre-tout d'expérimentations, une maternelle permanente où l'esprit ludique l'emporte sur l'acquisition de connaissances bien vérifiées. L'enseignant, en abdiquant ainsi sa supériorité pédagogique, en voulant se mettre sur le même plan que les élèves, verse alors aisément dans la facilité et abandonne son rôle de maître. Il se dévalorise en ne remplissant plus sa mission, qui consiste à transmettre ce qu'il sait à celui qui ne sait pas encore.
Enseigner, c'est transmettre. Enseigner, c'est communier, c'est communiquer une ferveur, créer une atmosphère, susciter de l'intérêt. Enseigner, c'est avoir foi en un savoir bien maîtrisé, parfois au prix de multiples efforts, et prendre les meilleurs moyens pour le communiquer. Un élève qui ne sent pas ce courant passer se décourage, abdique. Pour redonner goût aux élèves avachis sur leur pupitre, il faut redonner au maître ce pouvoir et ce droit de transmettre à celui qui ne sait pas, lui donner des livres et des documents de base qui lui permettent d'uniformiser les contenus. De plus, par voie de conséquence, on doit l'autoriser à vérifier régulièrement si les connaissances ont été acquises. En d'autres mots, il est de la mission de l'enseignant de livrer un savoir objectif, de s'assurer si l'élève (quel beau mot!) a assimilé la matière expliquée et, par la force des choses, de donner des examens notés.
La réforme a tué tout ce que je viens d'énumérer: le professeur ne possède plus de contenu précis à livrer, il ne sait plus si la classe a atteint un certain niveau de connaissances communes et il lui est impossible de vérifier si ce que les élèves savent est bien ce qu'il pense qu'ils devraient savoir.
La réforme scolaire pilotée par l'ancien gouvernement du Parti québécois doit être abandonnée. Il faut retourner à des choses oubliées: apprendre à lire, apprendre à écrire, apprendre à compter. Il faut remettre des livres de base dans les mains des éducateurs, les glisser aussi dans les mains des étudiants. Il faut revenir à la recherche objective du vrai, à l'exigence des règles, au développement de toutes les dimensions qui construisent l'être humain. Ce sera difficile. Le passage du capharnaüm dans lequel croupissent tant de jeunes et tant de talentueux jeunes maîtres à un milieu éducatif plus stimulant ne se fera pas sans grincements de dents. Mais c'est le prix à payer pour sauver cette génération abandonnée moralement, détruite intellectuellement.
=> Voir également ici et ici.
20070612
Légendes urbaines
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Une fraude intellectuelle
Nathalie Elgrably
Le Journal de Montréal
7 juin 2007
Quand Bev Oda a annoncé qu'il lui est impossible de distribuer avant l'automne les 30 millions que Ottawa a promis pour venir en aide aux festivals, les appuis à la Coalition des festivals n'ont pas tardé à se manifester.
Le Bloc Québécois, le NPD, la Fédération canadienne des municipalités, la Ville de Montréal et le ministre provincial du Développement économique et du Tourisme, Raymond Bachand, ont tous signalé à Ottawa la nécessité de débloquer rapidement les fonds promis en raison de l'importance des retombées économiques que génèrent les festivals.
Le calcul des retombées économiques est souvent présenté comme étant la preuve «scientifique» irréfutable de la légitimité d'une action. Le responsable de la culture à la Ville de Montréal et maire de l'arrondissement de Ville-Marie, Benoît Labonté, déclarait d'ailleurs que les festivals génèrent 200 millions en retombées économiques et créent 12 000 emplois. Mieux encore, il affirmait que chaque dollar «investit» par Ottawa rapporte neuf dollars en recettes fiscales. C'est à se demander pourquoi la Coalition des festivals a besoin d'un lobbyiste pour faire avancer sa cause auprès d'Ottawa.
Si ces calculs reflètent la réalité, pourquoi nous limiter à une centaine de festivals par année? Imaginez donc l'ampleur des retombées économiques si nous en organisions davantage! Et si les recettes fiscales sont effectivement neuf fois plus importantes que la dépense initiale, ne venons-nous pas de découvrir la méthode miracle pour ne plus jamais encourir de déficit budgétaire? Avec un rendement de neuf pour un, les ministres des Finances aux niveaux provincial et fédéral devraient se bousculer pour financer les festivals!
Un mode de divertissement parmi d'autres
Malheureusement, l'argument des retombées économiques est une fraude intellectuelle. Il laisse sous-entendre que l'activité économique prévue dépend exclusivement de la tenue des festivals, car ils font travailler des gens, attirent des spectateurs et profitent ainsi à une multitude de commerces, du fournisseur de «hot-dogs» au fabricant de casquettes, en passant par le producteur de crème solaire. Cette argumentation suggère implicitement que l'absence de festivals privera l'économie locale d'un spectaculaire feu d'artifice économique et que nous serons responsables de notre misère.
Or, un festival n'est qu'un mode de divertissement parmi d'autres. En l'absence de ce genre d'événement, les gens se divertiraient autrement. Ils iraient peut-être davantage au cinéma ou au restaurant. Ainsi, une dépense de 20 $ génère autant de retombées économiques, qu'elle permette de participer à un festival, de voir un film ou de s'offrir un repas. La nature de la dépense détermine quelles industries sont avantagées, mais elle n'affecte en rien l'ampleur de l'activité économique générée.
Déplacement de retombées
Un bémol peut être approprié dans le cas d'événements qui attirent des touristes, car il y a effectivement injection de nouveaux fonds et certaines retombées sont à considérer. Mais sur la centaine de festivals qui animent le Québec, il n'y en a que trois ou quatre qui peuvent réellement prétendre attirer des visiteurs étrangers. Les autres ne font que déplacer des retombées qu'on aurait observées dans un autre secteur.
Quand l'État subventionne les festivals, il prend l'argent des contribuables et permet à une poignée de fonctionnaires de décider à notre place du genre de loisir à encourager. Et comme si tout ceci était insuffisant, nos élus défendent leurs choix en élevant les retombées économiques au rang de faits incontestables alors que ce sont des calculs absurdes fondés sur un concept canularesque. Quelle tristesse!
Cent fôtes! [2]
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Les olibrius
Jean-Jacques Samson
Journal de Québec
samedi 9 juin 2007
Le ministère de l'Éducation du Québec est envahi depuis plus d'une trentaine d'années par des «lologues» de toutes les sortes qui ont réussi à saccager notre système d'éducation. L'un des acteurs principaux et des fleurons de l'évolution du Québec, ce ministère est devenu un repère d'olibrius malheureusement dangereux.
Le pire est que ces théoriciens à la gomme ont réussi pendant toutes ces années à convaincre des ministres et leurs gouvernements, péquistes de connivence comme libéraux complexés, d'adhérer à leurs thèses saugrenues. Ces petites bêtes à barbichettes se reproduisent en plus. Alors que l'on croit que le mal est endigué, il réapparaît de façon sournoise, sous une nouvelle forme. Corriger leurs bêtises est en plus toujours très ardu.
Nous en avons une belle illustration avec les fameux bulletins qui fournissaient aux parents une évaluation des «connaissances transversales» de leurs enfants, plutôt que de leur transmettre les notes obtenues par l'écolier et la moyenne de la classe. Il ne fallait plus mesurer la performance, afin de ne pas développer des têtes enflées ou, à l'inverse, des perdants. L'émulation, le désir de se surpasser et de surpasser les autres étaient à proscrire.
Ces bulletins loufoques ont été dénoncés à l'Assemblée nationale pour la première fois alors que Lucien Bouchard était premier ministre ! Nous venons tout juste pourtant de nous en débarrasser.
Et nous avons alors bêtement cru que le message était passé chez les bureaucrates du ministère: finies les folies! Que non, diantre!
Le Devoir révélait cette semaine qu'un enseignant de français, Richard Berger, qui a supervisé pendant dix ans la correction des épreuves de français au collégial, avait produit un rapport pour le compte du ministère de l'Éducation, recommandant de ne plus comptabiliser les fautes d'orthographe, de syntaxe et de ponctuation, dans la correction de l'épreuve de... français, au cégep. La réussite de ce test est obligatoire pour l'obtention du DEC. Trop d'étudiants l'échouaient, montrent les statistiques.
Compter les fautes et faire échouer un étudiant relèvent selon lui d'une «approche judéo-chrétienne punitive» (le prof terminait sans doute la lecture de Da Vinci Code et il fantasmait sur le cilice). «On devrait valoriser ce qui est réussi et non mesurer ce qui est raté», posait M. Berger. Outre que sur le fond de la question, une telle idée est une aberration totale, nous constatons que le courant de pensée du nivellement par le bas est bien enraciné dans le monde de l'éducation.
La ministre Michèle Courchesne a ordonné sur le champ le rejet d'un nouveau modèle «holistique» de correction qui était suggéré. Mme Courchesne a eu le bon réflexe politique mais elle n'a pas beaucoup de mérite, tellement la proposition était ridicule en elle-même, et après le consensus social établi sur le retour à des bulletins chiffrés.
Mais ce n'est que partie remise. Les milliers de fonctionnaires de l'éducation, dans leur tour du Compkexe G à Québec, sortiront bien une autre trouvaille abracadabrante de leur boîte à réformes.
Les enseignants québécois rejettent toute forme d'évaluation de leur propre travail. «Les lologues» en chef du ministère, issus du rang et très souvent de l'appareil syndical, ou théoriciens de carrière, partagent aussi cette philosophie du plus bas dénominateur commun. Celle-ci a maintenant voyagé de bas en haut du système, comme les ascenceurs du ministère.
Quelques personnes pragmatiques ont pourtant dirigé cette curieuse pyramide, au fil de ces années, dont les très conservateurs à l'époque et coriaces Michel Pagé et Claude Ryan, l'homme d'affaires François Legault... Les bureaucrates de l'Éducation n'en ont toujours fait qu'à leur tête. Les ministres passent, les fonctionnaires sifflent.
La vraie réforme qui s'impose (ou réingénierie) consisterait à couper chez les penseurs patentés qui sabotent avec pugnacité l'enseignement au Québec et à diriger les crédits épargnés pour rénover les écoles ou en construire des neuves, remplacer les équipements vétustes, fournir plus de support aux étudiants et, s'il reste des dollars, attribuer des bourses d'excellence aux plus performants. Ils seront faciles à reconnaître par les excellentes notes qui figureront à leurs bulletins.
=> Sur le même sujet.
20070608
Cent fôtes!

Dans une autre vie, j’ai travaillé comme correctrice au très ésotérique ministère de l’Éducation. Correctrice des épreuves de français de cinquième secondaire, pendant quelques étés, rue Fullum, dans l’est de la ville. Puis, correctrice des examens au collégial, pendant très peu de temps, dans le sous-sol d’un ancien COFI de Parc-Extension. Jusqu’au jour où j’ai pris mes cliques, mes claques et mes dictionnaires pour me sauver par la porte de sortie du journalisme.
Les souvenirs de ces voyages dans le monde secret des très égalitaristes fonctionnaires de l’Éducation me reviennent chaque fois que je lis des aberrations comme celles dont faisait état Le Devoir hier. Quoi de neuf, donc, au ministère de l’Éducation ? Eh bien, selon un expert mandaté par le MEQ, il faudrait cesser de compter le nombre de fautes à l’épreuve de français au collégial. Car, voyez-vous, l’approche quantitative, punitive et judéo-chrétienne fait en sorte que l’évaluateur, ce grand méchant tortionnaire devant l’Éternel, s’intéresse davantage aux faiblesses de l’élève, alors qu’il devrait plutôt s’intéresser à ses forces. C’est pourquoi, comprenez-vous, il faudrait préconiser une approche qualitative, dite « holistique », histoire de valoriser ce qui est réussi plutôt que de mesurer ce qui est raté... Parce que, voyez-vous, si on dit qu’il y a une erreur, cela sous-entend qu’il existe une norme « divine ». Et qu’est-ce qu’une norme, hein ? N’est-ce pas une source d’injustice, si on y pense ? Car la norme idéale ne se manifeste jamais également d’une copie à l’autre. Alors qu’est-ce qui nous assure qu’une quantité de fautes ou de « non-fautes » témoigne bel et bien d’une maîtrise de la langue ? Rien de rien, nous dit le vénéré expert.
Quoi de neuf, donc, dans le monde égalitariste du ministère de l’Éducation ? Pas grand-chose. Cette approche débilitante de la pédagogie selon laquelle tous les élèves naissent bons jusqu’à ce que le correcteur les corrompe, a toujours eu une place prépondérante chez nos fonctionnaires. À l’époque de mon voyage ésotérique, on nous faisait bien comprendre que le correcteur avait intérêt à être le plus généreux possible. S’il avait le malheur d’être « sévère », c’est-à-dire « juste » selon mes misérables normes judéo-chrétiennes, il se faisait rappeler à l’ordre. On corrigeait le correcteur trop consciencieux. On lui apprenait à déchiffrer des arguments sans queue ni tête. On lui apprenait à créer de la cohérence là où il n’y en avait pas. On lui apprenait à deviner grâce à la boule de cristal des fonctionnaires de l’Éducation ce que l’élève « essayait de dire ». Parce que le « pauvre p’tit », il fallait bien l’aider... Ce n’est pas ce qu’il voulait dire. Alors, s’il a écrit : « Premièrement, tout le monde est égal, même les inférieurs », est-ce que ça compte pour un argument ? Mais oui, voyons ! Parce que le correcteur doit voir au-delà des mots maladroitement alignés...
Comme on ne pouvait fermer les yeux sur les fautes d’orthographe ou de syntaxe, on se rattrapait ainsi en étant plus généreux dans l’évaluation du fond. Une entreprise absurde d’aveuglement volontaire devant un système qui produit encore une quantité sidérante de quasi-illettrés.
À lire => Richard Martineau sur le même sujet.
20070607
Privatiser Hydro-Québec

Privatiser Hydro éliminerait la dette du Québec
Claude Garcia
La Presse
Certains Québécois envient les Albertains qui se sont complètement débarrassés de leur dette et qui jouissent à la fois des taux d'impôt sur le revenu les plus bas au Canada et de l'absence de taxe de vente provinciale. L'Alberta dispose de ressources pétrolières importantes qui sont en forte demande aujourd'hui dans le monde. Le Québec, de son côté, dispose de ressources hydrauliques accessibles et renouvelables qui, elles aussi, sont très en demande.
Les Albertains ont laissé l'exploitation de leurs richesses naturelles au secteur privé et paient leur pétrole au prix du marché. Si le prix du pétrole augmente rapidement, les Albertains, comme tous les autres Canadiens, doivent accepter de débourser davantage pour leur essence. L'Alberta reçoit des redevances des entreprises privées qui assurent l'exploitation de ses ressources énergétiques. Le gouvernement de l'Alberta ne cherche pas toutefois à fixer le prix de l'essence.
Le Québec a choisi une stratégie différente: sauf quelques exceptions, c'est l'État, par l'entremise d'Hydro-Québec, qui assure l'exploitation de nos ressources hydro-électriques. Hydro-Québec paie, depuis peu, une redevance pour l'utilisation de l'eau, redevance qui est loin d'atteindre le niveau payé en Alberta sur les ressources pétrolières. Hydro-Québec détient le monopole de la distribution de l'électricité au Québec. Au cours des dernières années, la hausse des tarifs d'électricité a été beaucoup moins rapide que la hausse des prix des produits pétroliers; c'est pourquoi les citoyens québécois paient leur électricité bien en deçà de sa valeur marchande: les tarifs résidentiels d'électricité à Toronto sont supérieurs de 75% aux tarifs québécois. La différence avec nos voisins américains est encore plus considérable.
La valeur d'Hydro-Québec
On sait que la dette du Québec s'élève à 122,6 milliards$. Le Québec a la possibilité de se débarrasser rapidement de sa dette en faisant une meilleure exploitation de ses richesses hydrauliques. Voici un scénario raisonnable.
En excluant les éléments extraordinaires, les bénéfices d'Hydro-Québec en 2006 ont été de 2,8 milliards$. Si on augmentait les tarifs d'électricité de quatre cents le kWh, on aurait le même tarif moyen que les citoyens de Toronto. Une telle hausse augmenterait les bénéfices d'Hydro-Québec d'environ 7 milliards$. Nous faisons l'hypothèse que les milliards de kWh que ne consommeraient pas les Québécois, à la suite d'une hausse de tarif, trouveraient facilement preneur sur les marchés d'exportation.
Quelle serait la capitalisation boursière d'Hydro-Québec si on l'inscrivait à la cote de la Bourse de Toronto après avoir augmenté les tarifs de quatre cents le kWh? C'est une question fondamentale que notre société se doit d'analyser et de débattre. Le monde a changé énormément dans les 20 dernières années. La déréglementation du marché nord-américain de l'énergie a augmenté considérablement la valeur intrinsèque d'Hydro-Québec.
Hydro-Québec deviendrait assujettie à l'impôt sur ses bénéfices si elle devenait une société à capital ouvert. En supposant qu'elle devrait remettre environ le tiers de ses bénéfices aux gouvernements fédéral et québécois, son bénéfice net, à titre de société privée, serait de 6,5 milliards$. À la lumière de la valorisation des sociétés productrices d'énergie inscrites à la cote de la Bourse de Toronto, on peut conclure que la capitalisation boursière d'Hydro-Québec excéderait probablement 130 milliards$ dans un tel scénario.
Au 31 mars 2006, la dette du Québec s'élevait à 122,6 milliards$. La valeur intrinsèque d'Hydro-Québec est donc supérieure à la dette actuelle du Québec. Un Québec sans dette économiserait 7,6 milliards$ par année au titre du service de la dette. Cette économie sera réduite à environ 5,5 milliards$ par année une fois prise en compte la réduction de la contribution d'Hydro-Québec aux revenus du Québec. Une telle somme permettrait au gouvernement de baisser l'impôt sur le revenu de 33%. Une baisse aussi marquée de l'impôt sur le revenu stimulerait énormément la croissance économique du Québec puisque nous disposerions alors d'un environnement fiscal très compétitif.
Le Québec est une société qui connaît un vieillissement rapide. Plusieurs commentateurs se sont inquiétés de l'impact de ce vieillissement sur notre capacité à assurer le maintien de notre système universel de soins de santé puisque les citoyens du Québec se classent déjà parmi les plus taxés et les plus endettés en Amérique du Nord. L'analyse qui précède démontre qu'il n'en tient qu'à nous de faire les ajustements nécessaires pour changer cette situation. En contrepartie d'une hausse, somme toute minime, des tarifs d'électricité, nous pourrions jouir d'un environnement fiscal très compétitif sans sacrifier nos programmes sociaux qui comptent parmi les plus généreux en Amérique du Nord.
Administrateur de sociétés, l'auteur a été président de la Standard Life de 1993 à 2004.
20070401
L'ILLUSION TRANQUILLE (version intégrale)
20070329
Un "projet de société" à la mesure du Québec...
Les associations étudiantes du Québec continuent de fourbir leurs armes en prévision d'un éventuel dégel des droits de scolarité que pourrait adopter le nouveau gouvernement minoritaire de Jean Charest.
L'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSE), qui représente quelque 42 000 étudiants, tient une journée de débrayage jeudi. Ce groupe, réputé radical, préconise au contraire la gratuité complète des études postsecondaires.
Le Parti libéral du Québec et l'Action démocratique du Québec, qui occupent ensemble 89 des 125 sièges de l'Assemblée nationale, préconisent plutôt une hausse des droits de scolarité, qui sont gelés depuis 1994.
Le débrayage de l'ASSE culmine par une marche dans les rues de Montréal. La manifestation, qui s'est mise en branle vers 14 h 30 à l'UQAM, perturbe la circulation automobile. Les manifestants doivent en rejoindre d'autres au Square Victoria.
La meilleure est venue d'une dénommée Évelyne Élise Paquette, présidente de la cohue néomarxiste baptisée Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), qui dit revendiquer le maintien du gel "en tant que projet de société". Niaiseries...
Parlant du gel, voici ce qu'on pouvait lire à son sujet dans la plus récente édition du magazine Macleans:
Depuis 1994, le gouvernement du Québec a gelé les frais de scolarité universitaires à 1668$. Aujourd’hui, un étudiant québécois faisant son entrée à l’université paye en moyenne 65% de moins qu’un étudiant ontarien. C’est peut-être une bonne affaire pour les étudiants, mais pas pour les universités. « Les universités québécoises sont sous-financées comparativement aux universités canadiennes et américaines », dit Heather Munroe-Blum, présidente de l’Université McGill. Récemment, le gouvernement Charest a annoncé une hausse de 100$ par étudiant par année, ce que Munroe-Blum qualifie de « très important ». Des frais peu élevés n’ont certainement pas créé plus de diplômés. Le Québec combine en effet le plus faible taux de fréquentation universitaire avec celui du plus faible taux d’achèvement des études, selon l’OCDE.
C'est quand même fabuleux comme projet de société...
Religion d'État
J'écrivais hier que la percée soudaine de l'ADQ était une sorte de retour du refoulé, une réaction tardive à la fuite en avant vitesse grand V amorcée par le Québec lors de la Révolution tranquille.
C'est aussi une attaque contre le dogme religieux qui étouffe le Québec depuis quarante ans.
On me dira que le Québec s'est libéré de l'emprise de la religion dans les années 1960.
Faux. On a juste changé de dieu.
Notre dieu, maintenant, s'appelle État.
C'est lui qui prend en charge chaque aspect de notre vie, qui nous récompense quand on est gentil et qui nous punit quand on est méchant. C'est lui qu'on prie quand ça va mal, c'est devant lui qu'on s'agenouille quand ça va bien et c'est lui qu'on invoque quand on a une faveur à demander.
Le dieu État a son clergé, ses curés, ses fidèles, son dogme, ses prophètes, sa littérature, ses églises, ses apôtres, son Père, son Fils, son Saint-Esprit.
Et malheur à ceux qui osent le critiquer! Ça ne se fait tout simplement pas.
=> SUITE
20070317
Tony Blair aux Écossais: "Fuyez l'exemple québécois"
Pour garder les brebis écossaises dans le pré anglais, Tony Blair n'a pas hésité à utiliser le cas du Québec comme l'exemple à ne pas suivre. Selon lui, les deux référendums québécois ont fait perdre à Montréal le titre de métropole économique canadienne.
«Montréal a déjà été la capitale économique du Canada, écrit Tony Blair. Et même si les Québécois ont abandonné leur projet de séparation, cette situation lui a fait perdre son titre au détriment de Toronto.»
Source: La Presse
Le plus drôle là-dedans, c'est qu'il se trouve encore des péquistes pour nous dire que c'est une bonne chose que toutes ces entreprises aient quitté le Québec, puisque les francophones ont enfin pu prendre le contrôle de leur économie...ou de ce qui en restait.
20070316
Le Deadbeat [traduction]
Pour ceux habitant à l’extérieur du Québec, le film L’Illusion Tranquillle pourrait sembler aussi intéressant que de regarder de la poutine figer. Dans son attaque en règle contre le populaire modèle interventionniste québécois et l’obsession séparatiste, le documentaire d’une heure se base sur une panoplie d’entretiens réalisés avec des universitaires, des journalistes et sur un panel d’étudiants discutant de modèles fiscaux et d’ancienneté. Pas très divertissant.
Mais le documentaire, réalisé sans aucune subvention et présenté dans une poignée de salles à travers le Québec, a provoqué une véritable crise de conscience au sein des médias de la province et des milieux culturels, simplement en affirmant ce qui devient de plus en plus évident : le Québec est fauché. Affligé du plus haut taux d’imposition, de la plus important dette provinciale et de l’une des populations les plus âgées d’Amérique du Nord, le Québec est sur la voie de la faillite.
L’Illusion Tranquille affirme que l’éternelle poursuite de la séparation par le Parti Québécois n’a servi qu’à distraire et mettre en péril l’ensemble des Québécois. La réaction des séparatistes fut rapide et prévisible. « Ces gens supposément lucides ne font qu’émettre clichés par-dessus clichés », a écrit Louis Cornellier du quotidien nationaliste Le Devoir. Ce qui est plus surprenant, c’est à quel point de nombreux collègues de Cornellier se sont portés à la défense du film. « Ce film est aux finances du Québec ce que Une vérité qui dérange d’Al Gore est aux changements climatiques », a écrit Richard Martineau du Journal de Montréal. Joanne Marcotte et Denis Julien, le couple ayant produit le film, ont été reçus de façon positive dans les médias. Pour Julien, le succès du film s’explique facilement : « Notre système a atteint ses limites. Nous sommes en très mauvaise posture et les Québécois commencent à le réaliser ».
Il est à peu près temps. Même un regard rapide sur des décennies de données permet de voir que le Québec est dans une très, très mauvaise situation. Depuis des années, la productivité a ralenti alors que la dette a explosé. On prévoit qu’elle atteindra 127 milliards de dollars d’ici la fin de l’année prochaine, soit environ 17 000$ par Québécois. Les budgets provinciaux sont fortement dépendants des transferts fédéraux et les efforts pour réformer l’économie ont été torpillés par de puissants syndicats et un profond attachement envers le dispendieux modèle social, causant des dégâts majeurs au sein des finances publiques. Comme un groupe d’universitaires et de leaders du monde des affaires l’écrivaient dans un manifeste en 2005 : « en termes financiers, le gouvernement du Québec se compare à un gros albatros incapable de prendre son envol ».
Les choses vont si mal que le PIB du Québec se classe au 54e rang sur 60 provinces et États en Amérique du Nord – derrière plusieurs ne pouvant compter que sur une fraction de sa population et de ses ressources. Il est derrière le Montana et l’Arkansas, par exemple, et ne détient qu’une légère avance sur le Mississippi. Le PIB est usuellement 20% derrière celui de l’Ontario, son cousin géographique et économique le plus proche. « Au Québec, la richesse d’une famille de quatre est de 21 028$ inférieure à celle d’une famille semblable dans l’État du Maine », écrit Alain Dubuc dans son livre Éloge de la Richesse. « Comme se fait-il qu’une économie comme celle du Québec, avec autant de potentiel, ne puisse créer plus de richesse? »
Les Canadiens se demanderont bientôt la même chose, alors que la crise économique du Québec se retrouvera aux avant-postes de la scène nationale. Le Premier ministre Stephen Harper a laissé entendre que le budget du 19 mars fera les premiers pas vers un règlement du « déséquilibre fiscal ». Traduction : un lourd transfert au Québec, qui reçoit déjà 2,2 milliards de dollars de plus du gouvernement fédéral qu’il ne paie. L’argent du fédéral est déjà un dossier politique fumant au Québec à l’aube de l’élection provinciale, prévue une semaine seulement après le dépôt du budget fédéral. Quand le Premier ministre Jean Charest a laissé entendre l’autre jour qu’une élection du Parti Québécois mettrait un frein à la générosité du fédéral, le leader péquiste André Boisclair l’a accusé de tenter de faire chanter les Québécois à voter libéral.
« Le problème est que le Canada subventionne une province qui non seulement vit une crise des finances publiques, mais qui ne semble pas intéressée du tout à s’en sortir », dit Claude Montmarquette, professeur d’économie à l’Université de Montréal et un des signataires du manifeste de Bouchard. « Nous recevons d’importantes sommes du reste du Canada et également un laissez-passer pour dépenser énormément d’argent pour des programmes sociaux que les autres paient en grande partie pour nous », dit-il. « Alors pourquoi devrions-nous changer avant de frapper le mur? Et ça s’en vient ».
Alors que toutes les provinces canadiennes consacrent un large pourcentage de leurs budgets à des secteurs comme la santé, les programmes sociaux québécois sont de loin les plus généreux. Le Québec a le luxe de jouir de deux programmes très dispendieux, non disponibles ailleurs au pays. Le premier est le programme provincial de garderies à cinq dollars. Créé par le gouvernement péquiste en 1997 et augmenté à 7$ par Charest, , il est aussi populaire que dispendieux : il y a environ 195 000 places de garderies, coûtant approximativement 1,4 milliards de dollars par an. La province affirme maintenant créer 43% des places en garderies d’État au Canada, alors qu’elle ne compte que sur 23% des enfants de moins de 13 ans au pays. Le système public de garderies obtient le crédit de l’augmentation de huit pourcent du taux de natalité québécois en 2006, la première hausse importante depuis des décennies. Néanmoins, cette hausse a un prix. Selon le Conseil du Patronat, la principale fédération québécoise d’employeurs, un place en garderie pour un enfant québécois coûte environ 11 600$, soit le double de la moyenne canadienne. En cinq ans, le coût total du système a augmenté de 140%.
Depuis 1994, le gouvernement du Québec a gelé les frais de scolarité universitaires à 1668$. Aujourd’hui, un étudiant québécois faisant son entrée à l’université paye en moyenne 65% de moins qu’un étudiant ontarien. C’est peut-être une bonne affaire pour les étudiants, mais pas pour les universités. « Les universités québécoises sont sous-financées comparativement aux universités canadiennes et américaines », dit Heather Munroe-Blum, présidente de l’Université McGill. Récemment, le gouvernement Charest a annoncé une hausse de 100$ par étudiant par année, ce que Munroe-Blum qualifie de « très important ». Des frais peu élevés n’ont certainement pas créé plus de diplômés. Le Québec combine en effet le plus faible taux de fréquentation universitaire avec celui du plus faible taux d’achèvement des études, selon l’OCDE.
Depuis la Révolution tranquille, une fonction publique obèse est devenue partie intégrante de la culture politique québécoise. Le nombre de fonctionnaires québécois est deux fois plus élevé qu’en Ontario per capita, dit Pierre-Pascal Gendron, professeur d’économie au Humber College Institute of Technology and Learning de Toronto. « Le secteur public est énorme et ce problème ne s’en va pas ». Les sondages démontrent que les Québécois sont peu disposés à abandonner le filet de sécurité sociale tentaculaire et les emplois gouvernementaux bien rémunérés qui sont devenus partie intégrante du système provincial. En janvier, la firme CROP a effectué un sondage auprès de 1000 Québécois concernant des coupures dans les services gouvernementaux. Les résultats ont démontré que 60% des sondés désiraient que le gouvernement continue de jouer un rôle prépondérant dans la société québécoise. Mais le système devient de plus en plus intenable – 12 cents sur chaque dollar collecté par le gouvernement du Québec va au service du remboursement de la dette, même si les dépenses augmentent sans cesse plus vite que les revenus, selon un rapport dévoilé la semaine dernière par la banque TD.
La somme de tous ses programmes sociaux en or revient à une grosse facture pour les autres Canadiens. « Si vous habitez une autre province, ça signifie que vous payez davantage pour faire vivre le Québec », dit Jason Clemens, directeur des études fiscales à l’Institut Fraser, à propos des transferts fédéraux. « Si vous allez voir un citoyen de la Saskatchewan, où ils viennent tout juste d’entrer dans une phase de croissance et de corriger certains de leurs problèmes, ils se demandent pourquoi ils doivent subventionner de mauvaises politiques dans une autre province ».
Les experts affirment que la piètre performance économique du Québec et sa dépendance envers l’aumône fédérale ont créé un climat d’affaires disfonctionnel, ouvertement hostile à la compétition et à l’entrepeneurship. Prenons comme exemple un incident survenu lors d’un samedi matin glacial de la fin février, où des douzaines de manifestants se sont heurtés contre la police dans le nord de Montréal. Les manifestants n’étaient pas là pour protester contre l’itinérance et la pauvreté, ou même pour s’opposer à la guerre au terrorisme. Non, les activistes aux poings en l’air étaient des vendeurs de voitures. Un des leurs, le concessionnaire Pie IX Dodge-Chrysler, avait osé vendre des voitures la fin de semaine. Il s’agissait là d’une infraction à l’entente vieille de 35 ans interdisant à quiconque de vendre des voitures en ville les samedis et dimanches. Une semaine plus tôt, un vendeur concurrent avait lancé un morceau de glace à Sam Hajjar, le gérant du concessionnaire « fautif ». Cette fois, il était préparé : protection policière, sécurité personnelle privée et chiens de garde étaient prêts. Quelques clients sont parvenus à échapper à la foule en colère mais pas avant que quelqu’un ait abîmé la peinture de deux des modèles en démonstration de Hajjar.
S’il peut sembler pour le moins étrange que les vendeurs de voiture, ces capitalistes sanguinaires, se battent pour ne pas vendre de voitures, il faut prendre en considération la panoplie de statistiques démontrant l’aversion québécoise à la charge de travail nord-américaine typique. Lorsque Bouchard a affirmé que les gens de la province étaient paresseux, on l’a cloué au pilori et qualifié de traître alors qu’il ne citait simplement que les données de Statistiques Canada démontrant que les Québécois travaillaient moins que tout le monde au pays. Dans un rapport daté de l’année dernière, des chercheurs ont découvert que les Québécois travaillaient en moyenne 1750 heures par an, soit 130 de moins qu’en Alberta, détentrice du premier rang. Et la tendance va vers moins d’heures travaillées, et non davantage. La productivité québécoise a décliné entre 1997 et 2005, selon une autre étude de Statistiques Canada.
Une partie du problème réside dans le fait que 44% des Québécois sont titulaires d’un emploi stable, à l’année, comparativement à 57% des Ontariens. Mais il y a plus. Les patrons québécois se sont habitués au fait qu’à chaque jour, un nombre disproportionné de leurs employés ne se présentera pas au travail pour cause de maladie, comparativement aux autres provinces. Les employés à temps plein du Québec ont manqué en moyenne 11,2 jours de travail en 2005, selon Statistiques Canada, comparativement avec les travailleurs apparemment plus en santé de l’Ontario qui n’ont manqué en moyenne que 8,6 jours de travail. Néanmoins, les employés québécois du secteur privé travaillent comme des forcenés si on les compare à leurs collègues de la fonction publique. Un document du Conseil du Trésor obtenu par le Journal de Montréal révèle que les fonctionnaires de la province on manqué 14,14 jours de travail en moyenne pour cause de maladie en 2005, le double de la moyenne nationale. Le rapport affirmait également que le gouvernement du Québec a perdu presque 170 millions de dollars dû à l’absentéisme. Et la situation va en empirant. Selon le rapport, les journées de maladie sont en hausse constante depuis cinq ans.
Les Québécois semblent apprécier leurs temps libres plus que les autres Canadiens. Ils regardent davantage la télévision que les résidents de toutes les provinces sauf le Nouveau-Brunswick, selon Statistiques Canada. Et ils dorment plus (un sondage Léger Marketing démontrait que les Québécois dormaient en moyenne 7,3 heures par nuit contrairement à 6,8 heures pour les Ontariens). Un sondage du Journal de Montréal commandé après les commentaires de Bouchard démontrait que 43% des répondants étaient en désaccord avec ses commentaires sur leurs habitudes de travail. Une proportion équivalente affirmait qu’elle aimerait travailler au même rythme tout en gagnant le même salaire. Mois du tiers disait souhaiter travailler plus fort pour gagner davantage. En fait, 8% travailleraient même pour moins d’argent!
La faible productivité, affirment les économistes, est due aux rigides lois du travail et à une fiscalité punitive. En plus d’avoir les plus hauts taux d’imposition, le Québec est la province la plus syndiquée au Canada – un one-two punch qui a enoyé l’économie québécoise au tapis. Alors que les budgets récents ont tenté d’abaisser le niveau des impôts et la dette, la poigne de fer des syndicats semble être inamovible. Après l’élection d’André Boisclair à la tête du Parti Québécois, il a affirmé que le copinage à la Bernard Landry avec les syndicats était terminé. Mais cette semaine, voyant sa popularité en chute libre dans les sondages, il a accepté l’appui de la Fédération des travailleurs du Québec, la plus puissante centrale syndicale de la province. En 2003, quelques mois après sa victoire fracassante, Jean Charest a tenté d’aller de l’avant avec d’importantes réformes, dirigées entre autres vers une réduction de la taille de l’État et une limitation du pouvoir des syndicats. Il fut forcé d’abandonner ces plans à la suite de grèves massives déclenchées par des milliers de travailleurs bloquant les autoroutes, ralentissant le transport en commun et fermant des garderies. « Quand le public a eut vent de ces projets, il s’est opposé aux baisses d’impôts parce que les baisses d’impôts auraient signifié une réduction de la taille de la fonction publique », dit Gendron, l’économiste.
Les investisseurs étrangers prennent des notes. Aujourd’hui, la part québécoise des investissements étrangers et domestiques au Canada est sous la barre des 18%, selon les économistes, une proportion étonnement basse si on tient compte du poids démographique important de la province et de sa forte réputation dans le domaine de la recherche et du développement. L’automne dernier, le CAI Global Group, une firme de consultants à Montréal, a sondé la perception des entreprises multinationales opérant au Québec, donnant suite à un coup de sonde qu’il avait effectué en 1994. À cette époque, lorsqu’on leur demandait si la province devenait plus globalement compétitive, 70% avaient répondu oui. En 2006, ce pourcentage a chuté à seulement 33%.
Une des inquiétudes majeures pour le Québec est le nombre constant de jeunes gens quittant la province pour aller travailler ailleurs. « Les Québécois votent avec leurs pieds », dit Clemens, de l’Institut Fraser. Entre 1981 et 2005, la province était la seule à se retrouver du côté négatif de la migration interprovinciale nette à chaque année. Même Terre-Neuve, reconnue pour exporter ces jeunes gens vers tous les grands centres économiques, s’est parfois retrouvé du côté positif dans les années 80. Le Québec n’est pas seul à voir un flot de travailleurs fuyant l’est pour profiter du boom de l’ouest. Mais en bout de ligne, le poids démographique du Québec au sein de la population nationale canadienne a chuté à 24,1% en 2001 de 27,9% il y a trente ans.
Il n’y a pas que les Québécois qui soient devenus nonchalants et indifférents avec le malaise profond qui afflige leur province. Le reste du Canada également. Les rumeurs d’un autre important transfert n’ont pas déchainé l’indignation des Canadiens de l’ouest comme par le passé. « L’inquiétude est qu’à mesure que le Québec affirme son statut national, nous verrons de nouvelles demandes pour que le Canada finance ses aspirations », dit Roger Gibbins, directeur du Canada West Foundation, un think-tank de Calgary. « Mais je ne crois pas qu’il y ait beaucoup d’indignation dans l’ouest en raison de l’extraordinaire prospérité en vigueur dans la région. L’animosité ne se rend pas aussi profondément dans nos portefeuilles ». Gibbins dénote également que les Canadiens de l’ouest adopte une vision pragmatique des actions du gouvernement conservateur au Québec. Certes, il est possible que d’importantes sommes d’argent soient nécessaires à Harper pour consolider ses appuis au Québec mais c’est mieux que l’alternative – un retour au gaspillage des libéraux. Beaucoup, bien sûr, dépendra de la situation des provinces de l’ouest suivant les projets d’Ottawa de revoir le système fédéral de péréquation. Une plus grande autonomie en matière de dépenses permettra à l’Alberta d’atténuer son exaspération devant ce nouveau don au Québec.
Quoiqu’une reprisé économique puisse alléger les inquiétudes pendant un certain temps, le Québec devra tôt ou tard confronter les problèmes engendrés par ses largesses et ses dépenses. Il y a quelques signes annonciateurs que les Québécois, grâce à des gens comme Bouchard et Dubuc, commencent à le réaliser. Considérez la récente montée de la conservatrice ADQ, qui attire le vote de la classe moyenne banlieusarde, plus encline à se soucier de la qualité des hôpitaux et des écoles que d’un autre référendum. « La population croit au PQ de moins en moins », dit Julien, le producteur du film. « Nous savons que le Québec va de plus en plus mal économiquement. Et si nous recevons des paiements de transferts, ce n’est certainement pas nous qui enrichissons le reste du Canada ». Néanmoins, peu nombreux sont ceux qui espèrent voir le gagnant de la prochaine élection y aller d’une réingéniérie en profondeur de l’économie québécoise, spécialement en considérant l’apparente disposition du gouvernement fédéral à faire déferler des billets verts dans la province. Les problèmes du Québec resteront probablement encore longtemps les problèmes du Canada.