Le retard économique du Québec
Claude Séguin
Le Devoir
samedi 16 juin 2007
Le Québec se situe parmi les sociétés les plus prospères du monde. Cependant, par rapport à ses voisins, canadiens ou américains, le Québec affiche les résultats parmi les plus bas quant à sa prospérité évaluée par son produit intérieur brut (PIB) par habitant.
En comparaison avec ses voisins canadiens, le Québec continuait en 2004 d’afficher un écart de prospérité de 16 %, ou 6300 $ par habitant. Cet écart existe depuis longtemps. Il était de 2000 $ (12 %) en 1961 et de 5500 $ (18 %) en 1985. Il n’est donc pas lié à une conjoncture exceptionnelle mais plutôt à des facteurs qui sont à l’oeuvre de façon systématique depuis des décennies.
L’enjeu est de taille. Si le Québec affichait une prospérité par habitant équivalente à celle de ses voisins canadiens, les ménages québécois pourraient compter sur une augmentation de leur revenu disponible (après impôts) de 8500 $, soit un gain de plus de 15 %. Les divers ordres de gouvernement au Québec verraient leurs recettes augmenter de plus de 18 milliards de dollars, ce qui va bien au-delà de toutes les estimations du fameux déséquilibre fiscal.
Il est donc opportun de se demander comment on pourrait refermer cet écart de prospérité. Une bonne façon de déblayer le terrain est de tenter d’expliquer quelles sont les composantes de cet écart pour ensuite s’interroger sur des mesures qui pourraient infléchir leur tendance.
Nous utiliserons une méthodologie que l’Institut de compétitivité et de prospérité de Toronto a développée pour analyser l’économie ontarienne et, par la suite, l’économie canadienne. Elle décline les composantes du PIB pour attribuer l’écart total remarqué entre les divers facteurs qui entrent dans sa composition.
Ainsi, notre mesure de prospérité (le PIB par habitant) se compose d’un volet productivité et d’un volet main-d’oeuvre. La combinaison du travail de la main-d’oeuvre présente sur le territoire donné et des outils de production à sa disposition va se matérialiser en production de biens et de services.
Lorsqu’on applique cette méthodologie à la comparaison du Québec avec ses voisins canadiens, on arrive aux conclusions suivantes.
L’écart de prospérité de 6300 $, remarqué en 2004, s’expliquait par des facteurs de productivité équivalents à 2400 $, soit 38 % de l’écart, et par des facteurs de main-d’oeuvre correspondant au solde de 3900 $, soit 62 %.
En analysant les facteurs de productivité, on constate d’abord que le manque à gagner du Québec ne vient pas de sa structure industrielle. La composition de l’activité économique au Québec est moderne et tournée vers l’exportation. On pourrait cependant accroître son efficacité, ce qui ajouterait 1000 $ par habitant, si le Québec affichait le même degré d’efficacité que ses voisins.
On constate aussi que, depuis longtemps, le Québec investit systématiquement moins que ses voisins en capital destiné à accroître la productivité (machinerie, équipement et logiciels). Cela explique 500 $ de l’écart par habitant.
Le degré d’éducation moindre des Québécois explique quant à lui 900 $ de l’écart total. En effet, si la main-d’oeuvre québécoise avait le même degré de scolarité que ses voisins canadiens, les revenus des Québécois auraient été supérieurs de 900 $ par habitant, soit près de sept milliards de dollars de plus. L’essentiel de l’écart vient d’une moins grande scolarisation universitaire et d’un taux de décrochage supérieur au secondaire.
Si les écarts au chapitre de la productivité sont considérables, ceux reliés à la main-d’oeuvre le sont encore plus.
La main-d’oeuvre québécoise
Un avantage de 400 $ par habitant lié au profil de la population disparaît lorsque nous examinons les autres facteurs reliés à la main-d’oeuvre. La participation de la population en âge de travailler au marché du travail a de tout temps été inférieure au Québec qu’ailleurs au Canada. Cet écart s’est rétréci au cours des dix dernières années, notamment à cause d’une plus grande participation féminine, mais en 2004, il expliquait toujours 1100 $ par habitant sur les 3900 $ provenant des facteurs de main-d’oeuvre. On continue de constater un écart croissant dans la participation au marché du travail des hommes de 50 ans et plus, défavorable au Québec.
Parmi ceux qui font partie du marché du travail, seulement une partie a un emploi. Comme le taux de chômage au Québec a été systématiquement au-dessus de ceux prévalant ailleurs au Canada, cette déficience expliquait 700 $ par habitant de manque à gagner sur notre mesure de prospérité en 2004.
Le dernier élément relié à la main-d’oeuvre concerne l’intensité de la main-d’oeuvre en emploi, soit le nombre d’heures travaillées. L’écart du Québec y est significatif et s’est détérioré systématiquement depuis les années 70. Encore ici, ce n’est pas une question de conjoncture. On explique ainsi 2500 $ de l’écart de prospérité, soit 40 %.
Heures travaillées
Cette dernière question soulève toujours de nombreux débats. Les études récentes, dont certaines menées par l’Institut de compétitivité et de prospérité, ont évalué que les Ontariens travaillaient en moyenne, entre 1997 et 2004, un peu plus de trois semaines de moins que leurs vis-à-vis américains et que les Québécois, au cours de la même période, travaillaient deux semaines de moins que les Ontariens.
Les comportements des Québécois ne diffèrent pas totalement de ceux de leurs voisins ontariens. On remarque les mêmes tendances à prendre plus de semaines entières de congé ou de vacances, à plus travailler à temps partiel et à passer moins d’heures par semaine au travail. Toutefois, l’écart de près de deux semaines de travail avec l’Ontario s’explique presque en totalité par le fait qu’un moins grand nombre de Québécois travaillent de « longues semaines » (50 heures et plus) et par une plus grande propension à s’absenter du travail pour des raisons de maladie.
On note de plus qu’une partie plus considérable des travailleurs à temps partiel au Québec le sont de façon involontaire, et ce, quel que soit leur degré d’éducation. Manifestement, plusieurs des travailleurs québécois souhaiteraient travailler davantage.
Ces différences entre les heures travaillées au Québec et en Ontario peuvent aussi être décomposées selon l’appartenance du travailleur au secteur public ou au secteur privé et s’il est syndiqué ou non. Sur la période visée par l’étude québécoise (1997-2004), un employé du secteur public au Québec travaillait l’équivalent de sept semaines de moins que son vis-à-vis du secteur privé. Comme la proportion d’emplois du secteur public (23,1 %) au Québec est plus grande qu’en Ontario (19,5 %), ce facteur représente près de 12,5 % du différentiel Québec-Ontario.
On remarque aussi le même phénomène entre les travailleurs syndiqués et non syndiqués. Les premiers représentent 34,1 % des travailleurs au Québec alors que la proportion ontarienne de travailleurs syndiqués n’est que de 25,3 %. On estime à près de cinq semaines par année le différentiel d’heures travaillées au Québec entre un syndiqué et un non-syndiqué. On explique ainsi près du quart de l’écart Québec-Ontario à ce titre.
Les différentiels privé-public et syndiqué-non-syndiqué ne s’additionnent pas puisque la proportion des emplois syndiqués est très élevée dans le secteur public. On doit cependant retenir qu’une partie plus considérable de la main-d’oeuvre québécoise est active dans un environnement moins « fluide » qu’en Ontario.
Comment agir
Ainsi, plus de 60 % du différentiel entre Québec et le restant du Canada s’explique par des questions reliées à la main-d’oeuvre. On peut supposer qu’une partie des comportements des Québécois sur le marché du travail correspond à des choix qui leur sont personnels. Mais l’ampleur des écarts remarqués laisse penser que d’autres facteurs sont à l’oeuvre et peuvent les expliquer.
Lorsqu’on constate une moins grande participation au marché du travail, on peut penser que les qualifications professionnelles sont souvent en cause. La baisse substantielle au cours des dernières années de la participation des hommes âgés de plus de 50 ans pourrait s’expliquer par l’inadéquation de leurs qualifications et des demandes du marché du travail d’aujourd’hui, notamment à la suite des bouleversements remarqués dans le secteur manufacturier.
Quand 33 % des travailleurs à temps partiel souhaitent travailler à temps plein, il est possible qu’une activité économique accrue les aide à atteindre leur objectif, mais il est aussi possible qu’ils n’aient pas les qualifications requises. C’est donc un vaste programme de requalification professionnelle dont nous avons besoin ici pour corriger la situation actuelle.
Par ailleurs, lorsque des différences considérables d’heures travaillées sont remarquées dans des secteurs économiques précis, on peut supposer qu’il y a des rigidités dans le fonctionnement du marché du travail que nos voisins ne semblent pas avoir. Le secteur de la construction en est probablement un bon exemple.
Le retard au chapitre des investissements ne fait pas de doute. Il remet en question nos politiques de taxation, qui imposent le capital investi trop durement.
L’effort à consacrer à l’éducation est crucial pour accroître la prospérité des Québécois. Il devient critique de mieux financer le secteur universitaire afin d’augmenter la proportion des Québécois ayant un diplôme universitaire et de s’attaquer pour de bon au décrochage scolaire au secondaire. Le secteur professionnel est un pivot essentiel à la requalification des nombreux travailleurs affectés par les bouleversements de l’industrie manufacturière.
Finalement, il faut permettre à la main-d’oeuvre d’être plus souple et plus mobile. Le faible nombre d’heures travaillées cache des rigidités dans plusieurs secteurs de l’économie. Il nous alerte aussi en ce qui a trait aux problèmes de requalification de la main-d’oeuvre. Il est aussi possible que le régime fiscal actuel décourage de travailler un plus grand nombre d’heures en rendant les heures additionnelles « pas assez payantes ».
Bref, voilà des orientations tangibles qui pourraient améliorer la situation sans déclencher de révolution. Encore faut-il en être convaincu !
Il n’est pas essentiel d’être plus prospère. Toutefois, l’ensemble des ménages québécois n’auraient aucune difficulté à s’accommoder de revenus supplémentaires. Le secteur public du Québec non plus !
***
Claude Séguin, Vice-président principal de CGI et ancien sous-ministre des Finances du Québec
20070617
Economic Retard
20070612
Légendes urbaines
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Une fraude intellectuelle
Nathalie Elgrably
Le Journal de Montréal
7 juin 2007
Quand Bev Oda a annoncé qu'il lui est impossible de distribuer avant l'automne les 30 millions que Ottawa a promis pour venir en aide aux festivals, les appuis à la Coalition des festivals n'ont pas tardé à se manifester.
Le Bloc Québécois, le NPD, la Fédération canadienne des municipalités, la Ville de Montréal et le ministre provincial du Développement économique et du Tourisme, Raymond Bachand, ont tous signalé à Ottawa la nécessité de débloquer rapidement les fonds promis en raison de l'importance des retombées économiques que génèrent les festivals.
Le calcul des retombées économiques est souvent présenté comme étant la preuve «scientifique» irréfutable de la légitimité d'une action. Le responsable de la culture à la Ville de Montréal et maire de l'arrondissement de Ville-Marie, Benoît Labonté, déclarait d'ailleurs que les festivals génèrent 200 millions en retombées économiques et créent 12 000 emplois. Mieux encore, il affirmait que chaque dollar «investit» par Ottawa rapporte neuf dollars en recettes fiscales. C'est à se demander pourquoi la Coalition des festivals a besoin d'un lobbyiste pour faire avancer sa cause auprès d'Ottawa.
Si ces calculs reflètent la réalité, pourquoi nous limiter à une centaine de festivals par année? Imaginez donc l'ampleur des retombées économiques si nous en organisions davantage! Et si les recettes fiscales sont effectivement neuf fois plus importantes que la dépense initiale, ne venons-nous pas de découvrir la méthode miracle pour ne plus jamais encourir de déficit budgétaire? Avec un rendement de neuf pour un, les ministres des Finances aux niveaux provincial et fédéral devraient se bousculer pour financer les festivals!
Un mode de divertissement parmi d'autres
Malheureusement, l'argument des retombées économiques est une fraude intellectuelle. Il laisse sous-entendre que l'activité économique prévue dépend exclusivement de la tenue des festivals, car ils font travailler des gens, attirent des spectateurs et profitent ainsi à une multitude de commerces, du fournisseur de «hot-dogs» au fabricant de casquettes, en passant par le producteur de crème solaire. Cette argumentation suggère implicitement que l'absence de festivals privera l'économie locale d'un spectaculaire feu d'artifice économique et que nous serons responsables de notre misère.
Or, un festival n'est qu'un mode de divertissement parmi d'autres. En l'absence de ce genre d'événement, les gens se divertiraient autrement. Ils iraient peut-être davantage au cinéma ou au restaurant. Ainsi, une dépense de 20 $ génère autant de retombées économiques, qu'elle permette de participer à un festival, de voir un film ou de s'offrir un repas. La nature de la dépense détermine quelles industries sont avantagées, mais elle n'affecte en rien l'ampleur de l'activité économique générée.
Déplacement de retombées
Un bémol peut être approprié dans le cas d'événements qui attirent des touristes, car il y a effectivement injection de nouveaux fonds et certaines retombées sont à considérer. Mais sur la centaine de festivals qui animent le Québec, il n'y en a que trois ou quatre qui peuvent réellement prétendre attirer des visiteurs étrangers. Les autres ne font que déplacer des retombées qu'on aurait observées dans un autre secteur.
Quand l'État subventionne les festivals, il prend l'argent des contribuables et permet à une poignée de fonctionnaires de décider à notre place du genre de loisir à encourager. Et comme si tout ceci était insuffisant, nos élus défendent leurs choix en élevant les retombées économiques au rang de faits incontestables alors que ce sont des calculs absurdes fondés sur un concept canularesque. Quelle tristesse!
20070328
Le BS des provinces
Mais y a-t-il vraiment de quoi se réjouir? N'oublions pas que la péréquation est un système qui permet à Ottawa de prendre aux provinces riches pour donner aux provinces pauvres.
La péréquation, ce n'est rien de plus que le BS des provinces. Le principe est donc simple: si le Québec reçoit plus d'argent au titre de la péréquation, c'est qu'il s'appauvrit!
Dans ce contexte, la satisfaction que Messieurs Charest et Dumont ont manifestée à la suite du discours du budget est inappropriée. Un véritable leader ne devrait pas accueillir avec contentement le symbole de notre pauvreté relative, il devrait plutôt s'en inquiéter et la dénoncer.
Les candidats ne tarissent pas de promesses électorales. Malheureusement, aucun ne propose d'enrichir le Québec de telle sorte que nous n'ayons plus besoin de la charité fédérale. Ils se battent pour obtenir plus de péréquation alors qu'ils devraient faire tout en leur pouvoir pour que nous en soyons le moins dépendants possible. Mais quand nos chefs réussiront-ils enfin à vaincre leur réflexe de mendicité?
Quant à M. Boisclair, son attitude est déconcertante. Son désir de souveraineté devrait le motiver à vouloir faire la preuve que le Québec peut se passer d'Ottawa. S'il veut que les Québécois le suivent dans son projet référendaire, il devrait envisager des moyens pour assurer la prospérité du Québec et non entretenir une mentalité de «victime du fédéralisme». N'a-t-il pas compris que les Québécois seraient plus disposés à se séparer du reste de Canada s'ils faisaient partie des provinces qui financent la péréquation plutôt que de celles qui en bénéficient?
20070321
François Legault

Comme attendu, le cadre financier de l'Action démocratique du Québec (ADQ) n'a pas tardé à soulever des réactions, hostiles s'entend, de la part des adversaires politiques.
Le critique péquiste en matière de finances s'est demandé comment l'ADQ compte régler les problèmes de santé avec seulement 145 millions destinés aux cliniques privées et aux coopératives de santé. Il a rappelé que son parti prévoit un investissement de 1,2 milliard en santé.
Il a jugé aussi irréaliste le projet adéquiste de replacer en emploi, en l'espace de neuf mois seulement, quelque 25 000 assistés sociaux. « Ça ne fait pas sérieux, c'est un travail de cégépien, de quelqu'un qui n'a jamais gouverné [...] », a commenté François Legault.
Hmmm... François Legault, c'est pas le bouffon qui nous avait sorti le budget de l'an 1, ça? Vous savez, le "budget" imaginaire d'un éventuel Québec souverain ayant été démoli et ridiculisé par grosso modo tout ce que la province compte d'économistes et d'analystes financiers, hormis Léo-Paul Lauzon...
Le National Post démolit le budget Flaherty [2e partie]
At various points in the course of its 477 pages, the budget pauses to declare itself "historic." As in: "Budget 2007 makes a historic investment of ..." Or: "Budget 2007 takes historic action to..." They got that right. With this budget, Jim Flaherty officially becomes the biggest spending finance minister in the history of Canada.
It's true. The $200-billion Mr. Flaherty proposes to spend this year works out to about $5,800 for every citizen. Even after you adjust for increases in prices and population, that's more than the Martin government spent at its frenetic worst, when it was almost shovelling the stuff out the door. It is more than the Mulroney government spent in its last days, when it was past caring. It is more than the Trudeau government spent in the depths of the early 1980s recession. All of these past benchmarks of over-the-top, out-of-control spending must now be retired. Jim Flaherty has outdone them all.
In two years of this "conservative" government, spending has climbed a historic $25-billion. Bear in mind: that's on top of the wild rise in spending during the Liberals' last term. The Tories have taken all of that fat, all of that waste, and all of those hundreds of priorities --and added to them.
Is this what you voted for, you loyal Conservative followers? Is this what you suffered for, through all those long years of Liberal rule, dreaming of the Conservative revolution to come? "Hiring 50% more environmental enforcement officers?" Increasing "the share of meal expenses that long-haul truck drivers can deduct?" Tax credits for lacrosse? Exactly how does this differ from any Liberal budget -- other than outspending them, I mean?
What was it Stephen Harper was saying the other day, about the people who didn't have the time to organize a protest or the money to hire a lobbyist? Well, they're the ones that got left out of this budget: the common, ordinary, undifferentiated taxpayers. If you perform little tricks for the government, do the things it wants you to do -- ride the bus, live past 65, invest in a manufacturing company -- you get a cookie. But there isn't one real, honest-to-God, across-the-board tax cut in the entire document. The government that raised personal income tax rates in 2006 cannot scrounge up enough revenues to lower them in 2007.
Of course they can't: They gave it all to the provinces. The ad hoc mess that Mr. Martin made of the equalization program -- it was equalization, without the equalization -- has been replaced with a carefully rationalized, formula-run, principle- based mess
[...] equalization, at a time of shrinking disparities between the provinces, will grow by $1.5-billion. And Quebec's share? Why, all of it, of course. (More than all of it, in fact: Don't ask me how, but Quebec gets 109% of the increase.) Even Gilles Duceppe could not think of a way to find this humiliating.
It is good news, at least, that the "fiscal imbalance," the notion that Ottawa is systematically stiffing the provinces -- a rank falsehood, but appealing in its simplicity -- somehow wandered into the impenetrable thicket of equalization and got lost. But what a price! All told, this year the federal government will transfer $43-billion, a fifth of every dollar it collects, to other levels of government [...]
Le National Post démolit le budget Flaherty
Instead of a budget true to Conservative themes and commitments as we have come to know them in recent years — tax cuts, smaller government, tight spending controls — Finance Minister James Flaherty delivered a truckload of blarney. The leftist media used to warn of a Tory hidden agenda. They were right. Yesterday Mr. Flaherty unveiled so many previously unheard-of Tory themes and agenda items he could win a starring role on a Las Vegas stage as an illusionist.
From no hidden agenda to a thousand hidden agendas. A large number of these new measures are even desirable, from corporate tax cuts to raising to $400 the value of goods travellers can bring back to Canada after a 48-hour trip abroad. There are dozens of such items, but for each good one there are matching programs and measures that need not have seen the light.
Some of the tax measures make sense, such as more realistic capital cost allowance provisions and a promise to keep reducing corporate tax rates, although the changes are small and dragged out over years. Some, including Roger Martin and Jim Milway on this page, see the tax moves as beneficial, and well they may be in some sense.
But they are nothing compared with the continued drag Ottawa and the provinces impose on the economy by simply taking up so much of what Canadians earn and could be spending on other things besides government priorities.
The tax measures, in short, are all minor events against the massively expanding scale of government revenue and spending. As others note through the National Post today, spending is soaring and any hints of significant future tax cuts have evaporated. All we are left with is the gimmick of the tax-back guarantee, in which the tax cuts will be limited to the amount of interest saved on the money used to reduce the national debt.
What all this means is that taxable Canadians now have no hope of meaningful tax cuts — the Tories are certainly not going to run on a tax-cut platform in the next campaign. And, logically, there is now no hope of a government that aims to cut spending.
Le budget fédéral vu du Canada anglais
This is just so brazen it's almost charming. Years of crying poor over the alleged "fiscal imbalance," how they couldn't afford to provide essential public services and it was all la faute du fédérale, how "the feds have the money but the provinces have the needs," and what do they do? They use the money to cut taxes!...
Marvellous. Taxpayers in the rest of Canada pay higher taxes, so that Quebec's can pay lower. Companies in Ottawa get to subsidize their competitors in Hull.
Of course, if the PQ gets in, they'll use the same money to pay for a referendum, so...
20070320
En voilà une autre
*Les commentaires en bas d'écran ne sont pas de moi.
Voir également ici et ici.
Charron en remet encore
Pour de plus amples analyses électorales toutes plus impartiales les unes que les autres de ce Grand Esprit Éclairé qu'est Claude Charron, cliquez ici.
20070319
Le temps de la quête
"Ce prétendu règlement du déséquilibre fiscal par le gouvernement Harper constitue la plus grosse « commandite » de notre histoire, la plus grossière manoeuvre pour court-circuiter la démocratie québécoise, pour manipuler l’opinion publique, pour acheter l’allégeance des Québécois avec leur propre argent."
Faites-moi rire...
Après nous avoir emmerdé pendant quatre ans avec le "déséquilibre fiscal", son règlement imminent ne serait soudain rien de moins qu'un assaut machiavélique pour "court-circuiter la démocratie québécoise"...
Le gouvernement fédéral est aux souverainistes québécois ce qu'Israël est aux musulmans: un échappatoire commode pour masquer leurs propres échecs, leur propre incompétence, leur propre insignifiance et par dessus tout, leur propre incapacité à gérer leurs affaires intelligemment.
Affirmer que l'on tente "d'acheter les Québécois avec leur propre argent" relève du délire pur et simple. Cet argent n'est rien d'autre qu'un transfert de fonds des provinces riches vers une province pauvre (le Québec). Ou si vous préférez, un chèque de BS bonifié.
Écrire un telle idiotie, eh bien c'est un peu comme si un Somalien déclarait que l'aide internationale reçue par son pays lui revenait de droit. Qu'on lui retournait une somme qu'on lui aurait volé. Bref, c'est n'importe quoi.
Le Québec vit au crochet des autres provinces depuis des lunes. Le "déséquilibre fiscal" tient simplement à ce que le gouvernement fédéral, depuis une dizaine d'années environ, gère ses affaires de façon intelligente et engendre des milliards en surplus budgétaires, tandis que le Québec, pourtant pauvre comme Job, dépense de façon irresponsable dans une panoplie de programmes sociaux et autres services tout aussi inefficients qu'inutiles dont il n'a pas les moyens de se payer. C'est aussi simple que ça.
Cet argent s'ajoute aux milliards que le Québec reçoit déjà du fédéral, argent qui n'est pas non plus "son argent" mais bien celui des Albertains et des Ontariens, qui de leur côté reçoivent en transferts fédéraux un montant nettement inférieur à celui qu'ils versent.
Autrement dit, ce sont "eux" et non "nous" qui paient pour le gel des frais de scolarité, les CPE, les tarifs d'électricité à rabais, etc.
Regardez bien nos politiciens sans orgueil s'auto-congratuler du montant de l'aumône, fiers de leurs statuts d'éternels assistés recevant le même chèque à deux adresses.
Y'a pas de quoi être fiers...
20070317
Music to my ears
Mario Dumont demeure évasif sur le modèle de gouvernement qu'il veut diriger, mais chose certaine il entend bien diminuer la taille de l'État, sabrer dans les dépenses, et réduire le nombre total de fonctionnaires.
Source: PC/Matinternet
20070316
Le Deadbeat [traduction]
Pour ceux habitant à l’extérieur du Québec, le film L’Illusion Tranquillle pourrait sembler aussi intéressant que de regarder de la poutine figer. Dans son attaque en règle contre le populaire modèle interventionniste québécois et l’obsession séparatiste, le documentaire d’une heure se base sur une panoplie d’entretiens réalisés avec des universitaires, des journalistes et sur un panel d’étudiants discutant de modèles fiscaux et d’ancienneté. Pas très divertissant.
Mais le documentaire, réalisé sans aucune subvention et présenté dans une poignée de salles à travers le Québec, a provoqué une véritable crise de conscience au sein des médias de la province et des milieux culturels, simplement en affirmant ce qui devient de plus en plus évident : le Québec est fauché. Affligé du plus haut taux d’imposition, de la plus important dette provinciale et de l’une des populations les plus âgées d’Amérique du Nord, le Québec est sur la voie de la faillite.
L’Illusion Tranquille affirme que l’éternelle poursuite de la séparation par le Parti Québécois n’a servi qu’à distraire et mettre en péril l’ensemble des Québécois. La réaction des séparatistes fut rapide et prévisible. « Ces gens supposément lucides ne font qu’émettre clichés par-dessus clichés », a écrit Louis Cornellier du quotidien nationaliste Le Devoir. Ce qui est plus surprenant, c’est à quel point de nombreux collègues de Cornellier se sont portés à la défense du film. « Ce film est aux finances du Québec ce que Une vérité qui dérange d’Al Gore est aux changements climatiques », a écrit Richard Martineau du Journal de Montréal. Joanne Marcotte et Denis Julien, le couple ayant produit le film, ont été reçus de façon positive dans les médias. Pour Julien, le succès du film s’explique facilement : « Notre système a atteint ses limites. Nous sommes en très mauvaise posture et les Québécois commencent à le réaliser ».
Il est à peu près temps. Même un regard rapide sur des décennies de données permet de voir que le Québec est dans une très, très mauvaise situation. Depuis des années, la productivité a ralenti alors que la dette a explosé. On prévoit qu’elle atteindra 127 milliards de dollars d’ici la fin de l’année prochaine, soit environ 17 000$ par Québécois. Les budgets provinciaux sont fortement dépendants des transferts fédéraux et les efforts pour réformer l’économie ont été torpillés par de puissants syndicats et un profond attachement envers le dispendieux modèle social, causant des dégâts majeurs au sein des finances publiques. Comme un groupe d’universitaires et de leaders du monde des affaires l’écrivaient dans un manifeste en 2005 : « en termes financiers, le gouvernement du Québec se compare à un gros albatros incapable de prendre son envol ».
Les choses vont si mal que le PIB du Québec se classe au 54e rang sur 60 provinces et États en Amérique du Nord – derrière plusieurs ne pouvant compter que sur une fraction de sa population et de ses ressources. Il est derrière le Montana et l’Arkansas, par exemple, et ne détient qu’une légère avance sur le Mississippi. Le PIB est usuellement 20% derrière celui de l’Ontario, son cousin géographique et économique le plus proche. « Au Québec, la richesse d’une famille de quatre est de 21 028$ inférieure à celle d’une famille semblable dans l’État du Maine », écrit Alain Dubuc dans son livre Éloge de la Richesse. « Comme se fait-il qu’une économie comme celle du Québec, avec autant de potentiel, ne puisse créer plus de richesse? »
Les Canadiens se demanderont bientôt la même chose, alors que la crise économique du Québec se retrouvera aux avant-postes de la scène nationale. Le Premier ministre Stephen Harper a laissé entendre que le budget du 19 mars fera les premiers pas vers un règlement du « déséquilibre fiscal ». Traduction : un lourd transfert au Québec, qui reçoit déjà 2,2 milliards de dollars de plus du gouvernement fédéral qu’il ne paie. L’argent du fédéral est déjà un dossier politique fumant au Québec à l’aube de l’élection provinciale, prévue une semaine seulement après le dépôt du budget fédéral. Quand le Premier ministre Jean Charest a laissé entendre l’autre jour qu’une élection du Parti Québécois mettrait un frein à la générosité du fédéral, le leader péquiste André Boisclair l’a accusé de tenter de faire chanter les Québécois à voter libéral.
« Le problème est que le Canada subventionne une province qui non seulement vit une crise des finances publiques, mais qui ne semble pas intéressée du tout à s’en sortir », dit Claude Montmarquette, professeur d’économie à l’Université de Montréal et un des signataires du manifeste de Bouchard. « Nous recevons d’importantes sommes du reste du Canada et également un laissez-passer pour dépenser énormément d’argent pour des programmes sociaux que les autres paient en grande partie pour nous », dit-il. « Alors pourquoi devrions-nous changer avant de frapper le mur? Et ça s’en vient ».
Alors que toutes les provinces canadiennes consacrent un large pourcentage de leurs budgets à des secteurs comme la santé, les programmes sociaux québécois sont de loin les plus généreux. Le Québec a le luxe de jouir de deux programmes très dispendieux, non disponibles ailleurs au pays. Le premier est le programme provincial de garderies à cinq dollars. Créé par le gouvernement péquiste en 1997 et augmenté à 7$ par Charest, , il est aussi populaire que dispendieux : il y a environ 195 000 places de garderies, coûtant approximativement 1,4 milliards de dollars par an. La province affirme maintenant créer 43% des places en garderies d’État au Canada, alors qu’elle ne compte que sur 23% des enfants de moins de 13 ans au pays. Le système public de garderies obtient le crédit de l’augmentation de huit pourcent du taux de natalité québécois en 2006, la première hausse importante depuis des décennies. Néanmoins, cette hausse a un prix. Selon le Conseil du Patronat, la principale fédération québécoise d’employeurs, un place en garderie pour un enfant québécois coûte environ 11 600$, soit le double de la moyenne canadienne. En cinq ans, le coût total du système a augmenté de 140%.
Depuis 1994, le gouvernement du Québec a gelé les frais de scolarité universitaires à 1668$. Aujourd’hui, un étudiant québécois faisant son entrée à l’université paye en moyenne 65% de moins qu’un étudiant ontarien. C’est peut-être une bonne affaire pour les étudiants, mais pas pour les universités. « Les universités québécoises sont sous-financées comparativement aux universités canadiennes et américaines », dit Heather Munroe-Blum, présidente de l’Université McGill. Récemment, le gouvernement Charest a annoncé une hausse de 100$ par étudiant par année, ce que Munroe-Blum qualifie de « très important ». Des frais peu élevés n’ont certainement pas créé plus de diplômés. Le Québec combine en effet le plus faible taux de fréquentation universitaire avec celui du plus faible taux d’achèvement des études, selon l’OCDE.
Depuis la Révolution tranquille, une fonction publique obèse est devenue partie intégrante de la culture politique québécoise. Le nombre de fonctionnaires québécois est deux fois plus élevé qu’en Ontario per capita, dit Pierre-Pascal Gendron, professeur d’économie au Humber College Institute of Technology and Learning de Toronto. « Le secteur public est énorme et ce problème ne s’en va pas ». Les sondages démontrent que les Québécois sont peu disposés à abandonner le filet de sécurité sociale tentaculaire et les emplois gouvernementaux bien rémunérés qui sont devenus partie intégrante du système provincial. En janvier, la firme CROP a effectué un sondage auprès de 1000 Québécois concernant des coupures dans les services gouvernementaux. Les résultats ont démontré que 60% des sondés désiraient que le gouvernement continue de jouer un rôle prépondérant dans la société québécoise. Mais le système devient de plus en plus intenable – 12 cents sur chaque dollar collecté par le gouvernement du Québec va au service du remboursement de la dette, même si les dépenses augmentent sans cesse plus vite que les revenus, selon un rapport dévoilé la semaine dernière par la banque TD.
La somme de tous ses programmes sociaux en or revient à une grosse facture pour les autres Canadiens. « Si vous habitez une autre province, ça signifie que vous payez davantage pour faire vivre le Québec », dit Jason Clemens, directeur des études fiscales à l’Institut Fraser, à propos des transferts fédéraux. « Si vous allez voir un citoyen de la Saskatchewan, où ils viennent tout juste d’entrer dans une phase de croissance et de corriger certains de leurs problèmes, ils se demandent pourquoi ils doivent subventionner de mauvaises politiques dans une autre province ».
Les experts affirment que la piètre performance économique du Québec et sa dépendance envers l’aumône fédérale ont créé un climat d’affaires disfonctionnel, ouvertement hostile à la compétition et à l’entrepeneurship. Prenons comme exemple un incident survenu lors d’un samedi matin glacial de la fin février, où des douzaines de manifestants se sont heurtés contre la police dans le nord de Montréal. Les manifestants n’étaient pas là pour protester contre l’itinérance et la pauvreté, ou même pour s’opposer à la guerre au terrorisme. Non, les activistes aux poings en l’air étaient des vendeurs de voitures. Un des leurs, le concessionnaire Pie IX Dodge-Chrysler, avait osé vendre des voitures la fin de semaine. Il s’agissait là d’une infraction à l’entente vieille de 35 ans interdisant à quiconque de vendre des voitures en ville les samedis et dimanches. Une semaine plus tôt, un vendeur concurrent avait lancé un morceau de glace à Sam Hajjar, le gérant du concessionnaire « fautif ». Cette fois, il était préparé : protection policière, sécurité personnelle privée et chiens de garde étaient prêts. Quelques clients sont parvenus à échapper à la foule en colère mais pas avant que quelqu’un ait abîmé la peinture de deux des modèles en démonstration de Hajjar.
S’il peut sembler pour le moins étrange que les vendeurs de voiture, ces capitalistes sanguinaires, se battent pour ne pas vendre de voitures, il faut prendre en considération la panoplie de statistiques démontrant l’aversion québécoise à la charge de travail nord-américaine typique. Lorsque Bouchard a affirmé que les gens de la province étaient paresseux, on l’a cloué au pilori et qualifié de traître alors qu’il ne citait simplement que les données de Statistiques Canada démontrant que les Québécois travaillaient moins que tout le monde au pays. Dans un rapport daté de l’année dernière, des chercheurs ont découvert que les Québécois travaillaient en moyenne 1750 heures par an, soit 130 de moins qu’en Alberta, détentrice du premier rang. Et la tendance va vers moins d’heures travaillées, et non davantage. La productivité québécoise a décliné entre 1997 et 2005, selon une autre étude de Statistiques Canada.
Une partie du problème réside dans le fait que 44% des Québécois sont titulaires d’un emploi stable, à l’année, comparativement à 57% des Ontariens. Mais il y a plus. Les patrons québécois se sont habitués au fait qu’à chaque jour, un nombre disproportionné de leurs employés ne se présentera pas au travail pour cause de maladie, comparativement aux autres provinces. Les employés à temps plein du Québec ont manqué en moyenne 11,2 jours de travail en 2005, selon Statistiques Canada, comparativement avec les travailleurs apparemment plus en santé de l’Ontario qui n’ont manqué en moyenne que 8,6 jours de travail. Néanmoins, les employés québécois du secteur privé travaillent comme des forcenés si on les compare à leurs collègues de la fonction publique. Un document du Conseil du Trésor obtenu par le Journal de Montréal révèle que les fonctionnaires de la province on manqué 14,14 jours de travail en moyenne pour cause de maladie en 2005, le double de la moyenne nationale. Le rapport affirmait également que le gouvernement du Québec a perdu presque 170 millions de dollars dû à l’absentéisme. Et la situation va en empirant. Selon le rapport, les journées de maladie sont en hausse constante depuis cinq ans.
Les Québécois semblent apprécier leurs temps libres plus que les autres Canadiens. Ils regardent davantage la télévision que les résidents de toutes les provinces sauf le Nouveau-Brunswick, selon Statistiques Canada. Et ils dorment plus (un sondage Léger Marketing démontrait que les Québécois dormaient en moyenne 7,3 heures par nuit contrairement à 6,8 heures pour les Ontariens). Un sondage du Journal de Montréal commandé après les commentaires de Bouchard démontrait que 43% des répondants étaient en désaccord avec ses commentaires sur leurs habitudes de travail. Une proportion équivalente affirmait qu’elle aimerait travailler au même rythme tout en gagnant le même salaire. Mois du tiers disait souhaiter travailler plus fort pour gagner davantage. En fait, 8% travailleraient même pour moins d’argent!
La faible productivité, affirment les économistes, est due aux rigides lois du travail et à une fiscalité punitive. En plus d’avoir les plus hauts taux d’imposition, le Québec est la province la plus syndiquée au Canada – un one-two punch qui a enoyé l’économie québécoise au tapis. Alors que les budgets récents ont tenté d’abaisser le niveau des impôts et la dette, la poigne de fer des syndicats semble être inamovible. Après l’élection d’André Boisclair à la tête du Parti Québécois, il a affirmé que le copinage à la Bernard Landry avec les syndicats était terminé. Mais cette semaine, voyant sa popularité en chute libre dans les sondages, il a accepté l’appui de la Fédération des travailleurs du Québec, la plus puissante centrale syndicale de la province. En 2003, quelques mois après sa victoire fracassante, Jean Charest a tenté d’aller de l’avant avec d’importantes réformes, dirigées entre autres vers une réduction de la taille de l’État et une limitation du pouvoir des syndicats. Il fut forcé d’abandonner ces plans à la suite de grèves massives déclenchées par des milliers de travailleurs bloquant les autoroutes, ralentissant le transport en commun et fermant des garderies. « Quand le public a eut vent de ces projets, il s’est opposé aux baisses d’impôts parce que les baisses d’impôts auraient signifié une réduction de la taille de la fonction publique », dit Gendron, l’économiste.
Les investisseurs étrangers prennent des notes. Aujourd’hui, la part québécoise des investissements étrangers et domestiques au Canada est sous la barre des 18%, selon les économistes, une proportion étonnement basse si on tient compte du poids démographique important de la province et de sa forte réputation dans le domaine de la recherche et du développement. L’automne dernier, le CAI Global Group, une firme de consultants à Montréal, a sondé la perception des entreprises multinationales opérant au Québec, donnant suite à un coup de sonde qu’il avait effectué en 1994. À cette époque, lorsqu’on leur demandait si la province devenait plus globalement compétitive, 70% avaient répondu oui. En 2006, ce pourcentage a chuté à seulement 33%.
Une des inquiétudes majeures pour le Québec est le nombre constant de jeunes gens quittant la province pour aller travailler ailleurs. « Les Québécois votent avec leurs pieds », dit Clemens, de l’Institut Fraser. Entre 1981 et 2005, la province était la seule à se retrouver du côté négatif de la migration interprovinciale nette à chaque année. Même Terre-Neuve, reconnue pour exporter ces jeunes gens vers tous les grands centres économiques, s’est parfois retrouvé du côté positif dans les années 80. Le Québec n’est pas seul à voir un flot de travailleurs fuyant l’est pour profiter du boom de l’ouest. Mais en bout de ligne, le poids démographique du Québec au sein de la population nationale canadienne a chuté à 24,1% en 2001 de 27,9% il y a trente ans.
Il n’y a pas que les Québécois qui soient devenus nonchalants et indifférents avec le malaise profond qui afflige leur province. Le reste du Canada également. Les rumeurs d’un autre important transfert n’ont pas déchainé l’indignation des Canadiens de l’ouest comme par le passé. « L’inquiétude est qu’à mesure que le Québec affirme son statut national, nous verrons de nouvelles demandes pour que le Canada finance ses aspirations », dit Roger Gibbins, directeur du Canada West Foundation, un think-tank de Calgary. « Mais je ne crois pas qu’il y ait beaucoup d’indignation dans l’ouest en raison de l’extraordinaire prospérité en vigueur dans la région. L’animosité ne se rend pas aussi profondément dans nos portefeuilles ». Gibbins dénote également que les Canadiens de l’ouest adopte une vision pragmatique des actions du gouvernement conservateur au Québec. Certes, il est possible que d’importantes sommes d’argent soient nécessaires à Harper pour consolider ses appuis au Québec mais c’est mieux que l’alternative – un retour au gaspillage des libéraux. Beaucoup, bien sûr, dépendra de la situation des provinces de l’ouest suivant les projets d’Ottawa de revoir le système fédéral de péréquation. Une plus grande autonomie en matière de dépenses permettra à l’Alberta d’atténuer son exaspération devant ce nouveau don au Québec.
Quoiqu’une reprisé économique puisse alléger les inquiétudes pendant un certain temps, le Québec devra tôt ou tard confronter les problèmes engendrés par ses largesses et ses dépenses. Il y a quelques signes annonciateurs que les Québécois, grâce à des gens comme Bouchard et Dubuc, commencent à le réaliser. Considérez la récente montée de la conservatrice ADQ, qui attire le vote de la classe moyenne banlieusarde, plus encline à se soucier de la qualité des hôpitaux et des écoles que d’un autre référendum. « La population croit au PQ de moins en moins », dit Julien, le producteur du film. « Nous savons que le Québec va de plus en plus mal économiquement. Et si nous recevons des paiements de transferts, ce n’est certainement pas nous qui enrichissons le reste du Canada ». Néanmoins, peu nombreux sont ceux qui espèrent voir le gagnant de la prochaine élection y aller d’une réingéniérie en profondeur de l’économie québécoise, spécialement en considérant l’apparente disposition du gouvernement fédéral à faire déferler des billets verts dans la province. Les problèmes du Québec resteront probablement encore longtemps les problèmes du Canada.