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20070625

Apocalypse Now

"Ce qui menace la planète, ce n'est pas le réchauffement climatique mais les politiques économiques stupides qui pourraient en dériver."

- Gary Becker, Prix Nobel d'économie et professeur à l'Université de Chicago

20070617

Economic Retard

Le retard économique du Québec
Claude Séguin
Le Devoir
samedi 16 juin 2007


Le Québec se situe parmi les sociétés les plus prospères du monde. Cependant, par rapport à ses voisins, canadiens ou américains, le Québec affiche les résultats parmi les plus bas quant à sa prospérité évaluée par son produit intérieur brut (PIB) par habitant.

En comparaison avec ses voisins canadiens, le Québec continuait en 2004 d’afficher un écart de prospérité de 16 %, ou 6300 $ par habitant. Cet écart existe depuis longtemps. Il était de 2000 $ (12 %) en 1961 et de 5500 $ (18 %) en 1985. Il n’est donc pas lié à une conjoncture exceptionnelle mais plutôt à des facteurs qui sont à l’oeuvre de façon systématique depuis des décennies.

L’enjeu est de taille. Si le Québec affichait une prospérité par habitant équivalente à celle de ses voisins canadiens, les ménages québécois pourraient compter sur une augmentation de leur revenu disponible (après impôts) de 8500 $, soit un gain de plus de 15 %. Les divers ordres de gouvernement au Québec verraient leurs recettes augmenter de plus de 18 milliards de dollars, ce qui va bien au-delà de toutes les estimations du fameux déséquilibre fiscal.

Il est donc opportun de se demander comment on pourrait refermer cet écart de prospérité. Une bonne façon de déblayer le terrain est de tenter d’expliquer quelles sont les composantes de cet écart pour ensuite s’interroger sur des mesures qui pourraient infléchir leur tendance.

Nous utiliserons une méthodologie que l’Institut de compétitivité et de prospérité de Toronto a développée pour analyser l’économie ontarienne et, par la suite, l’économie canadienne. Elle décline les composantes du PIB pour attribuer l’écart total remarqué entre les divers facteurs qui entrent dans sa composition.

Ainsi, notre mesure de prospérité (le PIB par habitant) se compose d’un volet productivité et d’un volet main-d’oeuvre. La combinaison du travail de la main-d’oeuvre présente sur le territoire donné et des outils de production à sa disposition va se matérialiser en production de biens et de services.

Lorsqu’on applique cette méthodologie à la comparaison du Québec avec ses voisins canadiens, on arrive aux conclusions suivantes.

L’écart de prospérité de 6300 $, remarqué en 2004, s’expliquait par des facteurs de productivité équivalents à 2400 $, soit 38 % de l’écart, et par des facteurs de main-d’oeuvre correspondant au solde de 3900 $, soit 62 %.

En analysant les facteurs de productivité, on constate d’abord que le manque à gagner du Québec ne vient pas de sa structure industrielle. La composition de l’activité économique au Québec est moderne et tournée vers l’exportation. On pourrait cependant accroître son efficacité, ce qui ajouterait 1000 $ par habitant, si le Québec affichait le même degré d’efficacité que ses voisins.

On constate aussi que, depuis longtemps, le Québec investit systématiquement moins que ses voisins en capital destiné à accroître la productivité (machinerie, équipement et logiciels). Cela explique 500 $ de l’écart par habitant.

Le degré d’éducation moindre des Québécois explique quant à lui 900 $ de l’écart total. En effet, si la main-d’oeuvre québécoise avait le même degré de scolarité que ses voisins canadiens, les revenus des Québécois auraient été supérieurs de 900 $ par habitant, soit près de sept milliards de dollars de plus. L’essentiel de l’écart vient d’une moins grande scolarisation universitaire et d’un taux de décrochage supérieur au secondaire.

Si les écarts au chapitre de la productivité sont considérables, ceux reliés à la main-d’oeuvre le sont encore plus.

La main-d’oeuvre québécoise

Un avantage de 400 $ par habitant lié au profil de la population disparaît lorsque nous examinons les autres facteurs reliés à la main-d’oeuvre. La participation de la population en âge de travailler au marché du travail a de tout temps été inférieure au Québec qu’ailleurs au Canada. Cet écart s’est rétréci au cours des dix dernières années, notamment à cause d’une plus grande participation féminine, mais en 2004, il expliquait toujours 1100 $ par habitant sur les 3900 $ provenant des facteurs de main-d’oeuvre. On continue de constater un écart croissant dans la participation au marché du travail des hommes de 50 ans et plus, défavorable au Québec.

Parmi ceux qui font partie du marché du travail, seulement une partie a un emploi. Comme le taux de chômage au Québec a été systématiquement au-dessus de ceux prévalant ailleurs au Canada, cette déficience expliquait 700 $ par habitant de manque à gagner sur notre mesure de prospérité en 2004.

Le dernier élément relié à la main-d’oeuvre concerne l’intensité de la main-d’oeuvre en emploi, soit le nombre d’heures travaillées. L’écart du Québec y est significatif et s’est détérioré systématiquement depuis les années 70. Encore ici, ce n’est pas une question de conjoncture. On explique ainsi 2500 $ de l’écart de prospérité, soit 40 %.

Heures travaillées

Cette dernière question soulève toujours de nombreux débats. Les études récentes, dont certaines menées par l’Institut de compétitivité et de prospérité, ont évalué que les Ontariens travaillaient en moyenne, entre 1997 et 2004, un peu plus de trois semaines de moins que leurs vis-à-vis américains et que les Québécois, au cours de la même période, travaillaient deux semaines de moins que les Ontariens.

Les comportements des Québécois ne diffèrent pas totalement de ceux de leurs voisins ontariens. On remarque les mêmes tendances à prendre plus de semaines entières de congé ou de vacances, à plus travailler à temps partiel et à passer moins d’heures par semaine au travail. Toutefois, l’écart de près de deux semaines de travail avec l’Ontario s’explique presque en totalité par le fait qu’un moins grand nombre de Québécois travaillent de « longues semaines » (50 heures et plus) et par une plus grande propension à s’absenter du travail pour des raisons de maladie.

On note de plus qu’une partie plus considérable des travailleurs à temps partiel au Québec le sont de façon involontaire, et ce, quel que soit leur degré d’éducation. Manifestement, plusieurs des travailleurs québécois souhaiteraient travailler davantage.

Ces différences entre les heures travaillées au Québec et en Ontario peuvent aussi être décomposées selon l’appartenance du travailleur au secteur public ou au secteur privé et s’il est syndiqué ou non. Sur la période visée par l’étude québécoise (1997-2004), un employé du secteur public au Québec travaillait l’équivalent de sept semaines de moins que son vis-à-vis du secteur privé. Comme la proportion d’emplois du secteur public (23,1 %) au Québec est plus grande qu’en Ontario (19,5 %), ce facteur représente près de 12,5 % du différentiel Québec-Ontario.

On remarque aussi le même phénomène entre les travailleurs syndiqués et non syndiqués. Les premiers représentent 34,1 % des travailleurs au Québec alors que la proportion ontarienne de travailleurs syndiqués n’est que de 25,3 %. On estime à près de cinq semaines par année le différentiel d’heures travaillées au Québec entre un syndiqué et un non-syndiqué. On explique ainsi près du quart de l’écart Québec-Ontario à ce titre.

Les différentiels privé-public et syndiqué-non-syndiqué ne s’additionnent pas puisque la proportion des emplois syndiqués est très élevée dans le secteur public. On doit cependant retenir qu’une partie plus considérable de la main-d’oeuvre québécoise est active dans un environnement moins « fluide » qu’en Ontario.

Comment agir

Ainsi, plus de 60 % du différentiel entre Québec et le restant du Canada s’explique par des questions reliées à la main-d’oeuvre. On peut supposer qu’une partie des comportements des Québécois sur le marché du travail correspond à des choix qui leur sont personnels. Mais l’ampleur des écarts remarqués laisse penser que d’autres facteurs sont à l’oeuvre et peuvent les expliquer.

Lorsqu’on constate une moins grande participation au marché du travail, on peut penser que les qualifications professionnelles sont souvent en cause. La baisse substantielle au cours des dernières années de la participation des hommes âgés de plus de 50 ans pourrait s’expliquer par l’inadéquation de leurs qualifications et des demandes du marché du travail d’aujourd’hui, notamment à la suite des bouleversements remarqués dans le secteur manufacturier.

Quand 33 % des travailleurs à temps partiel souhaitent travailler à temps plein, il est possible qu’une activité économique accrue les aide à atteindre leur objectif, mais il est aussi possible qu’ils n’aient pas les qualifications requises. C’est donc un vaste programme de requalification professionnelle dont nous avons besoin ici pour corriger la situation actuelle.

Par ailleurs, lorsque des différences considérables d’heures travaillées sont remarquées dans des secteurs économiques précis, on peut supposer qu’il y a des rigidités dans le fonctionnement du marché du travail que nos voisins ne semblent pas avoir. Le secteur de la construction en est probablement un bon exemple.

Le retard au chapitre des investissements ne fait pas de doute. Il remet en question nos politiques de taxation, qui imposent le capital investi trop durement.

L’effort à consacrer à l’éducation est crucial pour accroître la prospérité des Québécois. Il devient critique de mieux financer le secteur universitaire afin d’augmenter la proportion des Québécois ayant un diplôme universitaire et de s’attaquer pour de bon au décrochage scolaire au secondaire. Le secteur professionnel est un pivot essentiel à la requalification des nombreux travailleurs affectés par les bouleversements de l’industrie manufacturière.

Finalement, il faut permettre à la main-d’oeuvre d’être plus souple et plus mobile. Le faible nombre d’heures travaillées cache des rigidités dans plusieurs secteurs de l’économie. Il nous alerte aussi en ce qui a trait aux problèmes de requalification de la main-d’oeuvre. Il est aussi possible que le régime fiscal actuel décourage de travailler un plus grand nombre d’heures en rendant les heures additionnelles « pas assez payantes ».

Bref, voilà des orientations tangibles qui pourraient améliorer la situation sans déclencher de révolution. Encore faut-il en être convaincu !

Il n’est pas essentiel d’être plus prospère. Toutefois, l’ensemble des ménages québécois n’auraient aucune difficulté à s’accommoder de revenus supplémentaires. Le secteur public du Québec non plus !

***

Claude Séguin, Vice-président principal de CGI et ancien sous-ministre des Finances du Québec

20070612

Légendes urbaines

Économie pour les nuls: les "retombées" économiques:

Une fraude intellectuelle
Nathalie Elgrably
Le Journal de Montréal
7 juin 2007


Quand Bev Oda a annoncé qu'il lui est impossible de distribuer avant l'automne les 30 millions que Ottawa a promis pour venir en aide aux festivals, les appuis à la Coalition des festivals n'ont pas tardé à se manifester.

Le Bloc Québécois, le NPD, la Fédération canadienne des municipalités, la Ville de Montréal et le ministre provincial du Développement économique et du Tourisme, Raymond Bachand, ont tous signalé à Ottawa la nécessité de débloquer rapidement les fonds promis en raison de l'importance des retombées économiques que génèrent les festivals.

Le calcul des retombées économiques est souvent présenté comme étant la preuve «scientifique» irréfutable de la légitimité d'une action. Le responsable de la culture à la Ville de Montréal et maire de l'arrondissement de Ville-Marie, Benoît Labonté, déclarait d'ailleurs que les festivals génèrent 200 millions en retombées économiques et créent 12 000 emplois. Mieux encore, il affirmait que chaque dollar «investit» par Ottawa rapporte neuf dollars en recettes fiscales. C'est à se demander pourquoi la Coalition des festivals a besoin d'un lobbyiste pour faire avancer sa cause auprès d'Ottawa.

Si ces calculs reflètent la réalité, pourquoi nous limiter à une centaine de festivals par année? Imaginez donc l'ampleur des retombées économiques si nous en organisions davantage! Et si les recettes fiscales sont effectivement neuf fois plus importantes que la dépense initiale, ne venons-nous pas de découvrir la méthode miracle pour ne plus jamais encourir de déficit budgétaire? Avec un rendement de neuf pour un, les ministres des Finances aux niveaux provincial et fédéral devraient se bousculer pour financer les festivals!

Un mode de divertissement parmi d'autres

Malheureusement, l'argument des retombées économiques est une fraude intellectuelle. Il laisse sous-entendre que l'activité économique prévue dépend exclusivement de la tenue des festivals, car ils font travailler des gens, attirent des spectateurs et profitent ainsi à une multitude de commerces, du fournisseur de «hot-dogs» au fabricant de casquettes, en passant par le producteur de crème solaire. Cette argumentation suggère implicitement que l'absence de festivals privera l'économie locale d'un spectaculaire feu d'artifice économique et que nous serons responsables de notre misère.

Or, un festival n'est qu'un mode de divertissement parmi d'autres. En l'absence de ce genre d'événement, les gens se divertiraient autrement. Ils iraient peut-être davantage au cinéma ou au restaurant. Ainsi, une dépense de 20 $ génère autant de retombées économiques, qu'elle permette de participer à un festival, de voir un film ou de s'offrir un repas. La nature de la dépense détermine quelles industries sont avantagées, mais elle n'affecte en rien l'ampleur de l'activité économique générée.

Déplacement de retombées

Un bémol peut être approprié dans le cas d'événements qui attirent des touristes, car il y a effectivement injection de nouveaux fonds et certaines retombées sont à considérer. Mais sur la centaine de festivals qui animent le Québec, il n'y en a que trois ou quatre qui peuvent réellement prétendre attirer des visiteurs étrangers. Les autres ne font que déplacer des retombées qu'on aurait observées dans un autre secteur.

Quand l'État subventionne les festivals, il prend l'argent des contribuables et permet à une poignée de fonctionnaires de décider à notre place du genre de loisir à encourager. Et comme si tout ceci était insuffisant, nos élus défendent leurs choix en élevant les retombées économiques au rang de faits incontestables alors que ce sont des calculs absurdes fondés sur un concept canularesque. Quelle tristesse!

GGW Book Club

20070611

Solidaires dans la misère

Henri Massé, bûcheron-en-chef de la FTQ, vantait la semaine dernière dans une lettre ouverte au Devoir les vertus infinies de notre très merveilleux système de santé soviéto-solidaire tout en mettant les Québécois en garde contre une éventuelle ouverture au méchant privé violeur de bébés dans le domaine.

La solution Massé: injecter davantage d'argent public dans ce trou sans fond qu'est notre régime universel.

En considérant que depuis 2001, le budget de la santé au Québec est passé de 15 à 21 milliards de dollars par année, une nouvelle étude parue ce matin permet au contribuable de constater à quel point il en a eu pour son argent:

Les millions et les efforts n'ont pas suffi. La situation dans les urgences est toujours précaire. Les patients y passent plus de temps qu'avant couchés sur une civière, en attente d'une hospitalisation ou de leur congé. C'est ce que révèle le deuxième palmarès des urgences du Québec, réalisé par La Presse.

La situation dans les trois quarts des urgences de la province a stagné ou s'est détériorée depuis un an. C'est à Montréal que l'on trouve les urgences les moins efficaces.

Le deuxième palmarès des urgences du Québec publié par La Presse montre qu'il reste beaucoup de travail à faire. Malgré les millions investis, malgré les efforts et les nouvelles méthodes de gestion, les urgences débordent toujours.

Le temps que le patient passe sur une civière avant d'obtenir son congé ou d'être hospitalisé a même légèrement augmenté depuis un an. La durée moyenne du séjour atteint 16h18 cette année, sans compter le temps passé dans la salle d'attente avant de voir un médecin.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux s'est pourtant fixé un objectif de 12 heures maximum pour la durée moyenne du séjour. À peine le tiers des hôpitaux répertoriés l'atteignent.

Le premier palmarès des urgences, publié en mai 2006 par La Presse, avait été réalisé à partir des données de l'année 2004-2005, alors les plus récentes. Un an plus tard, le deuxième palmarès est établi avec les données de l'année 2006-2007, qui s'est terminée le 31 mars. Il permet donc de comparer la situation des urgences sur trois ans.

Pendant cette période, la situation s'est détériorée pour le quart des urgences. Au total, 17 des 84 hôpitaux répertoriés obtiennent un D ou un E.


C'est le Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) qui obtient le pire score. Pour la deuxième année consécutive, l'hôpital Notre-Dame récolte E+. L'hôpital Saint-Luc a aussi régressé pour le rejoindre en queue de peloton.

Quant à l'Hôtel-Dieu, également du CHUM, il a glissé à D, tout comme l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. Dans ces deux établissements, la durée moyenne du séjour aux urgences est d'environ 30 heures.

20070502

May Day


En ce 1er mai, grand jour de communion anticapitaliste et antiaméricaine, Ségolène Royal en a profité pour se réclamer de "l'héritage de Mai 68"...

Dans un texte publié plus tôt cette semaine et justement intitulé "Une génération à solder", le politologue franco-américain Laurent Murawiec nous dresse un judicieux portrait de ce très fabuleux "héritage":

Le bilan de l’ère soixante-huitarde est accablant. Il est fait de malaise économique et de grands tournants manqués ; d’endettement accéléré et de compétitivité érodée ; d’une société fragmentée et désemparée, livrée aux caprices des corporatismes en folie ou des minorités violentes ; d’une culture engluée dans la victimitude compassionnelle ; d’une politique confisquée par les torcheurs énarchiques de dossiers ; d’une mégalomanie aux fantasmagoriques ambitions en politique étrangère. Bilan dressé – le deuxième tour de l’élection présidentielle ne changera pas « la vie », mais il pourrait permettre de solder l’inventaire, de tirer un trait, et de changer tant soit peu de direction. On versera quelques larmes sèches sur les perverses et coûteuses chimères d’une génération en faillite, mais on lui intimera surtout de faire place nette et, enfin, pour une fois, de se taire. Qu’elle boive le calice jusqu’à la lie, la bouche pleine lui permettra au moins de garder le silence. Place aux autres !

20070430

Désastre appréhendé


L’élection de Ségolène serait un désastre auquel je ne veux songer, même un instant. : Ce ne serait pas 26 ans après, une répétition de 1981. Ce serait bien plus grave. Le suicide économique dans lequel nous sommes engagés semble déjà irréversible : cinq années de destruction supplémentaires feront qu’il sera non seulement irréversible, mais plus destructeur encore. Confier une économie du XXe siècle asthénique et épuisée à quelqu’un qui croit qu’on peut raisonner encore comme au XIXe siècle relèverait de ce que j’appellerais un effondrement absolu, mais lent. Il y aurait dans l’air une douceur soporifique, des propos gentils, des propos qui ressemblent à ceux d’une infirmière qui n’a plus rien à proposer sinon des soins palliatifs. Jusqu’au moment où doit venir la douce, la suave piqûre ultime de l’euthanasie.

- Guy Millière, Les 4 Vérités, 25.04.2007

20070401

L'ILLUSION TRANQUILLE (version intégrale)

Gracieuseté de Mediawatchqc

PREMIÈRE PARTIE



DEUXIÈME PARTIE



TROISIÈME PARTIE



QUATRIÈME PARTIE



Site web officiel

Le spectre de la droite

Claude Picher dans La Presse du 31 mars:

Défiant les consignes du Plateau, le monde ordinaire a oser voter ADQ! Du coup, c’est comme si une catastrophe s’est abattue sur le Québec.

Le concert québécois des bonnes âmes n’a pas attendu que la poussière soit retombée sur les résultats électoraux de lundi pour sortir sa litanie de sombres prophéties.

Imaginez: défiant les consignes du Plateau, le monde ordinaire a oser voter ADQ! Du coup, c’est comme si une immense catastrophe s’était abattue sur le Québec.

J’exagère? À peine! Voyons plutôt ces quelques extraits de lettres parues cette semaine dans les pages Forum de La Presse:

«C’est le triomphe du populisme, du simplisme et de la démagogie; je ne croyais pas assister un jour à la résurrection du duplessisme», écrit Michel Lebel.

«Les candidats-vedettes de Mario Dumont aux prochaines élections: Jeff Filion à la Culture, Pierre Mailloux à la Santé et le portefeuille des Finances à Stephen Harper», ajoute Claude Desjardins.

«Adieu système de santé public, CPE, assurance-automobile, assurance-médicaments, et le train de la droite va rouler à toute allure», conclut Lévis Bouchard.

Wo! Wo! Wo! On se calme, s’il-vous-plaît.

Dans un premier temps, on peut comprendre ces cris d’indignation. Libéraux et péquistes ne se sont pas gênés pour décrire Mario Dumont comme un sectaire de droite, voire d’extrême-droite.

La recrue libérale Pierre Arcand l’a même comparé à Jean-Marie Le Pen. Il y a de cela de nombreuses années, j’ai travaillé avec Pierre Arcand; il était mon patron à CKAC. J’ai toujours respecté et admiré sa vivacité d’esprit et son sens aigu de la rigueur professionnelle.

Qu’un homme de cette valeur se soit laissé aller à un tel dérapage démagogique en dit long sur la panique qui a gagné les rangs libéraux en cours de campagne. N’empêche: à force de taper sur la tête de Mario Dumont, les autres partis ont fini par le démoniser aux yeux d’une partie de l’opinion publique, comme en témoignent les citations que l’on vient de voir.

Or, pour qui se donne la peine de se renseigner, Mario Dumont se situe dans une toute autre branche de l’éventail politique.

Si on tient à comparer ses idées à celles de politiciens connus, on pourrait citer, en Allemagne, l’ex-chancelier Gerhardt Schroeder; au Royaume-Uni, le premier ministre Tony Blair; en France, la candidate à la présidence Ségolène Royal ou l’ex-premier ministre Lionel Jospin. Tous ont deux choses en commun:

* Ce sont des socialistes, issus de la plus authentique tradition social-démocrate européenne, dont aiment tant se réclamer les purs et durs de la gauche québécoise;

* Tous les quatre, bien que socialistes, ont fort bien compris que l’État-providence tel qu’on l’a connu depuis trente ans, c’est fini.

Depuis le début des années 90, des changements puissants secouent l’économie mondiale. La concurrence internationale est de plus en plus féroce. Les marchés financiers sont plus volatils et plus tentaculaires que jamais. La révolution technologique a bouleversé nos vies.

Les fusions et acquisitions d’entreprises ont atteint une ampleur sans précédent. Les entraves au commerce disparaissent les unes après les autres. Aux concurrents traditionnels (États-Unis, Japon, Europe) sont venus s’ajouter de nouveaux joueurs redoutables: Chine, Inde, Brésil et des dizaines d’autres.

Le vieillissement démographique affecte tous les pays industrialisés.

Ces changements forcent les gouvernements à repenser le rôle, la taille et le fonctionnement de l’État. Cela passe par des finances publiques plus saines, un contexte réglementaire moins rigide, un cadre fiscal moins lourd, des initiatives pour stimuler la productivité, accroître le rendement des réseaux d’éducation et de santé, offrir de meilleurs services publics à meilleur coût. Les défis sont considérables.

Plusieurs pays ont compris cela, y compris la Suède, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande et beaucoup d’autres «modèles» sociaux-démocrates, qui ont assoupli leur législation du travail, resserré leurs programmes sociaux, fait appel à l’expertise du secteur privé et allégé leur fiscalité.

Il n’existe pas de formule Rand en Nouvelle-Zélande; il n’existe plus de salaire minimum au Danemark; au Pays-Bas, on ne peut plus dépendre de l’assistance sociale de génération en génération; il existe maintenant des hôpitaux privés en Suède.

La France est très fière, à juste titre, de son superbe réseau d’autoroutes construit et exploité en grande partie en partenariat avec le secteur privé; toujours en France, le système public de santé fait largement appel au privé, qu’il voit comme un partenaire plutôt qu’en ennemi (la France, soit dit en passant, impose aussi un ticket modérateur aux patients).

Tous les milieux de gauche, à travers le monde, sont tombés à bras raccourcis sur les réformes de Margaret Thatcher au Royaume-Uni; pourtant, lorsque le travailliste Tony Blair (les travaillistes britanniques peuvent se comparer à nos néo-démocrates) a été élu, il s’est bien gardé de toucher aux réformes de Mme Thatcher, tout simplement parce que la dame de fer, en dépit de tous les anathèmes et hauts cris de la gauche, a réussi à remettre l’économie britannique sur ses rails.

Il n’y a plus guère qu’au Québec où une poignée d’irréductibles nostalgiques déconnectés refuse d’admettre à quel point le monde a changé autour de nous.

La plate-forme électorale de l’ADQ comporte 86 engagements. Le document démontre une assez nette préoccupation pour l’économie: plus de 40 engagements portent en effet sur la fiscalité, le développement régional, les finances publiques et d’autres enjeux économiques.

Bien sûr, comme toute plate-forme électorale, celle de l’ADQ relève en grande parie du catalogue de bonnes intentions. Mais on y retrouve en filigrane une authentique préoccupation à l’égard de l’avenir économique des Québécois.

Cette inquiétude est fondée: de nombreuses études ont déjà montré à quel point le Québec perd du terrain par rapport à ses voisins, en bonne partie à cause d’un fardeau réglementaire trop lourd, de gains de productivité anémiques, de la faiblesse des investissements privés, d’une fiscalité abusive.

Dans l’esprit de certains, vouloir s’attaquer à tout cela, ce serait de «droite». Moi, je dis plutôt que vouloir remettre le Québec sur le chemin de la prospérité, c’est drôlement plus stimulant que de se réfugier dans des doctrines éculées.

20070329

Citation du jour

"Le vice inhérent au capitalisme consiste en une répartition inégale des richesses. La vertu inhérente au socialisme consiste en une égale répartition de la misère."

- Winston Churchill (1874-1965)

Un "projet de société" à la mesure du Québec...

Nos soixantehuitards de fond de ruelles se la font aller:

Les associations étudiantes du Québec continuent de fourbir leurs armes en prévision d'un éventuel dégel des droits de scolarité que pourrait adopter le nouveau gouvernement minoritaire de Jean Charest.

L'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSE), qui représente quelque 42 000 étudiants, tient une journée de débrayage jeudi. Ce groupe, réputé radical, préconise au contraire la gratuité complète des études postsecondaires.

Le Parti libéral du Québec et l'Action démocratique du Québec, qui occupent ensemble 89 des 125 sièges de l'Assemblée nationale, préconisent plutôt une hausse des droits de scolarité, qui sont gelés depuis 1994.

Le débrayage de l'ASSE culmine par une marche dans les rues de Montréal. La manifestation, qui s'est mise en branle vers 14 h 30 à l'UQAM, perturbe la circulation automobile. Les manifestants doivent en rejoindre d'autres au Square Victoria.


La meilleure est venue d'une dénommée Évelyne Élise Paquette, présidente de la cohue néomarxiste baptisée Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), qui dit revendiquer le maintien du gel "en tant que projet de société". Niaiseries...

Parlant du gel, voici ce qu'on pouvait lire à son sujet dans la plus récente édition du magazine Macleans:

Depuis 1994, le gouvernement du Québec a gelé les frais de scolarité universitaires à 1668$. Aujourd’hui, un étudiant québécois faisant son entrée à l’université paye en moyenne 65% de moins qu’un étudiant ontarien. C’est peut-être une bonne affaire pour les étudiants, mais pas pour les universités. « Les universités québécoises sont sous-financées comparativement aux universités canadiennes et américaines », dit Heather Munroe-Blum, présidente de l’Université McGill. Récemment, le gouvernement Charest a annoncé une hausse de 100$ par étudiant par année, ce que Munroe-Blum qualifie de « très important ». Des frais peu élevés n’ont certainement pas créé plus de diplômés. Le Québec combine en effet le plus faible taux de fréquentation universitaire avec celui du plus faible taux d’achèvement des études, selon l’OCDE.


C'est quand même fabuleux comme projet de société...

Religion d'État

Richard Martineau dans le Journal de Montréal ce matin:

J'écrivais hier que la percée soudaine de l'ADQ était une sorte de retour du refoulé, une réaction tardive à la fuite en avant vitesse grand V amorcée par le Québec lors de la Révolution tranquille.

C'est aussi une attaque contre le dogme religieux qui étouffe le Québec depuis quarante ans.

On me dira que le Québec s'est libéré de l'emprise de la religion dans les années 1960.

Faux. On a juste changé de dieu.

Notre dieu, maintenant, s'appelle État.

C'est lui qui prend en charge chaque aspect de notre vie, qui nous récompense quand on est gentil et qui nous punit quand on est méchant. C'est lui qu'on prie quand ça va mal, c'est devant lui qu'on s'agenouille quand ça va bien et c'est lui qu'on invoque quand on a une faveur à demander.

Le dieu État a son clergé, ses curés, ses fidèles, son dogme, ses prophètes, sa littérature, ses églises, ses apôtres, son Père, son Fils, son Saint-Esprit.

Et malheur à ceux qui osent le critiquer! Ça ne se fait tout simplement pas.

=>
SUITE

Quand les fous prennent possession de l'asile

Selon le SPQ-Libre:

On croirait revivre un mauvais scénario. Au lendemain de la défaite de 2003, un groupe de députés comprenant André Boisclair et Joseph Facal prenaient prétexte des gains de l’ADQ pour suggérer au Parti Québécois un « recentrage » vers la droite. Impressionnés par les succès de Mario Dumont, particulièrement dans la région de Québec-Chaudières-Appalaches, les tenants de ce virage proposaient de concurrencer l’ADQ sur son propre terrain, mais en revêtant les habits d’une soi-disant « nouvelle social-démocratie ».

Comme bon nombre de sociaux-démocrates à travers le monde, ils avaient été ébahis par les succès électoraux de Tony Blair et de son « New Labour » en Angleterre. Présenté comme une « modernisation » de la social-démocratie, le « New Labour » s’inspirait de l’expérience de Bill Clinton au sein du Parti Démocrate et s’est caractérisé, comme son modèle, par une distanciation à l’égard du mouvement syndical et l’adoption de politiques néolibérales.

Mais le congrès de 2005 du Parti Québécois rejette cette approche. Une solide majorité attribue plutôt l’échec électoral au fort taux d’abstentions et l’impute à la dérive néolibérale du parti depuis la politique du Déficit zéro et à sa tiédeur sur la question nationale. Les militantes et les militants corrigent alors le tir et ramènent le parti sur ses positions sociales-démocrates traditionnelles, tout en réaffirmant la nécessité de l’indépendance nationale pour la réalisation de ce programme. Ils proposent la tenue d’un référendum le plus tôt possible dans un premier mandat. C’est sur cette base que se scelle l’alliance entre les courants sociaux-démocrates et indépendantistes au sein du parti.


Sans blague... On croirait pratiquement que ce pseudo "club politique" est financé par les adversaires du Parti Québécois...

Ce qui est extraordinaire, c'est que plus le PQ s'alignera sur ce ramassis infect de socialo-syndicalistes préhistoriques, plus il agira à titre de repoussoir pour une majorité grandissante de l'électorat québécois.

Et ça, l'homme libre ne peut que s'en réjouir...

20070321

Le PQ est pro-pauvreté

André Boisclair est un sinistre crétin. Par contre, il est conscient d'une chose: un vote pour le PQ est généralement proportionnel au niveau de dépendance de son titulaire envers l'État (ex.: "artistes", fonctionnaires, BS, gale syndicale, etc.). Autrement dit, plus un individu dépend directement de l'appareil gouvernemental pour assurer sa survie, donc moins il est libre et autonome, plus il aura tendance à voter PQ. Voici ce que Boisclair a déclaré ce matin:


«Dans ce monde-là, on voudrait forcer les gens à sortir de l’aide sociale à 25 000 par année, a ajouté le chef péquiste. Ben cette planète-là, il n’y a pas grands Québécois qui ont le goût d’y habiter.»


Oh mon Dieu!!! Forcer des gens à sortir de l'aide sociale! Les libérer de leur dépendance envers l'État! Faire en sorte que des gens aptes au travail cessent de vivre dans l'oisiveté au crochet des autres! Non mais, quelle horreur!!!

Imbécile...

20070319

La FAÉCUM refuse le droit de parole aux étudiants pro-dégel


Résumé de l'histoire: Le Surfeur Autonome

Au cours du mois de février 2007, Vincent Geloso un des militants pro-dégel des frais de scolarité dans le réseau universitaire, organisait une conférence à l’Université de Montréal sur le sujet du dégel des frais de scolarité. En début mars, il se fait aviser que la conférence est arrangée pour le 14 mars au local B-2305 dans le Pavillon Jean-Brillant. En conférence au Centre Hillel sur le sujet des frais de scolarité devant des leaders étudiants Israéliens, Vincent Geloso est informé par un officier de la FAÉCUM qu’il y aurait un débat entre les candidats d’Outremont la même date.

Vincent Geloso a pris contact avec la FAÉCUM proposant d’annuler sa conférence pour éviter les conflits d’horaire en échange de la garantie que la conférence qu’il organisait pourrait tout simplement être déplacée pour le 21 mars. Un officier de la FAÉCUM lui a donné cette assurance et la conférence était fin prête jusqu'à ce que la FAÉCUM demande à M.Geloso de changer la formule de l’activité pour en faire un débat. Le conférencier refuse, considérant que la conférence à lieue la veille d’une manifestation monstre de la FEUQ-FECQ et qu’il avait l’intention de présenter, comme un professeur, son sujet avec pédagogie et en profondeur.

Informé du refus du conférencier et son refus personnel, la FAÉCUM a refusé la tenue du débat prétextant « qu’elle ne pouvait pas autoriser une conférence s’opposant à la prise de position du mouvement étudiant ».

M.Geloso a fait montre de son sens démocratique en offrant de déplacer sa conférence pour mieux accommoder l'expression des idées divergentes sur le campus de l'Université de Montréal et la FAÉCUM a renié sa parole, insultant ainsi les principes démocratiques pour lesquels le mouvement étudiant semble tant tenir.

Voici, faites passer le message et si vous voulez communiquer votre appui à Vincent Geloso (qui commencera mardi à distribuer des macarons pro-dégel sur le campus de l’Université de Montréal) – VincentGeloso@hotmail.com

20070316

Le Deadbeat [traduction]

Voici ma traduction maison vite faite et non corrigée du très excellent portrait du Québec de Maclean's dont je vous avais parlé plus tôt:

Pour ceux habitant à l’extérieur du Québec, le film L’Illusion Tranquillle pourrait sembler aussi intéressant que de regarder de la poutine figer. Dans son attaque en règle contre le populaire modèle interventionniste québécois et l’obsession séparatiste, le documentaire d’une heure se base sur une panoplie d’entretiens réalisés avec des universitaires, des journalistes et sur un panel d’étudiants discutant de modèles fiscaux et d’ancienneté. Pas très divertissant.

Mais le documentaire, réalisé sans aucune subvention et présenté dans une poignée de salles à travers le Québec, a provoqué une véritable crise de conscience au sein des médias de la province et des milieux culturels, simplement en affirmant ce qui devient de plus en plus évident : le Québec est fauché. Affligé du plus haut taux d’imposition, de la plus important dette provinciale et de l’une des populations les plus âgées d’Amérique du Nord, le Québec est sur la voie de la faillite.

L’Illusion Tranquille affirme que l’éternelle poursuite de la séparation par le Parti Québécois n’a servi qu’à distraire et mettre en péril l’ensemble des Québécois. La réaction des séparatistes fut rapide et prévisible. « Ces gens supposément lucides ne font qu’émettre clichés par-dessus clichés », a écrit Louis Cornellier du quotidien nationaliste Le Devoir. Ce qui est plus surprenant, c’est à quel point de nombreux collègues de Cornellier se sont portés à la défense du film. « Ce film est aux finances du Québec ce que Une vérité qui dérange d’Al Gore est aux changements climatiques », a écrit Richard Martineau du Journal de Montréal. Joanne Marcotte et Denis Julien, le couple ayant produit le film, ont été reçus de façon positive dans les médias. Pour Julien, le succès du film s’explique facilement : « Notre système a atteint ses limites. Nous sommes en très mauvaise posture et les Québécois commencent à le réaliser ».

Il est à peu près temps. Même un regard rapide sur des décennies de données permet de voir que le Québec est dans une très, très mauvaise situation. Depuis des années, la productivité a ralenti alors que la dette a explosé. On prévoit qu’elle atteindra 127 milliards de dollars d’ici la fin de l’année prochaine, soit environ 17 000$ par Québécois. Les budgets provinciaux sont fortement dépendants des transferts fédéraux et les efforts pour réformer l’économie ont été torpillés par de puissants syndicats et un profond attachement envers le dispendieux modèle social, causant des dégâts majeurs au sein des finances publiques. Comme un groupe d’universitaires et de leaders du monde des affaires l’écrivaient dans un manifeste en 2005 : « en termes financiers, le gouvernement du Québec se compare à un gros albatros incapable de prendre son envol ».

Les choses vont si mal que le PIB du Québec se classe au 54e rang sur 60 provinces et États en Amérique du Nord – derrière plusieurs ne pouvant compter que sur une fraction de sa population et de ses ressources. Il est derrière le Montana et l’Arkansas, par exemple, et ne détient qu’une légère avance sur le Mississippi. Le PIB est usuellement 20% derrière celui de l’Ontario, son cousin géographique et économique le plus proche. « Au Québec, la richesse d’une famille de quatre est de 21 028$ inférieure à celle d’une famille semblable dans l’État du Maine », écrit Alain Dubuc dans son livre Éloge de la Richesse. « Comme se fait-il qu’une économie comme celle du Québec, avec autant de potentiel, ne puisse créer plus de richesse? »

Les Canadiens se demanderont bientôt la même chose, alors que la crise économique du Québec se retrouvera aux avant-postes de la scène nationale. Le Premier ministre Stephen Harper a laissé entendre que le budget du 19 mars fera les premiers pas vers un règlement du « déséquilibre fiscal ». Traduction : un lourd transfert au Québec, qui reçoit déjà 2,2 milliards de dollars de plus du gouvernement fédéral qu’il ne paie. L’argent du fédéral est déjà un dossier politique fumant au Québec à l’aube de l’élection provinciale, prévue une semaine seulement après le dépôt du budget fédéral. Quand le Premier ministre Jean Charest a laissé entendre l’autre jour qu’une élection du Parti Québécois mettrait un frein à la générosité du fédéral, le leader péquiste André Boisclair l’a accusé de tenter de faire chanter les Québécois à voter libéral.

« Le problème est que le Canada subventionne une province qui non seulement vit une crise des finances publiques, mais qui ne semble pas intéressée du tout à s’en sortir », dit Claude Montmarquette, professeur d’économie à l’Université de Montréal et un des signataires du manifeste de Bouchard. « Nous recevons d’importantes sommes du reste du Canada et également un laissez-passer pour dépenser énormément d’argent pour des programmes sociaux que les autres paient en grande partie pour nous », dit-il. « Alors pourquoi devrions-nous changer avant de frapper le mur? Et ça s’en vient ».

Alors que toutes les provinces canadiennes consacrent un large pourcentage de leurs budgets à des secteurs comme la santé, les programmes sociaux québécois sont de loin les plus généreux. Le Québec a le luxe de jouir de deux programmes très dispendieux, non disponibles ailleurs au pays. Le premier est le programme provincial de garderies à cinq dollars. Créé par le gouvernement péquiste en 1997 et augmenté à 7$ par Charest, , il est aussi populaire que dispendieux : il y a environ 195 000 places de garderies, coûtant approximativement 1,4 milliards de dollars par an. La province affirme maintenant créer 43% des places en garderies d’État au Canada, alors qu’elle ne compte que sur 23% des enfants de moins de 13 ans au pays. Le système public de garderies obtient le crédit de l’augmentation de huit pourcent du taux de natalité québécois en 2006, la première hausse importante depuis des décennies. Néanmoins, cette hausse a un prix. Selon le Conseil du Patronat, la principale fédération québécoise d’employeurs, un place en garderie pour un enfant québécois coûte environ 11 600$, soit le double de la moyenne canadienne. En cinq ans, le coût total du système a augmenté de 140%.

Depuis 1994, le gouvernement du Québec a gelé les frais de scolarité universitaires à 1668$. Aujourd’hui, un étudiant québécois faisant son entrée à l’université paye en moyenne 65% de moins qu’un étudiant ontarien. C’est peut-être une bonne affaire pour les étudiants, mais pas pour les universités. « Les universités québécoises sont sous-financées comparativement aux universités canadiennes et américaines », dit Heather Munroe-Blum, présidente de l’Université McGill. Récemment, le gouvernement Charest a annoncé une hausse de 100$ par étudiant par année, ce que Munroe-Blum qualifie de « très important ». Des frais peu élevés n’ont certainement pas créé plus de diplômés. Le Québec combine en effet le plus faible taux de fréquentation universitaire avec celui du plus faible taux d’achèvement des études, selon l’OCDE.

Depuis la Révolution tranquille, une fonction publique obèse est devenue partie intégrante de la culture politique québécoise. Le nombre de fonctionnaires québécois est deux fois plus élevé qu’en Ontario per capita, dit Pierre-Pascal Gendron, professeur d’économie au Humber College Institute of Technology and Learning de Toronto. « Le secteur public est énorme et ce problème ne s’en va pas ». Les sondages démontrent que les Québécois sont peu disposés à abandonner le filet de sécurité sociale tentaculaire et les emplois gouvernementaux bien rémunérés qui sont devenus partie intégrante du système provincial. En janvier, la firme CROP a effectué un sondage auprès de 1000 Québécois concernant des coupures dans les services gouvernementaux. Les résultats ont démontré que 60% des sondés désiraient que le gouvernement continue de jouer un rôle prépondérant dans la société québécoise. Mais le système devient de plus en plus intenable – 12 cents sur chaque dollar collecté par le gouvernement du Québec va au service du remboursement de la dette, même si les dépenses augmentent sans cesse plus vite que les revenus, selon un rapport dévoilé la semaine dernière par la banque TD.

La somme de tous ses programmes sociaux en or revient à une grosse facture pour les autres Canadiens. « Si vous habitez une autre province, ça signifie que vous payez davantage pour faire vivre le Québec », dit Jason Clemens, directeur des études fiscales à l’Institut Fraser, à propos des transferts fédéraux. « Si vous allez voir un citoyen de la Saskatchewan, où ils viennent tout juste d’entrer dans une phase de croissance et de corriger certains de leurs problèmes, ils se demandent pourquoi ils doivent subventionner de mauvaises politiques dans une autre province ».

Les experts affirment que la piètre performance économique du Québec et sa dépendance envers l’aumône fédérale ont créé un climat d’affaires disfonctionnel, ouvertement hostile à la compétition et à l’entrepeneurship. Prenons comme exemple un incident survenu lors d’un samedi matin glacial de la fin février, où des douzaines de manifestants se sont heurtés contre la police dans le nord de Montréal. Les manifestants n’étaient pas là pour protester contre l’itinérance et la pauvreté, ou même pour s’opposer à la guerre au terrorisme. Non, les activistes aux poings en l’air étaient des vendeurs de voitures. Un des leurs, le concessionnaire Pie IX Dodge-Chrysler, avait osé vendre des voitures la fin de semaine. Il s’agissait là d’une infraction à l’entente vieille de 35 ans interdisant à quiconque de vendre des voitures en ville les samedis et dimanches. Une semaine plus tôt, un vendeur concurrent avait lancé un morceau de glace à Sam Hajjar, le gérant du concessionnaire « fautif ». Cette fois, il était préparé : protection policière, sécurité personnelle privée et chiens de garde étaient prêts. Quelques clients sont parvenus à échapper à la foule en colère mais pas avant que quelqu’un ait abîmé la peinture de deux des modèles en démonstration de Hajjar.

S’il peut sembler pour le moins étrange que les vendeurs de voiture, ces capitalistes sanguinaires, se battent pour ne pas vendre de voitures, il faut prendre en considération la panoplie de statistiques démontrant l’aversion québécoise à la charge de travail nord-américaine typique. Lorsque Bouchard a affirmé que les gens de la province étaient paresseux, on l’a cloué au pilori et qualifié de traître alors qu’il ne citait simplement que les données de Statistiques Canada démontrant que les Québécois travaillaient moins que tout le monde au pays. Dans un rapport daté de l’année dernière, des chercheurs ont découvert que les Québécois travaillaient en moyenne 1750 heures par an, soit 130 de moins qu’en Alberta, détentrice du premier rang. Et la tendance va vers moins d’heures travaillées, et non davantage. La productivité québécoise a décliné entre 1997 et 2005, selon une autre étude de Statistiques Canada.

Une partie du problème réside dans le fait que 44% des Québécois sont titulaires d’un emploi stable, à l’année, comparativement à 57% des Ontariens. Mais il y a plus. Les patrons québécois se sont habitués au fait qu’à chaque jour, un nombre disproportionné de leurs employés ne se présentera pas au travail pour cause de maladie, comparativement aux autres provinces. Les employés à temps plein du Québec ont manqué en moyenne 11,2 jours de travail en 2005, selon Statistiques Canada, comparativement avec les travailleurs apparemment plus en santé de l’Ontario qui n’ont manqué en moyenne que 8,6 jours de travail. Néanmoins, les employés québécois du secteur privé travaillent comme des forcenés si on les compare à leurs collègues de la fonction publique. Un document du Conseil du Trésor obtenu par le Journal de Montréal révèle que les fonctionnaires de la province on manqué 14,14 jours de travail en moyenne pour cause de maladie en 2005, le double de la moyenne nationale. Le rapport affirmait également que le gouvernement du Québec a perdu presque 170 millions de dollars dû à l’absentéisme. Et la situation va en empirant. Selon le rapport, les journées de maladie sont en hausse constante depuis cinq ans.

Les Québécois semblent apprécier leurs temps libres plus que les autres Canadiens. Ils regardent davantage la télévision que les résidents de toutes les provinces sauf le Nouveau-Brunswick, selon Statistiques Canada. Et ils dorment plus (un sondage Léger Marketing démontrait que les Québécois dormaient en moyenne 7,3 heures par nuit contrairement à 6,8 heures pour les Ontariens). Un sondage du Journal de Montréal commandé après les commentaires de Bouchard démontrait que 43% des répondants étaient en désaccord avec ses commentaires sur leurs habitudes de travail. Une proportion équivalente affirmait qu’elle aimerait travailler au même rythme tout en gagnant le même salaire. Mois du tiers disait souhaiter travailler plus fort pour gagner davantage. En fait, 8% travailleraient même pour moins d’argent!

La faible productivité, affirment les économistes, est due aux rigides lois du travail et à une fiscalité punitive. En plus d’avoir les plus hauts taux d’imposition, le Québec est la province la plus syndiquée au Canada – un one-two punch qui a enoyé l’économie québécoise au tapis. Alors que les budgets récents ont tenté d’abaisser le niveau des impôts et la dette, la poigne de fer des syndicats semble être inamovible. Après l’élection d’André Boisclair à la tête du Parti Québécois, il a affirmé que le copinage à la Bernard Landry avec les syndicats était terminé. Mais cette semaine, voyant sa popularité en chute libre dans les sondages, il a accepté l’appui de la Fédération des travailleurs du Québec, la plus puissante centrale syndicale de la province. En 2003, quelques mois après sa victoire fracassante, Jean Charest a tenté d’aller de l’avant avec d’importantes réformes, dirigées entre autres vers une réduction de la taille de l’État et une limitation du pouvoir des syndicats. Il fut forcé d’abandonner ces plans à la suite de grèves massives déclenchées par des milliers de travailleurs bloquant les autoroutes, ralentissant le transport en commun et fermant des garderies. « Quand le public a eut vent de ces projets, il s’est opposé aux baisses d’impôts parce que les baisses d’impôts auraient signifié une réduction de la taille de la fonction publique », dit Gendron, l’économiste.

Les investisseurs étrangers prennent des notes. Aujourd’hui, la part québécoise des investissements étrangers et domestiques au Canada est sous la barre des 18%, selon les économistes, une proportion étonnement basse si on tient compte du poids démographique important de la province et de sa forte réputation dans le domaine de la recherche et du développement. L’automne dernier, le CAI Global Group, une firme de consultants à Montréal, a sondé la perception des entreprises multinationales opérant au Québec, donnant suite à un coup de sonde qu’il avait effectué en 1994. À cette époque, lorsqu’on leur demandait si la province devenait plus globalement compétitive, 70% avaient répondu oui. En 2006, ce pourcentage a chuté à seulement 33%.

Une des inquiétudes majeures pour le Québec est le nombre constant de jeunes gens quittant la province pour aller travailler ailleurs. « Les Québécois votent avec leurs pieds », dit Clemens, de l’Institut Fraser. Entre 1981 et 2005, la province était la seule à se retrouver du côté négatif de la migration interprovinciale nette à chaque année. Même Terre-Neuve, reconnue pour exporter ces jeunes gens vers tous les grands centres économiques, s’est parfois retrouvé du côté positif dans les années 80. Le Québec n’est pas seul à voir un flot de travailleurs fuyant l’est pour profiter du boom de l’ouest. Mais en bout de ligne, le poids démographique du Québec au sein de la population nationale canadienne a chuté à 24,1% en 2001 de 27,9% il y a trente ans.

Il n’y a pas que les Québécois qui soient devenus nonchalants et indifférents avec le malaise profond qui afflige leur province. Le reste du Canada également. Les rumeurs d’un autre important transfert n’ont pas déchainé l’indignation des Canadiens de l’ouest comme par le passé. « L’inquiétude est qu’à mesure que le Québec affirme son statut national, nous verrons de nouvelles demandes pour que le Canada finance ses aspirations », dit Roger Gibbins, directeur du Canada West Foundation, un think-tank de Calgary. « Mais je ne crois pas qu’il y ait beaucoup d’indignation dans l’ouest en raison de l’extraordinaire prospérité en vigueur dans la région. L’animosité ne se rend pas aussi profondément dans nos portefeuilles ». Gibbins dénote également que les Canadiens de l’ouest adopte une vision pragmatique des actions du gouvernement conservateur au Québec. Certes, il est possible que d’importantes sommes d’argent soient nécessaires à Harper pour consolider ses appuis au Québec mais c’est mieux que l’alternative – un retour au gaspillage des libéraux. Beaucoup, bien sûr, dépendra de la situation des provinces de l’ouest suivant les projets d’Ottawa de revoir le système fédéral de péréquation. Une plus grande autonomie en matière de dépenses permettra à l’Alberta d’atténuer son exaspération devant ce nouveau don au Québec.

Quoiqu’une reprisé économique puisse alléger les inquiétudes pendant un certain temps, le Québec devra tôt ou tard confronter les problèmes engendrés par ses largesses et ses dépenses. Il y a quelques signes annonciateurs que les Québécois, grâce à des gens comme Bouchard et Dubuc, commencent à le réaliser. Considérez la récente montée de la conservatrice ADQ, qui attire le vote de la classe moyenne banlieusarde, plus encline à se soucier de la qualité des hôpitaux et des écoles que d’un autre référendum. « La population croit au PQ de moins en moins », dit Julien, le producteur du film. « Nous savons que le Québec va de plus en plus mal économiquement. Et si nous recevons des paiements de transferts, ce n’est certainement pas nous qui enrichissons le reste du Canada ». Néanmoins, peu nombreux sont ceux qui espèrent voir le gagnant de la prochaine élection y aller d’une réingéniérie en profondeur de l’économie québécoise, spécialement en considérant l’apparente disposition du gouvernement fédéral à faire déferler des billets verts dans la province. Les problèmes du Québec resteront probablement encore longtemps les problèmes du Canada.