Aucun message portant le libellé Modèle québécois. Afficher tous les messages
Aucun message portant le libellé Modèle québécois. Afficher tous les messages

20070617

Economic Retard

Le retard économique du Québec
Claude Séguin
Le Devoir
samedi 16 juin 2007


Le Québec se situe parmi les sociétés les plus prospères du monde. Cependant, par rapport à ses voisins, canadiens ou américains, le Québec affiche les résultats parmi les plus bas quant à sa prospérité évaluée par son produit intérieur brut (PIB) par habitant.

En comparaison avec ses voisins canadiens, le Québec continuait en 2004 d’afficher un écart de prospérité de 16 %, ou 6300 $ par habitant. Cet écart existe depuis longtemps. Il était de 2000 $ (12 %) en 1961 et de 5500 $ (18 %) en 1985. Il n’est donc pas lié à une conjoncture exceptionnelle mais plutôt à des facteurs qui sont à l’oeuvre de façon systématique depuis des décennies.

L’enjeu est de taille. Si le Québec affichait une prospérité par habitant équivalente à celle de ses voisins canadiens, les ménages québécois pourraient compter sur une augmentation de leur revenu disponible (après impôts) de 8500 $, soit un gain de plus de 15 %. Les divers ordres de gouvernement au Québec verraient leurs recettes augmenter de plus de 18 milliards de dollars, ce qui va bien au-delà de toutes les estimations du fameux déséquilibre fiscal.

Il est donc opportun de se demander comment on pourrait refermer cet écart de prospérité. Une bonne façon de déblayer le terrain est de tenter d’expliquer quelles sont les composantes de cet écart pour ensuite s’interroger sur des mesures qui pourraient infléchir leur tendance.

Nous utiliserons une méthodologie que l’Institut de compétitivité et de prospérité de Toronto a développée pour analyser l’économie ontarienne et, par la suite, l’économie canadienne. Elle décline les composantes du PIB pour attribuer l’écart total remarqué entre les divers facteurs qui entrent dans sa composition.

Ainsi, notre mesure de prospérité (le PIB par habitant) se compose d’un volet productivité et d’un volet main-d’oeuvre. La combinaison du travail de la main-d’oeuvre présente sur le territoire donné et des outils de production à sa disposition va se matérialiser en production de biens et de services.

Lorsqu’on applique cette méthodologie à la comparaison du Québec avec ses voisins canadiens, on arrive aux conclusions suivantes.

L’écart de prospérité de 6300 $, remarqué en 2004, s’expliquait par des facteurs de productivité équivalents à 2400 $, soit 38 % de l’écart, et par des facteurs de main-d’oeuvre correspondant au solde de 3900 $, soit 62 %.

En analysant les facteurs de productivité, on constate d’abord que le manque à gagner du Québec ne vient pas de sa structure industrielle. La composition de l’activité économique au Québec est moderne et tournée vers l’exportation. On pourrait cependant accroître son efficacité, ce qui ajouterait 1000 $ par habitant, si le Québec affichait le même degré d’efficacité que ses voisins.

On constate aussi que, depuis longtemps, le Québec investit systématiquement moins que ses voisins en capital destiné à accroître la productivité (machinerie, équipement et logiciels). Cela explique 500 $ de l’écart par habitant.

Le degré d’éducation moindre des Québécois explique quant à lui 900 $ de l’écart total. En effet, si la main-d’oeuvre québécoise avait le même degré de scolarité que ses voisins canadiens, les revenus des Québécois auraient été supérieurs de 900 $ par habitant, soit près de sept milliards de dollars de plus. L’essentiel de l’écart vient d’une moins grande scolarisation universitaire et d’un taux de décrochage supérieur au secondaire.

Si les écarts au chapitre de la productivité sont considérables, ceux reliés à la main-d’oeuvre le sont encore plus.

La main-d’oeuvre québécoise

Un avantage de 400 $ par habitant lié au profil de la population disparaît lorsque nous examinons les autres facteurs reliés à la main-d’oeuvre. La participation de la population en âge de travailler au marché du travail a de tout temps été inférieure au Québec qu’ailleurs au Canada. Cet écart s’est rétréci au cours des dix dernières années, notamment à cause d’une plus grande participation féminine, mais en 2004, il expliquait toujours 1100 $ par habitant sur les 3900 $ provenant des facteurs de main-d’oeuvre. On continue de constater un écart croissant dans la participation au marché du travail des hommes de 50 ans et plus, défavorable au Québec.

Parmi ceux qui font partie du marché du travail, seulement une partie a un emploi. Comme le taux de chômage au Québec a été systématiquement au-dessus de ceux prévalant ailleurs au Canada, cette déficience expliquait 700 $ par habitant de manque à gagner sur notre mesure de prospérité en 2004.

Le dernier élément relié à la main-d’oeuvre concerne l’intensité de la main-d’oeuvre en emploi, soit le nombre d’heures travaillées. L’écart du Québec y est significatif et s’est détérioré systématiquement depuis les années 70. Encore ici, ce n’est pas une question de conjoncture. On explique ainsi 2500 $ de l’écart de prospérité, soit 40 %.

Heures travaillées

Cette dernière question soulève toujours de nombreux débats. Les études récentes, dont certaines menées par l’Institut de compétitivité et de prospérité, ont évalué que les Ontariens travaillaient en moyenne, entre 1997 et 2004, un peu plus de trois semaines de moins que leurs vis-à-vis américains et que les Québécois, au cours de la même période, travaillaient deux semaines de moins que les Ontariens.

Les comportements des Québécois ne diffèrent pas totalement de ceux de leurs voisins ontariens. On remarque les mêmes tendances à prendre plus de semaines entières de congé ou de vacances, à plus travailler à temps partiel et à passer moins d’heures par semaine au travail. Toutefois, l’écart de près de deux semaines de travail avec l’Ontario s’explique presque en totalité par le fait qu’un moins grand nombre de Québécois travaillent de « longues semaines » (50 heures et plus) et par une plus grande propension à s’absenter du travail pour des raisons de maladie.

On note de plus qu’une partie plus considérable des travailleurs à temps partiel au Québec le sont de façon involontaire, et ce, quel que soit leur degré d’éducation. Manifestement, plusieurs des travailleurs québécois souhaiteraient travailler davantage.

Ces différences entre les heures travaillées au Québec et en Ontario peuvent aussi être décomposées selon l’appartenance du travailleur au secteur public ou au secteur privé et s’il est syndiqué ou non. Sur la période visée par l’étude québécoise (1997-2004), un employé du secteur public au Québec travaillait l’équivalent de sept semaines de moins que son vis-à-vis du secteur privé. Comme la proportion d’emplois du secteur public (23,1 %) au Québec est plus grande qu’en Ontario (19,5 %), ce facteur représente près de 12,5 % du différentiel Québec-Ontario.

On remarque aussi le même phénomène entre les travailleurs syndiqués et non syndiqués. Les premiers représentent 34,1 % des travailleurs au Québec alors que la proportion ontarienne de travailleurs syndiqués n’est que de 25,3 %. On estime à près de cinq semaines par année le différentiel d’heures travaillées au Québec entre un syndiqué et un non-syndiqué. On explique ainsi près du quart de l’écart Québec-Ontario à ce titre.

Les différentiels privé-public et syndiqué-non-syndiqué ne s’additionnent pas puisque la proportion des emplois syndiqués est très élevée dans le secteur public. On doit cependant retenir qu’une partie plus considérable de la main-d’oeuvre québécoise est active dans un environnement moins « fluide » qu’en Ontario.

Comment agir

Ainsi, plus de 60 % du différentiel entre Québec et le restant du Canada s’explique par des questions reliées à la main-d’oeuvre. On peut supposer qu’une partie des comportements des Québécois sur le marché du travail correspond à des choix qui leur sont personnels. Mais l’ampleur des écarts remarqués laisse penser que d’autres facteurs sont à l’oeuvre et peuvent les expliquer.

Lorsqu’on constate une moins grande participation au marché du travail, on peut penser que les qualifications professionnelles sont souvent en cause. La baisse substantielle au cours des dernières années de la participation des hommes âgés de plus de 50 ans pourrait s’expliquer par l’inadéquation de leurs qualifications et des demandes du marché du travail d’aujourd’hui, notamment à la suite des bouleversements remarqués dans le secteur manufacturier.

Quand 33 % des travailleurs à temps partiel souhaitent travailler à temps plein, il est possible qu’une activité économique accrue les aide à atteindre leur objectif, mais il est aussi possible qu’ils n’aient pas les qualifications requises. C’est donc un vaste programme de requalification professionnelle dont nous avons besoin ici pour corriger la situation actuelle.

Par ailleurs, lorsque des différences considérables d’heures travaillées sont remarquées dans des secteurs économiques précis, on peut supposer qu’il y a des rigidités dans le fonctionnement du marché du travail que nos voisins ne semblent pas avoir. Le secteur de la construction en est probablement un bon exemple.

Le retard au chapitre des investissements ne fait pas de doute. Il remet en question nos politiques de taxation, qui imposent le capital investi trop durement.

L’effort à consacrer à l’éducation est crucial pour accroître la prospérité des Québécois. Il devient critique de mieux financer le secteur universitaire afin d’augmenter la proportion des Québécois ayant un diplôme universitaire et de s’attaquer pour de bon au décrochage scolaire au secondaire. Le secteur professionnel est un pivot essentiel à la requalification des nombreux travailleurs affectés par les bouleversements de l’industrie manufacturière.

Finalement, il faut permettre à la main-d’oeuvre d’être plus souple et plus mobile. Le faible nombre d’heures travaillées cache des rigidités dans plusieurs secteurs de l’économie. Il nous alerte aussi en ce qui a trait aux problèmes de requalification de la main-d’oeuvre. Il est aussi possible que le régime fiscal actuel décourage de travailler un plus grand nombre d’heures en rendant les heures additionnelles « pas assez payantes ».

Bref, voilà des orientations tangibles qui pourraient améliorer la situation sans déclencher de révolution. Encore faut-il en être convaincu !

Il n’est pas essentiel d’être plus prospère. Toutefois, l’ensemble des ménages québécois n’auraient aucune difficulté à s’accommoder de revenus supplémentaires. Le secteur public du Québec non plus !

***

Claude Séguin, Vice-président principal de CGI et ancien sous-ministre des Finances du Québec

20070611

Solidaires dans la misère

Henri Massé, bûcheron-en-chef de la FTQ, vantait la semaine dernière dans une lettre ouverte au Devoir les vertus infinies de notre très merveilleux système de santé soviéto-solidaire tout en mettant les Québécois en garde contre une éventuelle ouverture au méchant privé violeur de bébés dans le domaine.

La solution Massé: injecter davantage d'argent public dans ce trou sans fond qu'est notre régime universel.

En considérant que depuis 2001, le budget de la santé au Québec est passé de 15 à 21 milliards de dollars par année, une nouvelle étude parue ce matin permet au contribuable de constater à quel point il en a eu pour son argent:

Les millions et les efforts n'ont pas suffi. La situation dans les urgences est toujours précaire. Les patients y passent plus de temps qu'avant couchés sur une civière, en attente d'une hospitalisation ou de leur congé. C'est ce que révèle le deuxième palmarès des urgences du Québec, réalisé par La Presse.

La situation dans les trois quarts des urgences de la province a stagné ou s'est détériorée depuis un an. C'est à Montréal que l'on trouve les urgences les moins efficaces.

Le deuxième palmarès des urgences du Québec publié par La Presse montre qu'il reste beaucoup de travail à faire. Malgré les millions investis, malgré les efforts et les nouvelles méthodes de gestion, les urgences débordent toujours.

Le temps que le patient passe sur une civière avant d'obtenir son congé ou d'être hospitalisé a même légèrement augmenté depuis un an. La durée moyenne du séjour atteint 16h18 cette année, sans compter le temps passé dans la salle d'attente avant de voir un médecin.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux s'est pourtant fixé un objectif de 12 heures maximum pour la durée moyenne du séjour. À peine le tiers des hôpitaux répertoriés l'atteignent.

Le premier palmarès des urgences, publié en mai 2006 par La Presse, avait été réalisé à partir des données de l'année 2004-2005, alors les plus récentes. Un an plus tard, le deuxième palmarès est établi avec les données de l'année 2006-2007, qui s'est terminée le 31 mars. Il permet donc de comparer la situation des urgences sur trois ans.

Pendant cette période, la situation s'est détériorée pour le quart des urgences. Au total, 17 des 84 hôpitaux répertoriés obtiennent un D ou un E.


C'est le Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) qui obtient le pire score. Pour la deuxième année consécutive, l'hôpital Notre-Dame récolte E+. L'hôpital Saint-Luc a aussi régressé pour le rejoindre en queue de peloton.

Quant à l'Hôtel-Dieu, également du CHUM, il a glissé à D, tout comme l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. Dans ces deux établissements, la durée moyenne du séjour aux urgences est d'environ 30 heures.

20070607

Privatiser Hydro-Québec


Privatiser Hydro éliminerait la dette du Québec
Claude Garcia
La Presse

Certains Québécois envient les Albertains qui se sont complètement débarrassés de leur dette et qui jouissent à la fois des taux d'impôt sur le revenu les plus bas au Canada et de l'absence de taxe de vente provinciale. L'Alberta dispose de ressources pétrolières importantes qui sont en forte demande aujourd'hui dans le monde. Le Québec, de son côté, dispose de ressources hydrauliques accessibles et renouvelables qui, elles aussi, sont très en demande.

Les Albertains ont laissé l'exploitation de leurs richesses naturelles au secteur privé et paient leur pétrole au prix du marché. Si le prix du pétrole augmente rapidement, les Albertains, comme tous les autres Canadiens, doivent accepter de débourser davantage pour leur essence. L'Alberta reçoit des redevances des entreprises privées qui assurent l'exploitation de ses ressources énergétiques. Le gouvernement de l'Alberta ne cherche pas toutefois à fixer le prix de l'essence.

Le Québec a choisi une stratégie différente: sauf quelques exceptions, c'est l'État, par l'entremise d'Hydro-Québec, qui assure l'exploitation de nos ressources hydro-électriques. Hydro-Québec paie, depuis peu, une redevance pour l'utilisation de l'eau, redevance qui est loin d'atteindre le niveau payé en Alberta sur les ressources pétrolières. Hydro-Québec détient le monopole de la distribution de l'électricité au Québec. Au cours des dernières années, la hausse des tarifs d'électricité a été beaucoup moins rapide que la hausse des prix des produits pétroliers; c'est pourquoi les citoyens québécois paient leur électricité bien en deçà de sa valeur marchande: les tarifs résidentiels d'électricité à Toronto sont supérieurs de 75% aux tarifs québécois. La différence avec nos voisins américains est encore plus considérable.

La valeur d'Hydro-Québec

On sait que la dette du Québec s'élève à 122,6 milliards$. Le Québec a la possibilité de se débarrasser rapidement de sa dette en faisant une meilleure exploitation de ses richesses hydrauliques. Voici un scénario raisonnable.

En excluant les éléments extraordinaires, les bénéfices d'Hydro-Québec en 2006 ont été de 2,8 milliards$. Si on augmentait les tarifs d'électricité de quatre cents le kWh, on aurait le même tarif moyen que les citoyens de Toronto. Une telle hausse augmenterait les bénéfices d'Hydro-Québec d'environ 7 milliards$. Nous faisons l'hypothèse que les milliards de kWh que ne consommeraient pas les Québécois, à la suite d'une hausse de tarif, trouveraient facilement preneur sur les marchés d'exportation.

Quelle serait la capitalisation boursière d'Hydro-Québec si on l'inscrivait à la cote de la Bourse de Toronto après avoir augmenté les tarifs de quatre cents le kWh? C'est une question fondamentale que notre société se doit d'analyser et de débattre. Le monde a changé énormément dans les 20 dernières années. La déréglementation du marché nord-américain de l'énergie a augmenté considérablement la valeur intrinsèque d'Hydro-Québec.

Hydro-Québec deviendrait assujettie à l'impôt sur ses bénéfices si elle devenait une société à capital ouvert. En supposant qu'elle devrait remettre environ le tiers de ses bénéfices aux gouvernements fédéral et québécois, son bénéfice net, à titre de société privée, serait de 6,5 milliards$. À la lumière de la valorisation des sociétés productrices d'énergie inscrites à la cote de la Bourse de Toronto, on peut conclure que la capitalisation boursière d'Hydro-Québec excéderait probablement 130 milliards$ dans un tel scénario.

Au 31 mars 2006, la dette du Québec s'élevait à 122,6 milliards$. La valeur intrinsèque d'Hydro-Québec est donc supérieure à la dette actuelle du Québec. Un Québec sans dette économiserait 7,6 milliards$ par année au titre du service de la dette. Cette économie sera réduite à environ 5,5 milliards$ par année une fois prise en compte la réduction de la contribution d'Hydro-Québec aux revenus du Québec. Une telle somme permettrait au gouvernement de baisser l'impôt sur le revenu de 33%. Une baisse aussi marquée de l'impôt sur le revenu stimulerait énormément la croissance économique du Québec puisque nous disposerions alors d'un environnement fiscal très compétitif.

Le Québec est une société qui connaît un vieillissement rapide. Plusieurs commentateurs se sont inquiétés de l'impact de ce vieillissement sur notre capacité à assurer le maintien de notre système universel de soins de santé puisque les citoyens du Québec se classent déjà parmi les plus taxés et les plus endettés en Amérique du Nord. L'analyse qui précède démontre qu'il n'en tient qu'à nous de faire les ajustements nécessaires pour changer cette situation. En contrepartie d'une hausse, somme toute minime, des tarifs d'électricité, nous pourrions jouir d'un environnement fiscal très compétitif sans sacrifier nos programmes sociaux qui comptent parmi les plus généreux en Amérique du Nord.

Administrateur de sociétés, l'auteur a été président de la Standard Life de 1993 à 2004.

20070402

Hôpitaux francos vs. hôpitaux anglos

À lire absolument. Reportage paru dans La Presse d'aujourd'hui sur la différence de qualité et surtout de rapidité des services offerts dans les hôpitaux francophones et anglophones.

Gilles Guénette, du Québécois Libre, y est allé de sa propre hypothèse:

Personnellement, je suis mal placé pour témoigner – mon médecin de famille étant relié au réseau anglophone, je n’ai pas connu le réseau francophone –, mais je me demande si l’affiliation syndicale a quelque chose à voir dans la qualité des services offerts et la rapidité avec laquelle ils sont offerts? Ou s’il s’agit d’une simple question de mentalité? À la lecture du dossier, le côté francophone donne l’impression d’être beaucoup plus bureaucratisé et impersonnel que le côté anglophone. Simple coïncidence? Si la santé est un droit, comme les gens du milieu nous le répètent ad nauseam depuis des décennies, et qu’il faut à tout prix éviter le fameux système à deux vitesses, comment expliquer qu’on nous traite comme des moins que rien du côté francophone? Qu’on ne fasse pas tout son possible pour nous accommoder? Si le réseau était privé, pensez-vous que le personnel médical aurait intérêt à être courtois et efficace?

20070329

Religion d'État

Richard Martineau dans le Journal de Montréal ce matin:

J'écrivais hier que la percée soudaine de l'ADQ était une sorte de retour du refoulé, une réaction tardive à la fuite en avant vitesse grand V amorcée par le Québec lors de la Révolution tranquille.

C'est aussi une attaque contre le dogme religieux qui étouffe le Québec depuis quarante ans.

On me dira que le Québec s'est libéré de l'emprise de la religion dans les années 1960.

Faux. On a juste changé de dieu.

Notre dieu, maintenant, s'appelle État.

C'est lui qui prend en charge chaque aspect de notre vie, qui nous récompense quand on est gentil et qui nous punit quand on est méchant. C'est lui qu'on prie quand ça va mal, c'est devant lui qu'on s'agenouille quand ça va bien et c'est lui qu'on invoque quand on a une faveur à demander.

Le dieu État a son clergé, ses curés, ses fidèles, son dogme, ses prophètes, sa littérature, ses églises, ses apôtres, son Père, son Fils, son Saint-Esprit.

Et malheur à ceux qui osent le critiquer! Ça ne se fait tout simplement pas.

=>
SUITE

20070316

Le Deadbeat [traduction]

Voici ma traduction maison vite faite et non corrigée du très excellent portrait du Québec de Maclean's dont je vous avais parlé plus tôt:

Pour ceux habitant à l’extérieur du Québec, le film L’Illusion Tranquillle pourrait sembler aussi intéressant que de regarder de la poutine figer. Dans son attaque en règle contre le populaire modèle interventionniste québécois et l’obsession séparatiste, le documentaire d’une heure se base sur une panoplie d’entretiens réalisés avec des universitaires, des journalistes et sur un panel d’étudiants discutant de modèles fiscaux et d’ancienneté. Pas très divertissant.

Mais le documentaire, réalisé sans aucune subvention et présenté dans une poignée de salles à travers le Québec, a provoqué une véritable crise de conscience au sein des médias de la province et des milieux culturels, simplement en affirmant ce qui devient de plus en plus évident : le Québec est fauché. Affligé du plus haut taux d’imposition, de la plus important dette provinciale et de l’une des populations les plus âgées d’Amérique du Nord, le Québec est sur la voie de la faillite.

L’Illusion Tranquille affirme que l’éternelle poursuite de la séparation par le Parti Québécois n’a servi qu’à distraire et mettre en péril l’ensemble des Québécois. La réaction des séparatistes fut rapide et prévisible. « Ces gens supposément lucides ne font qu’émettre clichés par-dessus clichés », a écrit Louis Cornellier du quotidien nationaliste Le Devoir. Ce qui est plus surprenant, c’est à quel point de nombreux collègues de Cornellier se sont portés à la défense du film. « Ce film est aux finances du Québec ce que Une vérité qui dérange d’Al Gore est aux changements climatiques », a écrit Richard Martineau du Journal de Montréal. Joanne Marcotte et Denis Julien, le couple ayant produit le film, ont été reçus de façon positive dans les médias. Pour Julien, le succès du film s’explique facilement : « Notre système a atteint ses limites. Nous sommes en très mauvaise posture et les Québécois commencent à le réaliser ».

Il est à peu près temps. Même un regard rapide sur des décennies de données permet de voir que le Québec est dans une très, très mauvaise situation. Depuis des années, la productivité a ralenti alors que la dette a explosé. On prévoit qu’elle atteindra 127 milliards de dollars d’ici la fin de l’année prochaine, soit environ 17 000$ par Québécois. Les budgets provinciaux sont fortement dépendants des transferts fédéraux et les efforts pour réformer l’économie ont été torpillés par de puissants syndicats et un profond attachement envers le dispendieux modèle social, causant des dégâts majeurs au sein des finances publiques. Comme un groupe d’universitaires et de leaders du monde des affaires l’écrivaient dans un manifeste en 2005 : « en termes financiers, le gouvernement du Québec se compare à un gros albatros incapable de prendre son envol ».

Les choses vont si mal que le PIB du Québec se classe au 54e rang sur 60 provinces et États en Amérique du Nord – derrière plusieurs ne pouvant compter que sur une fraction de sa population et de ses ressources. Il est derrière le Montana et l’Arkansas, par exemple, et ne détient qu’une légère avance sur le Mississippi. Le PIB est usuellement 20% derrière celui de l’Ontario, son cousin géographique et économique le plus proche. « Au Québec, la richesse d’une famille de quatre est de 21 028$ inférieure à celle d’une famille semblable dans l’État du Maine », écrit Alain Dubuc dans son livre Éloge de la Richesse. « Comme se fait-il qu’une économie comme celle du Québec, avec autant de potentiel, ne puisse créer plus de richesse? »

Les Canadiens se demanderont bientôt la même chose, alors que la crise économique du Québec se retrouvera aux avant-postes de la scène nationale. Le Premier ministre Stephen Harper a laissé entendre que le budget du 19 mars fera les premiers pas vers un règlement du « déséquilibre fiscal ». Traduction : un lourd transfert au Québec, qui reçoit déjà 2,2 milliards de dollars de plus du gouvernement fédéral qu’il ne paie. L’argent du fédéral est déjà un dossier politique fumant au Québec à l’aube de l’élection provinciale, prévue une semaine seulement après le dépôt du budget fédéral. Quand le Premier ministre Jean Charest a laissé entendre l’autre jour qu’une élection du Parti Québécois mettrait un frein à la générosité du fédéral, le leader péquiste André Boisclair l’a accusé de tenter de faire chanter les Québécois à voter libéral.

« Le problème est que le Canada subventionne une province qui non seulement vit une crise des finances publiques, mais qui ne semble pas intéressée du tout à s’en sortir », dit Claude Montmarquette, professeur d’économie à l’Université de Montréal et un des signataires du manifeste de Bouchard. « Nous recevons d’importantes sommes du reste du Canada et également un laissez-passer pour dépenser énormément d’argent pour des programmes sociaux que les autres paient en grande partie pour nous », dit-il. « Alors pourquoi devrions-nous changer avant de frapper le mur? Et ça s’en vient ».

Alors que toutes les provinces canadiennes consacrent un large pourcentage de leurs budgets à des secteurs comme la santé, les programmes sociaux québécois sont de loin les plus généreux. Le Québec a le luxe de jouir de deux programmes très dispendieux, non disponibles ailleurs au pays. Le premier est le programme provincial de garderies à cinq dollars. Créé par le gouvernement péquiste en 1997 et augmenté à 7$ par Charest, , il est aussi populaire que dispendieux : il y a environ 195 000 places de garderies, coûtant approximativement 1,4 milliards de dollars par an. La province affirme maintenant créer 43% des places en garderies d’État au Canada, alors qu’elle ne compte que sur 23% des enfants de moins de 13 ans au pays. Le système public de garderies obtient le crédit de l’augmentation de huit pourcent du taux de natalité québécois en 2006, la première hausse importante depuis des décennies. Néanmoins, cette hausse a un prix. Selon le Conseil du Patronat, la principale fédération québécoise d’employeurs, un place en garderie pour un enfant québécois coûte environ 11 600$, soit le double de la moyenne canadienne. En cinq ans, le coût total du système a augmenté de 140%.

Depuis 1994, le gouvernement du Québec a gelé les frais de scolarité universitaires à 1668$. Aujourd’hui, un étudiant québécois faisant son entrée à l’université paye en moyenne 65% de moins qu’un étudiant ontarien. C’est peut-être une bonne affaire pour les étudiants, mais pas pour les universités. « Les universités québécoises sont sous-financées comparativement aux universités canadiennes et américaines », dit Heather Munroe-Blum, présidente de l’Université McGill. Récemment, le gouvernement Charest a annoncé une hausse de 100$ par étudiant par année, ce que Munroe-Blum qualifie de « très important ». Des frais peu élevés n’ont certainement pas créé plus de diplômés. Le Québec combine en effet le plus faible taux de fréquentation universitaire avec celui du plus faible taux d’achèvement des études, selon l’OCDE.

Depuis la Révolution tranquille, une fonction publique obèse est devenue partie intégrante de la culture politique québécoise. Le nombre de fonctionnaires québécois est deux fois plus élevé qu’en Ontario per capita, dit Pierre-Pascal Gendron, professeur d’économie au Humber College Institute of Technology and Learning de Toronto. « Le secteur public est énorme et ce problème ne s’en va pas ». Les sondages démontrent que les Québécois sont peu disposés à abandonner le filet de sécurité sociale tentaculaire et les emplois gouvernementaux bien rémunérés qui sont devenus partie intégrante du système provincial. En janvier, la firme CROP a effectué un sondage auprès de 1000 Québécois concernant des coupures dans les services gouvernementaux. Les résultats ont démontré que 60% des sondés désiraient que le gouvernement continue de jouer un rôle prépondérant dans la société québécoise. Mais le système devient de plus en plus intenable – 12 cents sur chaque dollar collecté par le gouvernement du Québec va au service du remboursement de la dette, même si les dépenses augmentent sans cesse plus vite que les revenus, selon un rapport dévoilé la semaine dernière par la banque TD.

La somme de tous ses programmes sociaux en or revient à une grosse facture pour les autres Canadiens. « Si vous habitez une autre province, ça signifie que vous payez davantage pour faire vivre le Québec », dit Jason Clemens, directeur des études fiscales à l’Institut Fraser, à propos des transferts fédéraux. « Si vous allez voir un citoyen de la Saskatchewan, où ils viennent tout juste d’entrer dans une phase de croissance et de corriger certains de leurs problèmes, ils se demandent pourquoi ils doivent subventionner de mauvaises politiques dans une autre province ».

Les experts affirment que la piètre performance économique du Québec et sa dépendance envers l’aumône fédérale ont créé un climat d’affaires disfonctionnel, ouvertement hostile à la compétition et à l’entrepeneurship. Prenons comme exemple un incident survenu lors d’un samedi matin glacial de la fin février, où des douzaines de manifestants se sont heurtés contre la police dans le nord de Montréal. Les manifestants n’étaient pas là pour protester contre l’itinérance et la pauvreté, ou même pour s’opposer à la guerre au terrorisme. Non, les activistes aux poings en l’air étaient des vendeurs de voitures. Un des leurs, le concessionnaire Pie IX Dodge-Chrysler, avait osé vendre des voitures la fin de semaine. Il s’agissait là d’une infraction à l’entente vieille de 35 ans interdisant à quiconque de vendre des voitures en ville les samedis et dimanches. Une semaine plus tôt, un vendeur concurrent avait lancé un morceau de glace à Sam Hajjar, le gérant du concessionnaire « fautif ». Cette fois, il était préparé : protection policière, sécurité personnelle privée et chiens de garde étaient prêts. Quelques clients sont parvenus à échapper à la foule en colère mais pas avant que quelqu’un ait abîmé la peinture de deux des modèles en démonstration de Hajjar.

S’il peut sembler pour le moins étrange que les vendeurs de voiture, ces capitalistes sanguinaires, se battent pour ne pas vendre de voitures, il faut prendre en considération la panoplie de statistiques démontrant l’aversion québécoise à la charge de travail nord-américaine typique. Lorsque Bouchard a affirmé que les gens de la province étaient paresseux, on l’a cloué au pilori et qualifié de traître alors qu’il ne citait simplement que les données de Statistiques Canada démontrant que les Québécois travaillaient moins que tout le monde au pays. Dans un rapport daté de l’année dernière, des chercheurs ont découvert que les Québécois travaillaient en moyenne 1750 heures par an, soit 130 de moins qu’en Alberta, détentrice du premier rang. Et la tendance va vers moins d’heures travaillées, et non davantage. La productivité québécoise a décliné entre 1997 et 2005, selon une autre étude de Statistiques Canada.

Une partie du problème réside dans le fait que 44% des Québécois sont titulaires d’un emploi stable, à l’année, comparativement à 57% des Ontariens. Mais il y a plus. Les patrons québécois se sont habitués au fait qu’à chaque jour, un nombre disproportionné de leurs employés ne se présentera pas au travail pour cause de maladie, comparativement aux autres provinces. Les employés à temps plein du Québec ont manqué en moyenne 11,2 jours de travail en 2005, selon Statistiques Canada, comparativement avec les travailleurs apparemment plus en santé de l’Ontario qui n’ont manqué en moyenne que 8,6 jours de travail. Néanmoins, les employés québécois du secteur privé travaillent comme des forcenés si on les compare à leurs collègues de la fonction publique. Un document du Conseil du Trésor obtenu par le Journal de Montréal révèle que les fonctionnaires de la province on manqué 14,14 jours de travail en moyenne pour cause de maladie en 2005, le double de la moyenne nationale. Le rapport affirmait également que le gouvernement du Québec a perdu presque 170 millions de dollars dû à l’absentéisme. Et la situation va en empirant. Selon le rapport, les journées de maladie sont en hausse constante depuis cinq ans.

Les Québécois semblent apprécier leurs temps libres plus que les autres Canadiens. Ils regardent davantage la télévision que les résidents de toutes les provinces sauf le Nouveau-Brunswick, selon Statistiques Canada. Et ils dorment plus (un sondage Léger Marketing démontrait que les Québécois dormaient en moyenne 7,3 heures par nuit contrairement à 6,8 heures pour les Ontariens). Un sondage du Journal de Montréal commandé après les commentaires de Bouchard démontrait que 43% des répondants étaient en désaccord avec ses commentaires sur leurs habitudes de travail. Une proportion équivalente affirmait qu’elle aimerait travailler au même rythme tout en gagnant le même salaire. Mois du tiers disait souhaiter travailler plus fort pour gagner davantage. En fait, 8% travailleraient même pour moins d’argent!

La faible productivité, affirment les économistes, est due aux rigides lois du travail et à une fiscalité punitive. En plus d’avoir les plus hauts taux d’imposition, le Québec est la province la plus syndiquée au Canada – un one-two punch qui a enoyé l’économie québécoise au tapis. Alors que les budgets récents ont tenté d’abaisser le niveau des impôts et la dette, la poigne de fer des syndicats semble être inamovible. Après l’élection d’André Boisclair à la tête du Parti Québécois, il a affirmé que le copinage à la Bernard Landry avec les syndicats était terminé. Mais cette semaine, voyant sa popularité en chute libre dans les sondages, il a accepté l’appui de la Fédération des travailleurs du Québec, la plus puissante centrale syndicale de la province. En 2003, quelques mois après sa victoire fracassante, Jean Charest a tenté d’aller de l’avant avec d’importantes réformes, dirigées entre autres vers une réduction de la taille de l’État et une limitation du pouvoir des syndicats. Il fut forcé d’abandonner ces plans à la suite de grèves massives déclenchées par des milliers de travailleurs bloquant les autoroutes, ralentissant le transport en commun et fermant des garderies. « Quand le public a eut vent de ces projets, il s’est opposé aux baisses d’impôts parce que les baisses d’impôts auraient signifié une réduction de la taille de la fonction publique », dit Gendron, l’économiste.

Les investisseurs étrangers prennent des notes. Aujourd’hui, la part québécoise des investissements étrangers et domestiques au Canada est sous la barre des 18%, selon les économistes, une proportion étonnement basse si on tient compte du poids démographique important de la province et de sa forte réputation dans le domaine de la recherche et du développement. L’automne dernier, le CAI Global Group, une firme de consultants à Montréal, a sondé la perception des entreprises multinationales opérant au Québec, donnant suite à un coup de sonde qu’il avait effectué en 1994. À cette époque, lorsqu’on leur demandait si la province devenait plus globalement compétitive, 70% avaient répondu oui. En 2006, ce pourcentage a chuté à seulement 33%.

Une des inquiétudes majeures pour le Québec est le nombre constant de jeunes gens quittant la province pour aller travailler ailleurs. « Les Québécois votent avec leurs pieds », dit Clemens, de l’Institut Fraser. Entre 1981 et 2005, la province était la seule à se retrouver du côté négatif de la migration interprovinciale nette à chaque année. Même Terre-Neuve, reconnue pour exporter ces jeunes gens vers tous les grands centres économiques, s’est parfois retrouvé du côté positif dans les années 80. Le Québec n’est pas seul à voir un flot de travailleurs fuyant l’est pour profiter du boom de l’ouest. Mais en bout de ligne, le poids démographique du Québec au sein de la population nationale canadienne a chuté à 24,1% en 2001 de 27,9% il y a trente ans.

Il n’y a pas que les Québécois qui soient devenus nonchalants et indifférents avec le malaise profond qui afflige leur province. Le reste du Canada également. Les rumeurs d’un autre important transfert n’ont pas déchainé l’indignation des Canadiens de l’ouest comme par le passé. « L’inquiétude est qu’à mesure que le Québec affirme son statut national, nous verrons de nouvelles demandes pour que le Canada finance ses aspirations », dit Roger Gibbins, directeur du Canada West Foundation, un think-tank de Calgary. « Mais je ne crois pas qu’il y ait beaucoup d’indignation dans l’ouest en raison de l’extraordinaire prospérité en vigueur dans la région. L’animosité ne se rend pas aussi profondément dans nos portefeuilles ». Gibbins dénote également que les Canadiens de l’ouest adopte une vision pragmatique des actions du gouvernement conservateur au Québec. Certes, il est possible que d’importantes sommes d’argent soient nécessaires à Harper pour consolider ses appuis au Québec mais c’est mieux que l’alternative – un retour au gaspillage des libéraux. Beaucoup, bien sûr, dépendra de la situation des provinces de l’ouest suivant les projets d’Ottawa de revoir le système fédéral de péréquation. Une plus grande autonomie en matière de dépenses permettra à l’Alberta d’atténuer son exaspération devant ce nouveau don au Québec.

Quoiqu’une reprisé économique puisse alléger les inquiétudes pendant un certain temps, le Québec devra tôt ou tard confronter les problèmes engendrés par ses largesses et ses dépenses. Il y a quelques signes annonciateurs que les Québécois, grâce à des gens comme Bouchard et Dubuc, commencent à le réaliser. Considérez la récente montée de la conservatrice ADQ, qui attire le vote de la classe moyenne banlieusarde, plus encline à se soucier de la qualité des hôpitaux et des écoles que d’un autre référendum. « La population croit au PQ de moins en moins », dit Julien, le producteur du film. « Nous savons que le Québec va de plus en plus mal économiquement. Et si nous recevons des paiements de transferts, ce n’est certainement pas nous qui enrichissons le reste du Canada ». Néanmoins, peu nombreux sont ceux qui espèrent voir le gagnant de la prochaine élection y aller d’une réingéniérie en profondeur de l’économie québécoise, spécialement en considérant l’apparente disposition du gouvernement fédéral à faire déferler des billets verts dans la province. Les problèmes du Québec resteront probablement encore longtemps les problèmes du Canada.

Le Deadbeat

À LIRE ABSOLUMENT: Portrait du Québec par le magazine Maclean's. Situation économique, modèle social, misérabilisme, mentalité de mendiant, santé, éducation, lois du travail, syndicats, etc. Tout y passe. J'aurais bien voulu vous mettre quelques extraits en ligne mais la sélection des passages importants se serait soldée par un copier-coller du texte intégral. À lire et à diffuser.

Malheureusement pour les unilingues, le texte n'est disponible qu'en anglais.

20070315

Variations sur un même thème

Nathalie Elgrably comment le débat des chefs:


Le constat est donc inévitable: les trois grands partis proposent une variation sur le même modèle, le «modèle québécois». Ils partagent tous la même philosophie, seules les mesures envisagées diffèrent. Ils nous proposent chacun leur version «nouvelle et améliorée» du modèle québécois. Même l’ADQ qui se dit moins interventionniste ne fait que se retirer de certains domaines pour s’immiscer davantage d’en d’autres. Le seul élément qui permette de fondamentalement distinguer les candidats est leur position sur la question souverainiste. M. Boisclair a d’ailleurs clairement annoncé son intention de tenir un référendum au cours de son premier mandant.

Mais devoir choisir entre le fédéralisme (version Charest ou Dumont) et la souveraineté, là n’est pas la question! Il semble que nos candidats n’aient pas compris que les Québécois veulent un véritable changement. C’était le message lancé par le documentaire «L’illusion tranquille», et c’est précisément ce désir de changement qui explique la montée de l’ADQ dans les sondages. Pourtant, le parti de Mario Dumont ne présente rien de révolutionnaire, simplement une version «light» du modèle québécois.

Il aurait été plus instructif pour les électeurs d’entendre les chefs se prononcer sur la croissance économique anémique qu’enregistre le Québec depuis 10 ans, la faiblesse de la construction et des investissements, la surimposition des travailleurs, la pauvreté relative du Québec et son appauvrissement constant, l’épidémie meurtrière de C. difficile, le taux de chômage québécois qui est supérieur à la moyenne canadienne, etc. Mais les candidats semblent préférer s’adonner à des diatribes inutiles sur des détails survenus par le passé plutôt que de débattre de questions économiques importantes qui touchent le quotidien des Québécois et leur avenir! Dans ce contexte, les électeurs sont les grands perdants de la soirée de mardi.