Le retard économique du Québec
Claude Séguin
Le Devoir
samedi 16 juin 2007
Le Québec se situe parmi les sociétés les plus prospères du monde. Cependant, par rapport à ses voisins, canadiens ou américains, le Québec affiche les résultats parmi les plus bas quant à sa prospérité évaluée par son produit intérieur brut (PIB) par habitant.
En comparaison avec ses voisins canadiens, le Québec continuait en 2004 d’afficher un écart de prospérité de 16 %, ou 6300 $ par habitant. Cet écart existe depuis longtemps. Il était de 2000 $ (12 %) en 1961 et de 5500 $ (18 %) en 1985. Il n’est donc pas lié à une conjoncture exceptionnelle mais plutôt à des facteurs qui sont à l’oeuvre de façon systématique depuis des décennies.
L’enjeu est de taille. Si le Québec affichait une prospérité par habitant équivalente à celle de ses voisins canadiens, les ménages québécois pourraient compter sur une augmentation de leur revenu disponible (après impôts) de 8500 $, soit un gain de plus de 15 %. Les divers ordres de gouvernement au Québec verraient leurs recettes augmenter de plus de 18 milliards de dollars, ce qui va bien au-delà de toutes les estimations du fameux déséquilibre fiscal.
Il est donc opportun de se demander comment on pourrait refermer cet écart de prospérité. Une bonne façon de déblayer le terrain est de tenter d’expliquer quelles sont les composantes de cet écart pour ensuite s’interroger sur des mesures qui pourraient infléchir leur tendance.
Nous utiliserons une méthodologie que l’Institut de compétitivité et de prospérité de Toronto a développée pour analyser l’économie ontarienne et, par la suite, l’économie canadienne. Elle décline les composantes du PIB pour attribuer l’écart total remarqué entre les divers facteurs qui entrent dans sa composition.
Ainsi, notre mesure de prospérité (le PIB par habitant) se compose d’un volet productivité et d’un volet main-d’oeuvre. La combinaison du travail de la main-d’oeuvre présente sur le territoire donné et des outils de production à sa disposition va se matérialiser en production de biens et de services.
Lorsqu’on applique cette méthodologie à la comparaison du Québec avec ses voisins canadiens, on arrive aux conclusions suivantes.
L’écart de prospérité de 6300 $, remarqué en 2004, s’expliquait par des facteurs de productivité équivalents à 2400 $, soit 38 % de l’écart, et par des facteurs de main-d’oeuvre correspondant au solde de 3900 $, soit 62 %.
En analysant les facteurs de productivité, on constate d’abord que le manque à gagner du Québec ne vient pas de sa structure industrielle. La composition de l’activité économique au Québec est moderne et tournée vers l’exportation. On pourrait cependant accroître son efficacité, ce qui ajouterait 1000 $ par habitant, si le Québec affichait le même degré d’efficacité que ses voisins.
On constate aussi que, depuis longtemps, le Québec investit systématiquement moins que ses voisins en capital destiné à accroître la productivité (machinerie, équipement et logiciels). Cela explique 500 $ de l’écart par habitant.
Le degré d’éducation moindre des Québécois explique quant à lui 900 $ de l’écart total. En effet, si la main-d’oeuvre québécoise avait le même degré de scolarité que ses voisins canadiens, les revenus des Québécois auraient été supérieurs de 900 $ par habitant, soit près de sept milliards de dollars de plus. L’essentiel de l’écart vient d’une moins grande scolarisation universitaire et d’un taux de décrochage supérieur au secondaire.
Si les écarts au chapitre de la productivité sont considérables, ceux reliés à la main-d’oeuvre le sont encore plus.
La main-d’oeuvre québécoise
Un avantage de 400 $ par habitant lié au profil de la population disparaît lorsque nous examinons les autres facteurs reliés à la main-d’oeuvre. La participation de la population en âge de travailler au marché du travail a de tout temps été inférieure au Québec qu’ailleurs au Canada. Cet écart s’est rétréci au cours des dix dernières années, notamment à cause d’une plus grande participation féminine, mais en 2004, il expliquait toujours 1100 $ par habitant sur les 3900 $ provenant des facteurs de main-d’oeuvre. On continue de constater un écart croissant dans la participation au marché du travail des hommes de 50 ans et plus, défavorable au Québec.
Parmi ceux qui font partie du marché du travail, seulement une partie a un emploi. Comme le taux de chômage au Québec a été systématiquement au-dessus de ceux prévalant ailleurs au Canada, cette déficience expliquait 700 $ par habitant de manque à gagner sur notre mesure de prospérité en 2004.
Le dernier élément relié à la main-d’oeuvre concerne l’intensité de la main-d’oeuvre en emploi, soit le nombre d’heures travaillées. L’écart du Québec y est significatif et s’est détérioré systématiquement depuis les années 70. Encore ici, ce n’est pas une question de conjoncture. On explique ainsi 2500 $ de l’écart de prospérité, soit 40 %.
Heures travaillées
Cette dernière question soulève toujours de nombreux débats. Les études récentes, dont certaines menées par l’Institut de compétitivité et de prospérité, ont évalué que les Ontariens travaillaient en moyenne, entre 1997 et 2004, un peu plus de trois semaines de moins que leurs vis-à-vis américains et que les Québécois, au cours de la même période, travaillaient deux semaines de moins que les Ontariens.
Les comportements des Québécois ne diffèrent pas totalement de ceux de leurs voisins ontariens. On remarque les mêmes tendances à prendre plus de semaines entières de congé ou de vacances, à plus travailler à temps partiel et à passer moins d’heures par semaine au travail. Toutefois, l’écart de près de deux semaines de travail avec l’Ontario s’explique presque en totalité par le fait qu’un moins grand nombre de Québécois travaillent de « longues semaines » (50 heures et plus) et par une plus grande propension à s’absenter du travail pour des raisons de maladie.
On note de plus qu’une partie plus considérable des travailleurs à temps partiel au Québec le sont de façon involontaire, et ce, quel que soit leur degré d’éducation. Manifestement, plusieurs des travailleurs québécois souhaiteraient travailler davantage.
Ces différences entre les heures travaillées au Québec et en Ontario peuvent aussi être décomposées selon l’appartenance du travailleur au secteur public ou au secteur privé et s’il est syndiqué ou non. Sur la période visée par l’étude québécoise (1997-2004), un employé du secteur public au Québec travaillait l’équivalent de sept semaines de moins que son vis-à-vis du secteur privé. Comme la proportion d’emplois du secteur public (23,1 %) au Québec est plus grande qu’en Ontario (19,5 %), ce facteur représente près de 12,5 % du différentiel Québec-Ontario.
On remarque aussi le même phénomène entre les travailleurs syndiqués et non syndiqués. Les premiers représentent 34,1 % des travailleurs au Québec alors que la proportion ontarienne de travailleurs syndiqués n’est que de 25,3 %. On estime à près de cinq semaines par année le différentiel d’heures travaillées au Québec entre un syndiqué et un non-syndiqué. On explique ainsi près du quart de l’écart Québec-Ontario à ce titre.
Les différentiels privé-public et syndiqué-non-syndiqué ne s’additionnent pas puisque la proportion des emplois syndiqués est très élevée dans le secteur public. On doit cependant retenir qu’une partie plus considérable de la main-d’oeuvre québécoise est active dans un environnement moins « fluide » qu’en Ontario.
Comment agir
Ainsi, plus de 60 % du différentiel entre Québec et le restant du Canada s’explique par des questions reliées à la main-d’oeuvre. On peut supposer qu’une partie des comportements des Québécois sur le marché du travail correspond à des choix qui leur sont personnels. Mais l’ampleur des écarts remarqués laisse penser que d’autres facteurs sont à l’oeuvre et peuvent les expliquer.
Lorsqu’on constate une moins grande participation au marché du travail, on peut penser que les qualifications professionnelles sont souvent en cause. La baisse substantielle au cours des dernières années de la participation des hommes âgés de plus de 50 ans pourrait s’expliquer par l’inadéquation de leurs qualifications et des demandes du marché du travail d’aujourd’hui, notamment à la suite des bouleversements remarqués dans le secteur manufacturier.
Quand 33 % des travailleurs à temps partiel souhaitent travailler à temps plein, il est possible qu’une activité économique accrue les aide à atteindre leur objectif, mais il est aussi possible qu’ils n’aient pas les qualifications requises. C’est donc un vaste programme de requalification professionnelle dont nous avons besoin ici pour corriger la situation actuelle.
Par ailleurs, lorsque des différences considérables d’heures travaillées sont remarquées dans des secteurs économiques précis, on peut supposer qu’il y a des rigidités dans le fonctionnement du marché du travail que nos voisins ne semblent pas avoir. Le secteur de la construction en est probablement un bon exemple.
Le retard au chapitre des investissements ne fait pas de doute. Il remet en question nos politiques de taxation, qui imposent le capital investi trop durement.
L’effort à consacrer à l’éducation est crucial pour accroître la prospérité des Québécois. Il devient critique de mieux financer le secteur universitaire afin d’augmenter la proportion des Québécois ayant un diplôme universitaire et de s’attaquer pour de bon au décrochage scolaire au secondaire. Le secteur professionnel est un pivot essentiel à la requalification des nombreux travailleurs affectés par les bouleversements de l’industrie manufacturière.
Finalement, il faut permettre à la main-d’oeuvre d’être plus souple et plus mobile. Le faible nombre d’heures travaillées cache des rigidités dans plusieurs secteurs de l’économie. Il nous alerte aussi en ce qui a trait aux problèmes de requalification de la main-d’oeuvre. Il est aussi possible que le régime fiscal actuel décourage de travailler un plus grand nombre d’heures en rendant les heures additionnelles « pas assez payantes ».
Bref, voilà des orientations tangibles qui pourraient améliorer la situation sans déclencher de révolution. Encore faut-il en être convaincu !
Il n’est pas essentiel d’être plus prospère. Toutefois, l’ensemble des ménages québécois n’auraient aucune difficulté à s’accommoder de revenus supplémentaires. Le secteur public du Québec non plus !
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Claude Séguin, Vice-président principal de CGI et ancien sous-ministre des Finances du Québec
20070617
Economic Retard
20070611
Solidaires dans la misère
La solution Massé: injecter davantage d'argent public dans ce trou sans fond qu'est notre régime universel.
En considérant que depuis 2001, le budget de la santé au Québec est passé de 15 à 21 milliards de dollars par année, une nouvelle étude parue ce matin permet au contribuable de constater à quel point il en a eu pour son argent:
Les millions et les efforts n'ont pas suffi. La situation dans les urgences est toujours précaire. Les patients y passent plus de temps qu'avant couchés sur une civière, en attente d'une hospitalisation ou de leur congé. C'est ce que révèle le deuxième palmarès des urgences du Québec, réalisé par La Presse.
La situation dans les trois quarts des urgences de la province a stagné ou s'est détériorée depuis un an. C'est à Montréal que l'on trouve les urgences les moins efficaces.
Le deuxième palmarès des urgences du Québec publié par La Presse montre qu'il reste beaucoup de travail à faire. Malgré les millions investis, malgré les efforts et les nouvelles méthodes de gestion, les urgences débordent toujours.
Le temps que le patient passe sur une civière avant d'obtenir son congé ou d'être hospitalisé a même légèrement augmenté depuis un an. La durée moyenne du séjour atteint 16h18 cette année, sans compter le temps passé dans la salle d'attente avant de voir un médecin.
Le ministère de la Santé et des Services sociaux s'est pourtant fixé un objectif de 12 heures maximum pour la durée moyenne du séjour. À peine le tiers des hôpitaux répertoriés l'atteignent.
Le premier palmarès des urgences, publié en mai 2006 par La Presse, avait été réalisé à partir des données de l'année 2004-2005, alors les plus récentes. Un an plus tard, le deuxième palmarès est établi avec les données de l'année 2006-2007, qui s'est terminée le 31 mars. Il permet donc de comparer la situation des urgences sur trois ans.
Pendant cette période, la situation s'est détériorée pour le quart des urgences. Au total, 17 des 84 hôpitaux répertoriés obtiennent un D ou un E.
C'est le Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) qui obtient le pire score. Pour la deuxième année consécutive, l'hôpital Notre-Dame récolte E+. L'hôpital Saint-Luc a aussi régressé pour le rejoindre en queue de peloton.
Quant à l'Hôtel-Dieu, également du CHUM, il a glissé à D, tout comme l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. Dans ces deux établissements, la durée moyenne du séjour aux urgences est d'environ 30 heures.
20070607
20070405
20070401
L'ILLUSION TRANQUILLE (version intégrale)
20070329
L'ONU dénonce le gouvernement Charest!
Le conseil d'administration du Bureau international du travail (BIT) condamne la décision du gouvernement Charest d'imposer la loi 43, qui a fixé les conditions de travail des employés de la fonction publique et parapublique en 2005.
L'organisme des Nations unies considère que la législation québécoise, à laquelle les syndicats réfèrent comme étant le projet de loi 142, viole les conventions internationales 87 et 98, qui portent sur sur la liberté syndicale et le droit d'organisation et de négociation collective des employés.
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Également à l'agenda de l'ONU cette semaine:
- ne rien faire pour contrer le programme nucléaire iranien
- envoyer le Secrétaire Général déposer une gerbe de fleurs sur la tombe du Père du terrorisme palestinien
- faire adopter huit résolutions anti-israéliennes par le "Conseil des droits de l'Homme"
- refuser de condamner l'enlèvement et la détention illégale de 15 marins britanniques par la théocratie irannienne

20070320
La vieille sorcière sort son balai

Voilà qui devrait consolider le vote adéquiste:
Le vent de l'Action démocratique souffle tellement fort qu'il commence à inquiéter sérieusement les syndicats. L'élection de l'ADQ serait «une catastrophe», prévient la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, qui conjure ses membres «d'y penser à deux et trois fois» avant de donner leur vote à Mario Dumont.
Après qu'une coalition représentant les travailleurs de la fonction publique eut qualifié dimanche la possible élection d'un gouvernement adéquiste de «danger réel», la présidente de l'une des plus grandes centrales syndicales du Québec, la CSN, sort à son tour de sa neutralité pour réagir à la montée de l'ADQ.
«Quand on regarde froidement les politiques de l'ADQ, ce serait bien pire que Jean Charest « déclare Claudette Carbonneau, lors d'une entrevue à La Presse. Ce serait une véritable catastrophe pour le Québec.»
Ces syndicats soulignent qu'ils n'ont même pas eu d'accusé de réception lorsqu'ils ont demandé à rencontrer le chef de l'ADQ. «Le silence de M. Dumont nous en dit plus long que tous ses discours sur le type de relations qu'il souhaite entretenir avec les employés de l'État», ont-ils dénoncé. Eux aussi avaient leur message pour les électeurs : «le résultat de cette élection pourrait changer le visage de la société québécoise».
Oh non! Le Québec est tellement en avance sur le reste du monde...
20070319
Les chemises carreautées à la défense du bon peuple
Le Secrétariat intersyndical des services publics, qui regroupe près de 300 000 syndiqués de la fonction publique, de la santé et de l'éducation, exhorte ses membres à ne pas accorder leur confiance aux libéraux et à l'ADQ.
Les syndicats estiment que l'élection du 26 mars pourrait avoir des conséquences majeures sur le maintien des services de santé et d'éducation universelle et sur une multitude d'autres services offerts par la fonction publique québécoise.
Source: LCN
Que la gale syndicale défende ses membres, soit. Comme on dit, ça fait partie de la "game". Mais lorsqu'elle prétend intervenir dans le débat public sous prétexte de se porter à la défense de l'intérêt des Québécois dans leur ensemble, elle les prend tout simplement pour les derniers des imbéciles.
Sérieusement...
Le plus grand service qu'un gouvernement pourrait rendre à la population serait de pulvériser, voire d'anéantir une fois pour toutes les grands monopoles syndicaux, ces sangsues galeuses, principaux responsables de l'incurable sclérose qui gangrène la société québécoise. Tant et aussi longtemps que cette importante tâche de salut public ne sera pas menée à terme, tout espoir de voir le Québec se débarrasser enfin de l'hydre socialiste qui le vampirise sans cesse davantage demeurera à jamais illusoire.