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20070608

Cent fôtes!

Concernant ce rapport débile d'un fonctionnaire du "ministère de l'Éducation" prônant la non-comptabilisation des fautes d'orthographe dans l'épreuve uniforme de français au Cégep, voici un court extrait de la chronique de Rima Elkouri, parue dans La Presse hier:

Dans une autre vie, j’ai travaillé comme correctrice au très ésotérique ministère de l’Éducation. Correctrice des épreuves de français de cinquième secondaire, pendant quelques étés, rue Fullum, dans l’est de la ville. Puis, correctrice des examens au collégial, pendant très peu de temps, dans le sous-sol d’un ancien COFI de Parc-Extension. Jusqu’au jour où j’ai pris mes cliques, mes claques et mes dictionnaires pour me sauver par la porte de sortie du journalisme.

Les souvenirs de ces voyages dans le monde secret des très égalitaristes fonctionnaires de l’Éducation me reviennent chaque fois que je lis des aberrations comme celles dont faisait état Le Devoir hier. Quoi de neuf, donc, au ministère de l’Éducation ? Eh bien, selon un expert mandaté par le MEQ, il faudrait cesser de compter le nombre de fautes à l’épreuve de français au collégial. Car, voyez-vous, l’approche quantitative, punitive et judéo-chrétienne fait en sorte que l’évaluateur, ce grand méchant tortionnaire devant l’Éternel, s’intéresse davantage aux faiblesses de l’élève, alors qu’il devrait plutôt s’intéresser à ses forces. C’est pourquoi, comprenez-vous, il faudrait préconiser une approche qualitative, dite « holistique », histoire de valoriser ce qui est réussi plutôt que de mesurer ce qui est raté... Parce que, voyez-vous, si on dit qu’il y a une erreur, cela sous-entend qu’il existe une norme « divine ». Et qu’est-ce qu’une norme, hein ? N’est-ce pas une source d’injustice, si on y pense ? Car la norme idéale ne se manifeste jamais également d’une copie à l’autre. Alors qu’est-ce qui nous assure qu’une quantité de fautes ou de « non-fautes » témoigne bel et bien d’une maîtrise de la langue ? Rien de rien, nous dit le vénéré expert.

Quoi de neuf, donc, dans le monde égalitariste du ministère de l’Éducation ? Pas grand-chose. Cette approche débilitante de la pédagogie selon laquelle tous les élèves naissent bons jusqu’à ce que le correcteur les corrompe, a toujours eu une place prépondérante chez nos fonctionnaires. À l’époque de mon voyage ésotérique, on nous faisait bien comprendre que le correcteur avait intérêt à être le plus généreux possible. S’il avait le malheur d’être « sévère », c’est-à-dire « juste » selon mes misérables normes judéo-chrétiennes, il se faisait rappeler à l’ordre. On corrigeait le correcteur trop consciencieux. On lui apprenait à déchiffrer des arguments sans queue ni tête. On lui apprenait à créer de la cohérence là où il n’y en avait pas. On lui apprenait à deviner grâce à la boule de cristal des fonctionnaires de l’Éducation ce que l’élève « essayait de dire ». Parce que le « pauvre p’tit », il fallait bien l’aider... Ce n’est pas ce qu’il voulait dire. Alors, s’il a écrit : « Premièrement, tout le monde est égal, même les inférieurs », est-ce que ça compte pour un argument ? Mais oui, voyons ! Parce que le correcteur doit voir au-delà des mots maladroitement alignés...

Comme on ne pouvait fermer les yeux sur les fautes d’orthographe ou de syntaxe, on se rattrapait ainsi en étant plus généreux dans l’évaluation du fond. Une entreprise absurde d’aveuglement volontaire devant un système qui produit encore une quantité sidérante de quasi-illettrés.


À lire => Richard Martineau sur le même sujet.

20070319

Les chemises carreautées à la défense du bon peuple

Le Secrétariat intersyndical des services publics, qui regroupe près de 300 000 syndiqués de la fonction publique, de la santé et de l'éducation, exhorte ses membres à ne pas accorder leur confiance aux libéraux et à l'ADQ.

Les syndicats estiment que l'élection du 26 mars pourrait avoir des conséquences majeures sur le maintien des services de santé et d'éducation universelle et sur une multitude d'autres services offerts par la fonction publique québécoise.

Source: LCN


Que la gale syndicale défende ses membres, soit. Comme on dit, ça fait partie de la "game". Mais lorsqu'elle prétend intervenir dans le débat public sous prétexte de se porter à la défense de l'intérêt des Québécois dans leur ensemble, elle les prend tout simplement pour les derniers des imbéciles.

Sérieusement...

Le plus grand service qu'un gouvernement pourrait rendre à la population serait de pulvériser, voire d'anéantir une fois pour toutes les grands monopoles syndicaux, ces sangsues galeuses, principaux responsables de l'incurable sclérose qui gangrène la société québécoise. Tant et aussi longtemps que cette importante tâche de salut public ne sera pas menée à terme, tout espoir de voir le Québec se débarrasser enfin de l'hydre socialiste qui le vampirise sans cesse davantage demeurera à jamais illusoire.

20070317

Music to my ears

Mario Dumont demeure évasif sur le modèle de gouvernement qu'il veut diriger, mais chose certaine il entend bien diminuer la taille de l'État, sabrer dans les dépenses, et réduire le nombre total de fonctionnaires.

Source: PC/Matinternet

20070316

Le Deadbeat [traduction]

Voici ma traduction maison vite faite et non corrigée du très excellent portrait du Québec de Maclean's dont je vous avais parlé plus tôt:

Pour ceux habitant à l’extérieur du Québec, le film L’Illusion Tranquillle pourrait sembler aussi intéressant que de regarder de la poutine figer. Dans son attaque en règle contre le populaire modèle interventionniste québécois et l’obsession séparatiste, le documentaire d’une heure se base sur une panoplie d’entretiens réalisés avec des universitaires, des journalistes et sur un panel d’étudiants discutant de modèles fiscaux et d’ancienneté. Pas très divertissant.

Mais le documentaire, réalisé sans aucune subvention et présenté dans une poignée de salles à travers le Québec, a provoqué une véritable crise de conscience au sein des médias de la province et des milieux culturels, simplement en affirmant ce qui devient de plus en plus évident : le Québec est fauché. Affligé du plus haut taux d’imposition, de la plus important dette provinciale et de l’une des populations les plus âgées d’Amérique du Nord, le Québec est sur la voie de la faillite.

L’Illusion Tranquille affirme que l’éternelle poursuite de la séparation par le Parti Québécois n’a servi qu’à distraire et mettre en péril l’ensemble des Québécois. La réaction des séparatistes fut rapide et prévisible. « Ces gens supposément lucides ne font qu’émettre clichés par-dessus clichés », a écrit Louis Cornellier du quotidien nationaliste Le Devoir. Ce qui est plus surprenant, c’est à quel point de nombreux collègues de Cornellier se sont portés à la défense du film. « Ce film est aux finances du Québec ce que Une vérité qui dérange d’Al Gore est aux changements climatiques », a écrit Richard Martineau du Journal de Montréal. Joanne Marcotte et Denis Julien, le couple ayant produit le film, ont été reçus de façon positive dans les médias. Pour Julien, le succès du film s’explique facilement : « Notre système a atteint ses limites. Nous sommes en très mauvaise posture et les Québécois commencent à le réaliser ».

Il est à peu près temps. Même un regard rapide sur des décennies de données permet de voir que le Québec est dans une très, très mauvaise situation. Depuis des années, la productivité a ralenti alors que la dette a explosé. On prévoit qu’elle atteindra 127 milliards de dollars d’ici la fin de l’année prochaine, soit environ 17 000$ par Québécois. Les budgets provinciaux sont fortement dépendants des transferts fédéraux et les efforts pour réformer l’économie ont été torpillés par de puissants syndicats et un profond attachement envers le dispendieux modèle social, causant des dégâts majeurs au sein des finances publiques. Comme un groupe d’universitaires et de leaders du monde des affaires l’écrivaient dans un manifeste en 2005 : « en termes financiers, le gouvernement du Québec se compare à un gros albatros incapable de prendre son envol ».

Les choses vont si mal que le PIB du Québec se classe au 54e rang sur 60 provinces et États en Amérique du Nord – derrière plusieurs ne pouvant compter que sur une fraction de sa population et de ses ressources. Il est derrière le Montana et l’Arkansas, par exemple, et ne détient qu’une légère avance sur le Mississippi. Le PIB est usuellement 20% derrière celui de l’Ontario, son cousin géographique et économique le plus proche. « Au Québec, la richesse d’une famille de quatre est de 21 028$ inférieure à celle d’une famille semblable dans l’État du Maine », écrit Alain Dubuc dans son livre Éloge de la Richesse. « Comme se fait-il qu’une économie comme celle du Québec, avec autant de potentiel, ne puisse créer plus de richesse? »

Les Canadiens se demanderont bientôt la même chose, alors que la crise économique du Québec se retrouvera aux avant-postes de la scène nationale. Le Premier ministre Stephen Harper a laissé entendre que le budget du 19 mars fera les premiers pas vers un règlement du « déséquilibre fiscal ». Traduction : un lourd transfert au Québec, qui reçoit déjà 2,2 milliards de dollars de plus du gouvernement fédéral qu’il ne paie. L’argent du fédéral est déjà un dossier politique fumant au Québec à l’aube de l’élection provinciale, prévue une semaine seulement après le dépôt du budget fédéral. Quand le Premier ministre Jean Charest a laissé entendre l’autre jour qu’une élection du Parti Québécois mettrait un frein à la générosité du fédéral, le leader péquiste André Boisclair l’a accusé de tenter de faire chanter les Québécois à voter libéral.

« Le problème est que le Canada subventionne une province qui non seulement vit une crise des finances publiques, mais qui ne semble pas intéressée du tout à s’en sortir », dit Claude Montmarquette, professeur d’économie à l’Université de Montréal et un des signataires du manifeste de Bouchard. « Nous recevons d’importantes sommes du reste du Canada et également un laissez-passer pour dépenser énormément d’argent pour des programmes sociaux que les autres paient en grande partie pour nous », dit-il. « Alors pourquoi devrions-nous changer avant de frapper le mur? Et ça s’en vient ».

Alors que toutes les provinces canadiennes consacrent un large pourcentage de leurs budgets à des secteurs comme la santé, les programmes sociaux québécois sont de loin les plus généreux. Le Québec a le luxe de jouir de deux programmes très dispendieux, non disponibles ailleurs au pays. Le premier est le programme provincial de garderies à cinq dollars. Créé par le gouvernement péquiste en 1997 et augmenté à 7$ par Charest, , il est aussi populaire que dispendieux : il y a environ 195 000 places de garderies, coûtant approximativement 1,4 milliards de dollars par an. La province affirme maintenant créer 43% des places en garderies d’État au Canada, alors qu’elle ne compte que sur 23% des enfants de moins de 13 ans au pays. Le système public de garderies obtient le crédit de l’augmentation de huit pourcent du taux de natalité québécois en 2006, la première hausse importante depuis des décennies. Néanmoins, cette hausse a un prix. Selon le Conseil du Patronat, la principale fédération québécoise d’employeurs, un place en garderie pour un enfant québécois coûte environ 11 600$, soit le double de la moyenne canadienne. En cinq ans, le coût total du système a augmenté de 140%.

Depuis 1994, le gouvernement du Québec a gelé les frais de scolarité universitaires à 1668$. Aujourd’hui, un étudiant québécois faisant son entrée à l’université paye en moyenne 65% de moins qu’un étudiant ontarien. C’est peut-être une bonne affaire pour les étudiants, mais pas pour les universités. « Les universités québécoises sont sous-financées comparativement aux universités canadiennes et américaines », dit Heather Munroe-Blum, présidente de l’Université McGill. Récemment, le gouvernement Charest a annoncé une hausse de 100$ par étudiant par année, ce que Munroe-Blum qualifie de « très important ». Des frais peu élevés n’ont certainement pas créé plus de diplômés. Le Québec combine en effet le plus faible taux de fréquentation universitaire avec celui du plus faible taux d’achèvement des études, selon l’OCDE.

Depuis la Révolution tranquille, une fonction publique obèse est devenue partie intégrante de la culture politique québécoise. Le nombre de fonctionnaires québécois est deux fois plus élevé qu’en Ontario per capita, dit Pierre-Pascal Gendron, professeur d’économie au Humber College Institute of Technology and Learning de Toronto. « Le secteur public est énorme et ce problème ne s’en va pas ». Les sondages démontrent que les Québécois sont peu disposés à abandonner le filet de sécurité sociale tentaculaire et les emplois gouvernementaux bien rémunérés qui sont devenus partie intégrante du système provincial. En janvier, la firme CROP a effectué un sondage auprès de 1000 Québécois concernant des coupures dans les services gouvernementaux. Les résultats ont démontré que 60% des sondés désiraient que le gouvernement continue de jouer un rôle prépondérant dans la société québécoise. Mais le système devient de plus en plus intenable – 12 cents sur chaque dollar collecté par le gouvernement du Québec va au service du remboursement de la dette, même si les dépenses augmentent sans cesse plus vite que les revenus, selon un rapport dévoilé la semaine dernière par la banque TD.

La somme de tous ses programmes sociaux en or revient à une grosse facture pour les autres Canadiens. « Si vous habitez une autre province, ça signifie que vous payez davantage pour faire vivre le Québec », dit Jason Clemens, directeur des études fiscales à l’Institut Fraser, à propos des transferts fédéraux. « Si vous allez voir un citoyen de la Saskatchewan, où ils viennent tout juste d’entrer dans une phase de croissance et de corriger certains de leurs problèmes, ils se demandent pourquoi ils doivent subventionner de mauvaises politiques dans une autre province ».

Les experts affirment que la piètre performance économique du Québec et sa dépendance envers l’aumône fédérale ont créé un climat d’affaires disfonctionnel, ouvertement hostile à la compétition et à l’entrepeneurship. Prenons comme exemple un incident survenu lors d’un samedi matin glacial de la fin février, où des douzaines de manifestants se sont heurtés contre la police dans le nord de Montréal. Les manifestants n’étaient pas là pour protester contre l’itinérance et la pauvreté, ou même pour s’opposer à la guerre au terrorisme. Non, les activistes aux poings en l’air étaient des vendeurs de voitures. Un des leurs, le concessionnaire Pie IX Dodge-Chrysler, avait osé vendre des voitures la fin de semaine. Il s’agissait là d’une infraction à l’entente vieille de 35 ans interdisant à quiconque de vendre des voitures en ville les samedis et dimanches. Une semaine plus tôt, un vendeur concurrent avait lancé un morceau de glace à Sam Hajjar, le gérant du concessionnaire « fautif ». Cette fois, il était préparé : protection policière, sécurité personnelle privée et chiens de garde étaient prêts. Quelques clients sont parvenus à échapper à la foule en colère mais pas avant que quelqu’un ait abîmé la peinture de deux des modèles en démonstration de Hajjar.

S’il peut sembler pour le moins étrange que les vendeurs de voiture, ces capitalistes sanguinaires, se battent pour ne pas vendre de voitures, il faut prendre en considération la panoplie de statistiques démontrant l’aversion québécoise à la charge de travail nord-américaine typique. Lorsque Bouchard a affirmé que les gens de la province étaient paresseux, on l’a cloué au pilori et qualifié de traître alors qu’il ne citait simplement que les données de Statistiques Canada démontrant que les Québécois travaillaient moins que tout le monde au pays. Dans un rapport daté de l’année dernière, des chercheurs ont découvert que les Québécois travaillaient en moyenne 1750 heures par an, soit 130 de moins qu’en Alberta, détentrice du premier rang. Et la tendance va vers moins d’heures travaillées, et non davantage. La productivité québécoise a décliné entre 1997 et 2005, selon une autre étude de Statistiques Canada.

Une partie du problème réside dans le fait que 44% des Québécois sont titulaires d’un emploi stable, à l’année, comparativement à 57% des Ontariens. Mais il y a plus. Les patrons québécois se sont habitués au fait qu’à chaque jour, un nombre disproportionné de leurs employés ne se présentera pas au travail pour cause de maladie, comparativement aux autres provinces. Les employés à temps plein du Québec ont manqué en moyenne 11,2 jours de travail en 2005, selon Statistiques Canada, comparativement avec les travailleurs apparemment plus en santé de l’Ontario qui n’ont manqué en moyenne que 8,6 jours de travail. Néanmoins, les employés québécois du secteur privé travaillent comme des forcenés si on les compare à leurs collègues de la fonction publique. Un document du Conseil du Trésor obtenu par le Journal de Montréal révèle que les fonctionnaires de la province on manqué 14,14 jours de travail en moyenne pour cause de maladie en 2005, le double de la moyenne nationale. Le rapport affirmait également que le gouvernement du Québec a perdu presque 170 millions de dollars dû à l’absentéisme. Et la situation va en empirant. Selon le rapport, les journées de maladie sont en hausse constante depuis cinq ans.

Les Québécois semblent apprécier leurs temps libres plus que les autres Canadiens. Ils regardent davantage la télévision que les résidents de toutes les provinces sauf le Nouveau-Brunswick, selon Statistiques Canada. Et ils dorment plus (un sondage Léger Marketing démontrait que les Québécois dormaient en moyenne 7,3 heures par nuit contrairement à 6,8 heures pour les Ontariens). Un sondage du Journal de Montréal commandé après les commentaires de Bouchard démontrait que 43% des répondants étaient en désaccord avec ses commentaires sur leurs habitudes de travail. Une proportion équivalente affirmait qu’elle aimerait travailler au même rythme tout en gagnant le même salaire. Mois du tiers disait souhaiter travailler plus fort pour gagner davantage. En fait, 8% travailleraient même pour moins d’argent!

La faible productivité, affirment les économistes, est due aux rigides lois du travail et à une fiscalité punitive. En plus d’avoir les plus hauts taux d’imposition, le Québec est la province la plus syndiquée au Canada – un one-two punch qui a enoyé l’économie québécoise au tapis. Alors que les budgets récents ont tenté d’abaisser le niveau des impôts et la dette, la poigne de fer des syndicats semble être inamovible. Après l’élection d’André Boisclair à la tête du Parti Québécois, il a affirmé que le copinage à la Bernard Landry avec les syndicats était terminé. Mais cette semaine, voyant sa popularité en chute libre dans les sondages, il a accepté l’appui de la Fédération des travailleurs du Québec, la plus puissante centrale syndicale de la province. En 2003, quelques mois après sa victoire fracassante, Jean Charest a tenté d’aller de l’avant avec d’importantes réformes, dirigées entre autres vers une réduction de la taille de l’État et une limitation du pouvoir des syndicats. Il fut forcé d’abandonner ces plans à la suite de grèves massives déclenchées par des milliers de travailleurs bloquant les autoroutes, ralentissant le transport en commun et fermant des garderies. « Quand le public a eut vent de ces projets, il s’est opposé aux baisses d’impôts parce que les baisses d’impôts auraient signifié une réduction de la taille de la fonction publique », dit Gendron, l’économiste.

Les investisseurs étrangers prennent des notes. Aujourd’hui, la part québécoise des investissements étrangers et domestiques au Canada est sous la barre des 18%, selon les économistes, une proportion étonnement basse si on tient compte du poids démographique important de la province et de sa forte réputation dans le domaine de la recherche et du développement. L’automne dernier, le CAI Global Group, une firme de consultants à Montréal, a sondé la perception des entreprises multinationales opérant au Québec, donnant suite à un coup de sonde qu’il avait effectué en 1994. À cette époque, lorsqu’on leur demandait si la province devenait plus globalement compétitive, 70% avaient répondu oui. En 2006, ce pourcentage a chuté à seulement 33%.

Une des inquiétudes majeures pour le Québec est le nombre constant de jeunes gens quittant la province pour aller travailler ailleurs. « Les Québécois votent avec leurs pieds », dit Clemens, de l’Institut Fraser. Entre 1981 et 2005, la province était la seule à se retrouver du côté négatif de la migration interprovinciale nette à chaque année. Même Terre-Neuve, reconnue pour exporter ces jeunes gens vers tous les grands centres économiques, s’est parfois retrouvé du côté positif dans les années 80. Le Québec n’est pas seul à voir un flot de travailleurs fuyant l’est pour profiter du boom de l’ouest. Mais en bout de ligne, le poids démographique du Québec au sein de la population nationale canadienne a chuté à 24,1% en 2001 de 27,9% il y a trente ans.

Il n’y a pas que les Québécois qui soient devenus nonchalants et indifférents avec le malaise profond qui afflige leur province. Le reste du Canada également. Les rumeurs d’un autre important transfert n’ont pas déchainé l’indignation des Canadiens de l’ouest comme par le passé. « L’inquiétude est qu’à mesure que le Québec affirme son statut national, nous verrons de nouvelles demandes pour que le Canada finance ses aspirations », dit Roger Gibbins, directeur du Canada West Foundation, un think-tank de Calgary. « Mais je ne crois pas qu’il y ait beaucoup d’indignation dans l’ouest en raison de l’extraordinaire prospérité en vigueur dans la région. L’animosité ne se rend pas aussi profondément dans nos portefeuilles ». Gibbins dénote également que les Canadiens de l’ouest adopte une vision pragmatique des actions du gouvernement conservateur au Québec. Certes, il est possible que d’importantes sommes d’argent soient nécessaires à Harper pour consolider ses appuis au Québec mais c’est mieux que l’alternative – un retour au gaspillage des libéraux. Beaucoup, bien sûr, dépendra de la situation des provinces de l’ouest suivant les projets d’Ottawa de revoir le système fédéral de péréquation. Une plus grande autonomie en matière de dépenses permettra à l’Alberta d’atténuer son exaspération devant ce nouveau don au Québec.

Quoiqu’une reprisé économique puisse alléger les inquiétudes pendant un certain temps, le Québec devra tôt ou tard confronter les problèmes engendrés par ses largesses et ses dépenses. Il y a quelques signes annonciateurs que les Québécois, grâce à des gens comme Bouchard et Dubuc, commencent à le réaliser. Considérez la récente montée de la conservatrice ADQ, qui attire le vote de la classe moyenne banlieusarde, plus encline à se soucier de la qualité des hôpitaux et des écoles que d’un autre référendum. « La population croit au PQ de moins en moins », dit Julien, le producteur du film. « Nous savons que le Québec va de plus en plus mal économiquement. Et si nous recevons des paiements de transferts, ce n’est certainement pas nous qui enrichissons le reste du Canada ». Néanmoins, peu nombreux sont ceux qui espèrent voir le gagnant de la prochaine élection y aller d’une réingéniérie en profondeur de l’économie québécoise, spécialement en considérant l’apparente disposition du gouvernement fédéral à faire déferler des billets verts dans la province. Les problèmes du Québec resteront probablement encore longtemps les problèmes du Canada.

20070315

La bureaucratie qui tue

Michel C. Auger raconte:

Voici les faits : le 17 juin 2004, le directeur de l’entretien de Transport Québec envoie une demande d’aide parce qu’il a constaté sur le pont du boulevard de la Concorde.

Le 15 juillet 2004, un mois plus tard, le pont est inspecté pour faire suite à cette demande. L’une des choses que notent les ingénieurs qui ont vu l’ouvrage est que l’assise est du pont «ne peut être inspectée convenablement». Mais, dans une note de mars 2005, on recommande d’«attendre l’apparition de dommages plus importants» avant de procéder à des travaux.

La sous-ministre des Transports affirme aujourd’hui que ce qui a été remarqué en 2004 ne permettait pas d’anticiper ou de corriger les défauts du viaduc pour éviter la tragédie de l’an dernier. Soit.

Mais elle ne peut affirmer que si on avait fait des travaux en 2004 ou 2005, on aurait pu trouver les défauts qui ont causé la tragédie.

[...] en voyant la réponse de la bureaucratie quand quelqu’un constate une dégradation importante d’une pièce d’infrastructure majeure, on peut se demander si cette réponse est adéquate. S’il n’y a pas un problème systémique beaucoup plus grave qui serait en cause?


Pour quelqu'un qui dit suivre la politique depuis vingt ans, la perspicacité a mis du temps à le rejoindre...

Malheureusement, l'inertie de la bureaucratie gouvernementale québécoise ne se limite pas au secteur des transports ou de l'infrastructure. La fonction publique se doit d'être dégraissée à l'acide muriatique et nettoyée au Karcher.

Ce qui est curieux avec Michel C. Auger, c'est qu'il tente par tous les moyens depuis deux semaines de discréditer point par point le programme électoral de l'ADQ alors que c'est le seul parti qui propose d'alléger un tant soit peu et de rendre plus efficiente la bureaucratie grasse et sclérosée qui est inhérente au système disfonctionnel qu'il dénonce.

Imaginez deux secondes le tollé que ça aurait soulevé si la réfection du secteur routier était confiée non pas au public mais bien à l'entreprise privée et qu'un cadre d'une telle entreprise avait suggéré d'attendre plus de dommages avant d'effectuer les réparations nécessaires, ce laxisme causant éventuellement un accident fatal. L'entreprise aurait été poursuivie, mise en faillite et les responsables de la tragédie jetés en prison pour négligence criminelle de façon à ce qu'une telle chose ne se reproduise jamais.

Mais comme l'entretien des viaducs découle du secteur public, on déclenche une onéreuse commission d'enquête qui ne blâmera ultimement personne et qui recommendera grosso modo de faire attention la prochaine fois.