20070315

La bureaucratie qui tue

Michel C. Auger raconte:

Voici les faits : le 17 juin 2004, le directeur de l’entretien de Transport Québec envoie une demande d’aide parce qu’il a constaté sur le pont du boulevard de la Concorde.

Le 15 juillet 2004, un mois plus tard, le pont est inspecté pour faire suite à cette demande. L’une des choses que notent les ingénieurs qui ont vu l’ouvrage est que l’assise est du pont «ne peut être inspectée convenablement». Mais, dans une note de mars 2005, on recommande d’«attendre l’apparition de dommages plus importants» avant de procéder à des travaux.

La sous-ministre des Transports affirme aujourd’hui que ce qui a été remarqué en 2004 ne permettait pas d’anticiper ou de corriger les défauts du viaduc pour éviter la tragédie de l’an dernier. Soit.

Mais elle ne peut affirmer que si on avait fait des travaux en 2004 ou 2005, on aurait pu trouver les défauts qui ont causé la tragédie.

[...] en voyant la réponse de la bureaucratie quand quelqu’un constate une dégradation importante d’une pièce d’infrastructure majeure, on peut se demander si cette réponse est adéquate. S’il n’y a pas un problème systémique beaucoup plus grave qui serait en cause?


Pour quelqu'un qui dit suivre la politique depuis vingt ans, la perspicacité a mis du temps à le rejoindre...

Malheureusement, l'inertie de la bureaucratie gouvernementale québécoise ne se limite pas au secteur des transports ou de l'infrastructure. La fonction publique se doit d'être dégraissée à l'acide muriatique et nettoyée au Karcher.

Ce qui est curieux avec Michel C. Auger, c'est qu'il tente par tous les moyens depuis deux semaines de discréditer point par point le programme électoral de l'ADQ alors que c'est le seul parti qui propose d'alléger un tant soit peu et de rendre plus efficiente la bureaucratie grasse et sclérosée qui est inhérente au système disfonctionnel qu'il dénonce.

Imaginez deux secondes le tollé que ça aurait soulevé si la réfection du secteur routier était confiée non pas au public mais bien à l'entreprise privée et qu'un cadre d'une telle entreprise avait suggéré d'attendre plus de dommages avant d'effectuer les réparations nécessaires, ce laxisme causant éventuellement un accident fatal. L'entreprise aurait été poursuivie, mise en faillite et les responsables de la tragédie jetés en prison pour négligence criminelle de façon à ce qu'une telle chose ne se reproduise jamais.

Mais comme l'entretien des viaducs découle du secteur public, on déclenche une onéreuse commission d'enquête qui ne blâmera ultimement personne et qui recommendera grosso modo de faire attention la prochaine fois.

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