20070317

Une coalition PLQ-ADQ?

Cet après midi, un lecteur m'a fait part de son désir de voir se former une coalition ministérielle entre le PLQ et l'ADQ advenant l'élection d'un gouvernement minoritaire péquiste. Les chances de voir une telle chose se réaliser me paraissent très minces.

D'abord, des gouvernements de coalition tel qu'on en voit une panoplie en Europe, ne font pas du tout partie de la culture politique canadienne, à la base très adverseriale. À ma connaissance, il faut remonter à la Première Guerre mondiale pour retrouver une telle alliance et il s'agissait de circonstances exceptionnelles où le Premier ministre conservateur Robert Borden avait gouverné quelque temps avec l'appui explicite d'une majorité de libéraux.

Si le Parti Québécois parvenanait à faire élire un gouvernement minoritaire, ce dernier ne vivrait sans doute pas très longtemps. Boisclair ne semble pas être très enclin à compromettre quoi que ce soit à qui que ce soit et dans une telle situation, il serait forcé de le faire et avec le parti le plus idéologiquement éloigné du sien, par dessus le marché.

Si une telle chose arrivait, c'est-à-dire l'élection d'un gouvernement minoritaire péquiste, Boisclair devrait d'abord et avant tout s'assurer la confiance de l'Assemblée nationale et c'est à partir de ce point que la situation devient plus qu'intéressante.

En effet, comme le PQ devrait s'assurer de l'appui de la chambre pour gouverner et que l'opposition officielle, dans ce scénario le Parti libéral, vote par tradition contre le gouvernement, Boisclair devrait tenter d'obtenir l'aval de l'ADQ.

Hors, pour ce faire, Boisclair devrait accepter de faire certains compromis, tel promettre à Dumont d'inclure l'une ou l'autre des mesures adéquistes à son agenda. Le problème, c'est qu'au cours de la dernière décennie, le PQ a essentiellement perdu la totalité de son aile droite nationaliste au profit de l'ADQ et du Parti libéral. Ce qui reste donc au PQ, du moins sa base la plus solide, est soit très indépendantiste et/ou très à gauche. L'inclusion même très partielle de mesures de l'ADQ, considérée par la base pékwiste comme l'incarnation du capitalisme violeur de bébés, lui aliénerait sans doute davantage d'électeurs qui pourraient alors se tourner vers Québec Solidaire ou un autre truc du genre en vue du prochain scrutin. Il serait donc peut-être plus sage pour lui, à moins que son parti ne l'ait déjà lynché arrivé à ce point, de choisir de laisser Jean Charest gouverner avec l'appui implicite de Mario Dumont, en espérant une catastrophe prochaine.

Le jugement n'étant pas la force de ce cher Dédé. Admettons qu'il tente un moment de gouverner seul (Joe Clark, 1979) comme s'il était majoritaire et que son gouvernement perde un vote de confiance, notre très inutile lieutenantE-gouverneurE pourrait alors choisir de demander au chef de l'opposition officielle, en l'ocurrence Johnny Boy, s'il peut, lui, obtenir la confiance de la chambre plutôt que d'y aller d'une dissolution si tôt après une élection.

Et voilà donc le scénario le plus plausible: une entente tacite entre les libéraux et l'ADQ, selon laquelle cette dernière accepterait de maintenir les premiers au pouvoir en échange de l'inclusion de quelques mesures adéquistes à l'ordre du jour gouvernemental. Le programme adéquiste étant essentiellement celui que Jean Charest aurait réaliser à partir de 2003 s'il avait eu ne serait-ce qu'un once de courage, en venir à une entente devrait être chose facile.

Sinon, on pourrait bien se voir replongés en campagne électorale avant longtemps et si on se base sur celle-ci, par-dessus le suspense, Zzzzzzzzzzzzzzzzzzz...

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